| * Dans l'article "HUGUENOT, -OTE,, subst. et adj." HUGUENOT, -OTE, subst. et adj. A. − 1. Subst. et adj., vieilli. Protestant calviniste. Sous Marie Tudor, on (...) brûla, entre autres huguenots, une mère et ses deux filles; cette mère s'appelait Perrotine Massy. Une des filles était grosse. Elle accoucha dans la braise du bûcher (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 60) : 1. De toutes les violences exercées à la fin du règne de Louis XIV, on ne se souvient guère que des dragonnades, des persécutions contre les huguenots qu'on tourmentait en France et qu'on y retenait par force, des lettres de cachet prodiguées contre Port-Royal, les jansénistes, le molinisme et le quiétisme.
Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 133. − Emploi adj. Le parti huguenot; Henri IV, le roi huguenot. Un homme gardait son chapeau sur sa tête devant une procession, attitude huguenote; on l'envoyait aux galères (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 694).Une grosse bible du xviesiècle, relique vénérable d'ancêtres huguenots persécutés pour leur foi (Loti, Rom. enf.,1890, p. 100) : 2. C'est la vieille cité huguenote [La Rochelle], grave, discrète, sans aucun de ces admirables monuments qui font Rouen si magnifique, mais remarquable par toute sa physionomie sévère, un peu sournoise aussi, une cité de batailleurs obstinés, où doivent éclore les fanatismes, la ville où s'exalta la foi des calvinistes et où naquit le complot des quatre sergents.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 717. ♦
Œufs à la huguenote (vieilli).
Œufs cuits dans du jus de mouton. (Dict. xixeet xxes.). 2. P. ext., fam. Protestant (en général). Sur quatre [garçons], deux sont bigots, comme elle [la mère], et, par surcroît, de deux bigoteries ennemies. L'un est toujours fourré parmi les jupons noirs, les curés, les cafards; et l'autre est huguenot (Rolland, C. Breugnon,1919, p. 20). − Emploi adj. Le grave enseignement huguenot de ma mère s'était, avec sa belle image, lentement effacé en mon cœur (Gide, Immor.,1902, p. 373). ♦ Croix huguenote. V. croix II B 2. Rem. On rencontre un emploi au fig. ou p. métaph. connotant l'austérité, la rigueur. La conscience morale de Zénon, huguenot antique (Maurras, Chemin Paradis, 1894, p. XXVI). Emploi adj. Il s'était fait moins huguenot, c'est-à-dire moins austère en ses habits que de coutume (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 152). B. − Subst. fém. Marmite de terre ou de fer sans pieds ou à pieds très courts, munie d'un couvercle. Une vieille femme tranquille, qui tricotait toujours, faisait, sans bouger de sa chaise, notre festin dans une huguenote (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 261). REM. 1. Huguenoterie, subst. fém.,hapax. Toujours elle tint bon et se préserva de cette manie de huguenoterie, qui, en effet, à cette date de 1561, était à la Cour une vanité, une mode française et mondaine (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 184). 2. Huguenotisme, subst. masc.,hapax. Carrasco ne comprend que le huguenotisme espagnol : tout autre lui échappe (Jammes, Corresp. [avec MmeA. Gide], 1900, p. 161). Prononc. et Orth. : [ygno] init. asp., fém. [-gnɔt]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. 1. 1552 subst. masc. « calviniste » (Pasquier, Recherches de la France, p. 1069 ds W. Richard, 1959, p. 49); 2. Av. 1570 adj. (Castelnau, Mémoires, éd. de 1659, t. 1, p. 155); 1572 à la huguenotte « à la manière des huguenots » (Danjou et Cimber, Archives curieuses, VII, 255). B. 1660 subst. fém. « petite marmite de terre sans pied » (Oudin Fr.-Esp.). Empr. au genevoiseyguenot « confédéré genevois adversaire du duc de Savoie » (1519 aguynos ds W. Richard, loc. cit.; 1520 eyguenot, ibid.), lui-même empr. au suisse alémanique Eidgnosse(n) « confédéré(s) »; cf. m. h. all. eitgenôz « id. » (d'où en 1483 le fr. esguenotz « espèce de soldats » ds FEW t. 15, 2, p. 84a); dès 1315 comme terme officiel pour désigner les membres de la Confédération suisse (cf. Duden Étymol., s.v. Eid). Désignant d'abord les partisans du parti politique qui luttait contre les tentatives d'annexion du duc de Savoie, eyguenot devint par la suite (et ce jusqu'au xviiies.), un terme de mépris sous lequel les catholiques désignaient les Réformés (la majorité des confédérés étant aussi favorable à la Réforme) et se répandit alors dans les parlers de la Suisse romande ainsi que dans les régions françaises limitrophes. La forme huguenot qui apparaît dès la 2emoitié du xvies., semble être née en Touraine, où, comme en témoignent les historiens contemp., la population entendant parler des eyguenots sans en connaître le sens, rattacha ce mot à un certain roi Hugon qui aurait joui d'une grande popularité auprès des Réformés de Tours (cf. W. Richard, 1959, pp. 46-48). Le sens C vient de ce que les Huguenots se servaient de cette marmite pour faire cuire leurs viandes, en cachette, les jours de jeûne (cf. Trév. 1704). Cf. FEW t. 15, 2, pp. 85b-86a. Fréq. abs. littér. Huguenot : 116. Huguenote : 27. Bbg. Colomb. 1952/53, p. 93, 120; pp. 364-366. - Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania, 1925, t. 51, p. 40. - Naef (H.). Huguenot ou le procès d'un mot. Bibl. d'Human. et de Renaissance. 1950, t. 12, pp. 208-227. - Nyrop (K.). Hist. d'un terme de dénigrement : huguenot. In : N. (K.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, pp. 218-229. - Richard (W.) 1959, pp. 41-52. |