| HORRIFIER, verbe trans. A. − [Le compl. désigne un animé, ou p. méton., un de ses attributs] Frapper, remplir d'horreur, d'effroi. Synon. épouvanter (v. ce mot A), terrifier.Atrocité, inhumanité qui horrifie qqn. Je la vois pour la seconde fois et sa beauté a quelque chose qui m'horrifie (...) l'amour qu'on lui porte m'a toujours semblé un amour de nécrophile (Green, Journal,1939, p. 202).La démocratie horrifiait partout la bourgeoisie (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 614). − [P. allus. littér. aux Pensées de Pascal] Heureusement, car mon âme, horrifiée d'infini, a maintenant ses pores, hélas! désagrégés, remplis de la douce essence (Mallarmé, Corresp.,1868, p. 269). B. − P. ext. et p. exagér., gén. au passif. Remplir d'indignation et de stupeur. Synon. choquer, scandaliser.Tout ce débraillé judéo-latin (extérieur) qui horrifie et fascine le décent nordique (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1507).On est horrifié par l'aspect rébarbatif et incompréhensible, pour les non initiés, des communications (Marin, Ét. ethn.,1954, p. 7) : Le médecin hollandais (...) a conservé la collection complète des articles se rapportant à ce scandale sans précédent dans une île où, jusqu'à ce jour, on laissait chacun vivre comme il lui plaisait. Des missionnaires horrifiés ont fait du raffut...
Gide, Carnets Égypte,1939, p. 1059. C. − Littér., rare. Rendre horrible. Le poète mêle sinistrement la nature à ses tableaux pour les agrandir et les « horrifier » (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 278).Les mufles de lions qui horrifient sa façade (A. France, Pt Pierre,1918, p. 50).Le maréchal horrifiait son visage d'une terrible patte de lièvre et de moustaches martiales (A. France, Vie fleur,1922, p. 323). − Emploi pronom. En wagon même, où la hideur des visages de spectres s'horrifie la nuit à la clarté des lampes, les mêmes profils d'animaux se dégagent lentement des faces entrevues (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 168). REM. Horrification, subst. fém.,rare. Action d'horrifier, fait d'être horrifié. (Ds Rob. Suppl. 1970). L'admiration, le charme et (...) quelle belle et bonne (c'est ici le cas) horrification (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 280). Prononc. : [ɔ
ʀifje], (il) horrifie [ɔ
ʀifi]. [ɔ
ʀ
ʀi-] affectif. Homon. aurifier. Étymol. et Hist. 1868 (Mallarmé, loc. cit.). Empr. au lat. class.horrificare « hérisser; épouvanter, causer de l'effroi ». Fréq. abs. littér. : 10. |