| HUE, mot inv. [S'emploie pour stimuler, faire avancer un cheval de trait, le faire tourner à droite (dans cet emploi, on dit plutôt huhau, cf. infra rem.)] Hue, la blonde! − ajouta le cocher, en allongeant un coup de fouet à sa rosse (Murger, Scènes vie jeunesse,1851, p. 169).Le vieux cheval blanc se mit à trottiner d'un train si doux qu'il semblait danser sur place, sourd à la voix qui criait parfois du fond de la voiture : « Hue donc, Cocotte. Hue donc, Cocotte. » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 163).♦ Loc. adv. À hue et à dia*. ♦ P. anal. [S'emploie pour stimuler, faire avancer une personne considérée, par dérision, comme un animal] Oui! le temps règne; il a repris sa brutale dictature. Et il me pousse, comme si j'étais un bœuf, avec son double aiguillon. − « Et hue donc! bourrique! sue donc, esclave! vis donc, damné! » (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 28).Tout le monde y est? hue! dit le caporal. On dévale, on roule. On va vers l'avant, on ne sait pas où (Barbusse, Feu,1916, p. 332). − Emploi subst. Cri poussé par une personne pour faire avancer un cheval. Ils entendirent dans la cour les hue! dia! du petit-fils de Cadette qui attelait (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 194). REM. Huhau, mot inv.[S'emploie pour faire aller un cheval de trait vers la droite] Anton. dia.Les chevaux piétinent, (...) De rauques voix (...) retentissent, Criant dia, criant huhau (Pommier, Paris,1866, p. 219).Emploi subst., au fig. La banqueroute de Beyle et la fortune posthume de Stendhal procèdent de ce huhau et de ce dia (R. Judrin, Moralités littér., Paris, Gallimard, 1966, p. 179). Prononc. et Orth. : [y] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Ca 1180 Hue « ouf » [d'apr. l'éd.] peut-être « hue » (Hue de Rotelande, Ipomodon, éd. A. J. Holden, 4988) 1. 1680 « cri des charretiers pour faire avancer les chevaux » (Rich.); 2. 1835 l'un tire à hue et l'autre à dia « dans des directions opposées » (Ac. [1721 il n'entend ni a huhe ni a dia « on ne saurait lui faire entendre raison » Trév., s.v. dia]). Var. de l'onomat. hu utilisée − comme interj. soit pour effrayer, ca 1165 (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2574), soit pour donner un avertissement, 1176-81 (Id., Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 5125), ou traduire le dédain, 2equart xiiies. [ms.] (Id., Perceval, var. ms. A, 5955, éd. F. Lecoy, t. II, Appendice, p. 116); attesté comme subst. au sens de « clameur confuse, bruit » dès ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2064 : le hu e le cri) − comme cri des charretiers pour faire avancer les chevaux 1653 dia, hu (R. Hémard, Les Restes de la guerre d'Estampes, 95 [Willem, 1881] ds Quem. DDL t. 7); v. aussi H. Espe, Die Interjektionen im Altfranzösischen, Berlin, 1908, pp. 23-24. Fréq. abs. littér. : 92. |