| * Dans l'article "HUMORISTE,, subst. et adj." HUMORISTE, subst. et adj. I. − MÉD. ANC. (Celui, celle) qui est partisan de l'humorisme. Médecin humoriste, la doctrine des humoristes (Ac. 1798-1878). Cf. galéniste, s.v. galénique. II. − Vieux A. − (Celui, celle) qui est souvent sujet à l'humeur (v. ce mot II E). Ma disposition est mauvaise, lâche, humoriste; je suis ennuyé de tout (Maine de Biran, Journal,1817, p. 4).Se faire mélancolique avec les humoristes, gaie avec les insouciants, politique avec les ambitieux, écouter avec une apparente admiration les bavards (Balzac, Langeais,1834, p. 260) : 1. ... les parades, les marionnettes, le mouvement de quatre théâtres et de cent huit cafés éclairés comme des salles de bal, on aura l'idée du spectacle que présentent les boulevards, et l'on ne sera pas de l'avis des humoristes qui proposent d'en bannir tant d'objets divers qui en font le charme...
Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 285. B. − (Celui, celle) qui se laisse guider par son humeur (v. ce mot II D). Plus un peuple est humoriste, plus il est vif et brusque, plus il a d'accent. Son accent annonce en quoi il est peu contenu. Les courtisans, habitués à se contraindre, n'ont point d'accent (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 377). III. − Usuel. (Celui, celle) qui a de l'humour, qui le pratique. Et tout cela, je te le dis encore, en ajoutant que Dickens, grand romancier et grand humoriste, m'a séduit par sa sensibilité, mais surtout par son art étonnant (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 85).Il [Richter, dit Jean-Paul] se mit à écrire des œuvres satiriques à la manière des humoristes anglais; jugulant le lyrisme sentimental de son adolescence, il espérait à la fois se venger d'une humanité implacable et venir en aide à sa famille (Béguin, Âme romant.,1939, p. 178).D'ailleurs, on sait que les juges et les avocats ne dédaignent pas d'émailler leurs interventions de bons mots. Il en est qui se sont acquis une solide réputation d'humoristes (Jeux et sports,1967, p. 761) : 2. Pour la bien mettre en évidence [la distinction entre paire et couple], un professeur humoriste a coutume d'utiliser un veston et une chemise : la paire tient dans sa valise, et ne dépend pas d'un ordre quelconque. Le couple, au contraire, s'utilise le matin, au moment de l'habillage : personne ne soutiendra, en effet, qu'il est équivalent d'endosser la chemise avant le veston ou d'opérer en sens inverse!
Warusfel, Math. mod.,1969, p. 52. − P. ext., adj. [En parlant d'un phénomène naturel, physique ou psychol.] Qui est empreint d'humour. La dame inconnue que vous appelez la nature fait de même; probablement elle est humoriste; seulement, quand, à grand renfort d'étrivières, nous avons bien rempli nos rôles et qu'elle a ri largement de nos grimaces, elle nous envoie à la charcuterie et au saloir (Taine, Notes Paris,1867, p. x).Un destin humoriste l'ayant fait naître [Benda] dans le même temps et au plein de la gloire du philosophe de la durée et du changement, il lui a consacré sous le titre de Bergsonisme un mélange curieux de dialectique glacée et de haine brûlante (Arts et litt.,1936, p. 38-13). REM. 1. Humoreux, -euse, adj.,hapax, synon. de humoriste II A.Ah! ce bon Alexis, quel gros enfant du Midi, grognon, noirement humoreux, disputailleur sans trêve ni repos et si emmerdant que je prends parti pour Koning contre mon collaborateur! (Goncourt, Journal,1892, p. 332). 2. Humorifique, adj.,hapax, synon. de humoriste II A.− Descendu chez G. Pas content de lui, hargneux, humorifique, égoïste, de fait, mais de disposition (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 255). 3. Humouriste, adj.,vx, synon. de humoriste III.Quelle que soit l'abondance de saillies de l'écrivain humouriste, son ironie prolongée, dans l'absence de toute passion, ne saurait défrayer un volume et n'y sauve pas la froideur (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 2, 1846-69, p. 523). Prononc. et Orth. : [ymɔ
ʀist]. Att. ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist. I. 1578 « homme sujet à des sautes d'humeur, capricieux, personne de caractère difficile » (H. Estienne, Dial. du lang. fr. ital., I, 287 ds Hug.), d'où spéc. 1785 « commentateur malveillant, personnage ombrageux » (Beaumarchais, Mariage de Figaro, préf.). II. 1752 « médecin partisan des théories de Galien sur les humeurs » (Trév. Suppl.). III. [1793] 1795 (Snetlage, Nouv. Dict. fr., s.v. humoriste, d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit., t. 23, 2epart., p. 35 : cet adjectif se trouve déjà effectivement dans le Dictionnaire de de la Veaux, mais seulement dans le Sens borné de launisch [d'humeur chagrine, ombrageuse]. Le Dictionnaire le plus recens, celui de Strasbourg de 1793, qui rend le mieux l'acception, qu'on donne aujourd'hui aux mots en France, ajoute expressement la signification de launigt, oder Laune habend [enjoué, ayant de la bonne humeur]. On dit aujourd'hui : un homme humoriste. Un trait humoriste. Un ouvrage rempli de traits et de pensées humoristes. Des saillies humoristes); 1842 subst. (Ch. Lamb ds Revue des Deux Mondes, 15 novembre ds Mack. t. 1, p. 207). I empr. à l'ital. (h)umorista « fantasque, capricieux » désignant notamment les membres d'une académie d'artistes (Academia degli Umoristi, cf. DEI et Wind, p. 86), terme dér. du correspondant ital. du fr. humeur. II empr. au lat. sav. humorista, du médecin flamand Van Helmont (1577-1644), dér. du lat. humor (cf. Trév.). III empr. à l'angl. humorist prob. empr. lui-même à I et attesté dès 1599 au sens de « personne facétieuse, enjouée, ayant le sens du comique » (NED). Fréq. abs. littér. : 49. Bbg. Bonn. 1920, p. 75. - Hope 1971, pp. 201-202. - Quem. DDL t. 1; 13 (s.v. humouriste). |