| * Dans l'article "HORIZON,, subst. masc." HORIZON, subst. masc. A. − [Dans une perception et une représentation de l'espace, horizon désigne une ligne] 1. a) Ligne circulaire où la terre et le ciel semblent se rejoindre et qui limite le champ visuel d'une personne en un lieu ne présentant pas d'obstacle à la vue. La calèche sortit du bois. L'avenue de l'impératrice s'allongeait toute droite dans le crépuscule, avec les deux lignes vertes de ses barrières de bois peint, qui allaient se toucher à l'horizon (Zola, Curée,1872, p. 329).Regarde (...) le cercle d'horizon proche, fondre et reculer peu à peu (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 67) : 1. Il n'y a point d'horizon. Cette ligne coupante entre le ciel et l'eau, jamais le marin ne la trouve, ni ne la trouvera. Cette ligne sinueuse des bois et des montagnes, et cette brume richement colorée, allez-y voir; c'est partout comme ici, troncs, feuilles, sentiers, rochers.
Alain, Propos,1933, p. 1168. ♦ Ligne d'horizon. Ligne circulaire où le ciel et la terre semblent se rejoindre. Ce que l'enfant voit au réveil, de son lit : au lieu de la ligne d'horizon divisant la fenêtre en une moitié de terre et une moitié de ciel, une fenêtre toute remplie par la montagne (Larbaud, Journal,1934, p. 321).DESSIN. Ligne (idéale ou correspondant à la ligne d'horizon au sens supra) résultant de la projection sur un support du plan horizontal passant à la hauteur des yeux du dessinateur et sur laquelle est situé le (ou les) point(s) de fuite des lignes horizontales, dans le dessin perspectif. L'on doit préluder aux opérations de perspective en établissant trois lignes. La première est (...) la ligne de terre, (...) la seconde est la ligne d'horizon, qui est toujours à la hauteur de l'œil, (...) la troisième est une ligne verticale qui coupe à angle droit les deux premières (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 506). − [Construit avec un compl. prép. de] . Ligne qui semble être la limite d'un élément de paysage et qui coïncide avec la ligne d'horizon. C'est Albertine que je retrouve, la même que celle qui s'arrêtait souvent, au milieu de ses amies, (...) dépassant l'horizon de la mer (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 846). − En partic. [L'horizon sert de repère pour situer un objet céleste ou terrestre dans l'espace] Le soleil, la lune est haut, bas, descend sur l'horizon. Une grande muraille de nuée (...) montait lentement de l'horizon vers le zénith (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 350).Les voiles paraissent ou disparaissent sur l'horizon; un souffle du ciel les balaye (Barrès, Jard. Oronte,1922, p. 131). ♦ À l'horizon. Synon. de au loin, dans le lointain.Qqc. apparaît, disparaît, point, se perd à l'horizon; apercevoir qqc. à l'horizon. Il n'y a rien de si redoutable en mer qu'un petit point noir à l'horizon (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 223).P. ext. Synon. de en vue.Elle m'a glissé entre les doigts au moment du départ. Et pas un ancien copain à l'horizon, qu'est-ce que vous auriez voulu que je fasse? (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 983).Dans une halte sibérienne un écrivain fait les cent pas en attendant le train. Pas une masure à l'horizon, pas une âme en vie (Sartre, Mots,1964, p. 159). ♦ Sous, au-dessous de l'horizon. On voyoit les rayons obliques du soleil, déjà descendu sous l'horizon, se jouer dans les nuages du couchant (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 229).Trois heures après, tout ce qui était l'île Lincoln avait disparu au-dessous de l'horizon (Verne, Île myst.,1874, p. 338). ♦ Aux, des quatre coins de l'horizon. Dans toutes les directions, de partout. L'illustre Tartarin jetait aux quatre coins de l'horizon, sur la mer, sur la ville, sur la plaine, sur la montagne, sa joyeuse malédiction tarasconnaise (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 130).Le cri de ralliement lui sortait de la gorge et faisait rappliquer des quatre coins de l'horizon les commères éperdues (Pergaud, De Goupil,1910, p. 186). b) Au sing. ou au plur. Point, portion de l'horizon repéré par rapport à un observateur ou aux points cardinaux. D'un horizon à l'autre; les quatre horizons (vieilli). J'ai vu le soleil suspendu aux portes du couchant (...). La lune, à l'horizon opposé, montoit comme une lampe d'argent dans l'orient d'azur (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 287) : 2. ... le soleil se lève à l'horizon est, puis il monte peu à peu dans le ciel, il atteint sa plus grande hauteur au sud, enfin il s'abaisse vers l'horizon ouest où il se couche.
Danjon, Cosmogr.,1948, p. 39. 2. Limite du champ visuel d'une personne en un lieu et/ou limite du paysage terrestre, apportée par un élément de ce paysage. Avec ses hauts clochers, sa bastille obscurcie, Posée au bord du ciel comme une longue scie, La ville aux mille toits découpe l'horizon (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 787).Son cabinet lui parut étroit; un horizon trop proche aveuglait la fenêtre (Martin du G., Devenir,1909, p. 98) : 3. À une distance qui paraissait à l'œil infinie, la vallée en s'élargissant venait percer le revers d'une ligne de falaises qui dessinait l'horizon, et par cette échancrure triangulaire on apercevait une anse marine ourlée d'écume, et bordée de grèves blanches et désertes.
Gracq, Argol,1938, p. 30. ♦ Ligne d'horizon. Ligne constituée par les éléments du paysage terrestre et qui se détache sur le ciel. Toute la chaîne des montagnes de Galilée (...) ondule gracieusement à l'horizon (...). C'est la plus belle ligne d'horizon qui ait encore frappé mes regards (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 380). 3. ASTRONOMIE a) Vieilli. Cercle idéal dans un plan perpendiculaire à la verticale d'un lieu, divisant la sphère céleste en deux parties, l'une visible l'autre invisible. (Dict. xixeet xxes.). b) Horizon astronomique, p. ell., horizon. Cercle idéal dans le plan perpendiculaire à la verticale du lieu où se trouve l'observateur (et ses instruments d'observation), servant d'élément de référence du système des coordonnées horizontales pour le repérage des astres sur la sphère céleste. Hauteur d'un astre sur l'horizon. Pour étudier le mouvement des astres, il faut d'abord déterminer leur position par rapport à des repères fixés par l'observateur. C'est la seule possibilité qu'offrent nos instruments. Ils repèrent les directions par rapport à l'horizon ou à la verticale. Cela définit les coordonnées locales ou coordonnées horizontales (azimut et distance zénithale) (Encyclop. univ.t. 21968, p. 680b). − P. méton. Horizon (artificiel). Dispositif comprenant une surface horizontale (bain de mercure ou miroir couplé avec un niveau d'eau) servant à déterminer l'horizon pour prendre la hauteur d'un astre. Horizon gyroscopique : 4. ... la terre s'allongeait en un vaste promontoire dans le Nord, et, s'interposant entre l'observateur et l'horizon vrai, elle rendait l'observation impossible. Dans ce cas, où l'horizon manque, on le remplace par un horizon artificiel. C'est ordinairement une cuvette plate, remplie de mercure, au-dessus de laquelle on opère. Le mercure présente ainsi et de lui-même un miroir parfaitement horizontal.
Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 50. − Horizon apparent, visuel. Cercle idéal correspondant à l'intersection de la terre avec le cône engendré par les rayons visuels (d'un observateur) tangents à la sphère terrestre. ♦ Dépression de l'horizon. Angle du rayon visuel tangent à la sphère terrestre avec l'horizontale. Il ne restait plus qu'à calculer l'angle obtenu [qui séparait alpha de l'horizon], en ramenant l'observation au niveau de la mer, de manière à tenir compte de la dépression de l'horizon (Verne, Île myst.,1874, p. 124). B. − P. méton., au sing. ou au plur. [Horizon désigne une étendue céleste et/ou terrestre] 1. a) Partie du ciel et de la surface terrestre s'étendant à la limite du champ visuel d'un observateur en plein air et/ou voisine de l'horizon, généralement dans une direction donnée. Observer, scruter l'horizon; horizon confus, fuyant, lointain; les lointains horizons (littér.). Les lignes noires des montagnes d'Asie, les horizons bas et vaporeux du golfe de Nicomédie, les crêtes des montagnes de l'Olympe de Brousse (...) apparaissent derrière le sérail (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 379).Salammbô s'avança jusqu'au bord de la terrasse. Ses yeux, un instant, parcoururent l'horizon, puis ils s'abaissèrent sur la ville endormie (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 49) : 5. Un capitaine, debout derrière ses hommes, inspecte l'horizon à la jumelle. Vers la gauche, un coteau : une prairie en pente, sur laquelle un bataillon bleu et rouge s'est déployé en éventail et couché, pareil à un jeu de cartes sur un tapis vert...
Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 751. ♦ [Construit avec un compl. prép. de] Glenarvan le pria d'examiner le sombre horizon de la mer. Pendant quelques minutes, Paganel se livra consciencieusement à cette contemplation. « Eh bien! N'apercevez-vous rien? demanda Glenarvan... » (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 251). − En partic. Partie du ciel et/ou élément du paysage apparaissant comme le fond sur lequel se détachent les éléments du premier plan. Qqc. se découpe sur l'horizon. Les navires, nombreux à ce carrefour d'océans, dessinaient sur l'horizon la géométrie de leurs voilures ou leur paraphe de fumée (Hamp, Champagne,1909, p. 205). ♦ [Construit avec un compl. prép. de] Elle distinguait seulement, sur l'horizon lumineux de Paris, l'angle élargi de la gare, une vaste toiture, noire de la poussière du charbon (Zola, Assommoir,1877, p. 768).Et les banlieues adoptives, humus teigneux, haridelles paissant, bris de vaisselles, tessons, semelles, de profil sur l'horizon des remparts (Laforgue, Complaintes,1885, p. 181). ♦ P. anal., PEINT. Nulle peinture ne mène avec plus de certitude [que la peinture hollandaise] du premier plan au dernier, du cadre aux horizons (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 172). b) En partic.
α) Partie du ciel et de l'espace voisine de l'horizon, généralement en tant que siège de phénomènes atmosphériques. Le temps était couvert et par grains; mais toutes les parties de l'horizon s'éclaircirent successivement, excepté vers le sud (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 171).Temps pénible. Le ciel est blafard, l'horizon bouché. Un vent assez fort soulève des nuages de sable (Gide, Retour Tchad,1928, p. 897). SYNT. L'horizon blanchit, s'obscurcit, pâlit; l'horizon se dégage; horizon bleu, bleuâtre, gris; horizon brumeux, clair, couvert; horizon pur, voilé (poét.); horizons bleutés, dorés, mouillés, vermeils (poét.). − Bleu(-)horizon. Bleu pâle analogue à la teinte bleuâtre du ciel à l'horizon. Il toucha la « tenue de guerre » (...) les vêtements bleu-horizon (Vialar, Éperon arg.,1952, p. 125). ♦ P. ell. Bustier bains de soleil sans épaulettes, toile suisse (...). Coloris (...) sèvres, serin, horizon (Union économique privée,juin 1951). ♦ [Avec une valeur caractérisante] La Chambre dite bleu horizon, malgré sa majorité conservatrice et les efforts de trente royalistes, se laisse imposer les badernes politiciennes de l'Avant-Guerre, un Millerand, un Briand, un Poincaré (L. Daudet, Police pol.,1934, p. 13). Rem. Cette valeur s'explique par une allusion à la couleur des uniformes des militaires français pendant et après la guerre de 1914-1918.
β) Partie d'un paysage voisine de l'horizon. Les horizons boisés s'étendent au loin paisibles, comme pris de sommeil (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 421). ♦ [Construit avec un compl. prép. de] Dans le lointain la vallée découvrait un horizon de collines bleuâtres (Maurois, Ariel,1923, p. 263). 2. [Gén. qualifié par un adj., ou un groupe adj., impliquant une dimension spatiale] Étendue terrestre d'une grande profondeur et/ou ne présentant pas d'obstacle à la vue, qui s'offre aux yeux d'une personne, généralement placée sur un lieu élevé. La limite est indiquée par une haute montagne (...); je voulus aller la gravir pour contempler les horizons que l'on y découvre (Du Camp, Nil,1854, p. 136).Voici le lac avec une toute petite mousse d'arbrisseaux, sur un petit espace de l'un de ses bords dans cet horizon plat, immense, où il n'y a pas un arbre (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 25) : 6. ... le propriétaire (...), souriant, ouvrit le vitrage pour montrer l'étendue de la perspective. Un horizon démesuré s'élargissait de tous les côtés, c'était Triel, Pisse-Fontaine, Chanteloup, toutes les hauteurs de l'Hautie, et la Seine, à perte de vue.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 310. ♦ [Construit avec un compl. prép. de] Il montrait du geste, par la fenêtre ouverte, un horizon de tuyaux, de toits et de perches à télégraphe (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 167). ♦ Au plur., poét. Espace imaginaire. Ces horizons sans bornes, qui s'étendent Plus haut que la pensée et plus loin que les yeux! (Lamart., Harm.,1830, p. 330). − Rare. Portion de l'espace s'étendant sur une grande profondeur et qui est le lieu de phénomènes sonores perçus par une personne en un lieu découvert. On n'entendait plus rien (...). Plus rien jusqu'au fond de l'horizon, strictement plus rien. Le bombardement s'était arrêté (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 54). SYNT. Un immense horizon se déroule, s'étend devant qqn; embrasser un vaste horizon; un, des horizon(s) sans bornes, sans fin, sans limites (littér.); s'étendre jusqu'au(x) bord(s), aux bornes, au bout, aux confins, aux extrémités de l'horizon. 3. Étendue de ce qu'on peut voir d'un lieu. Synon. vue, paysage.Qqc. barre, borne, limite l'horizon. Je n'aime pas un toit pour horizon (E. de Guérin, Journal,1838, p. 168).L'Esterel (...) barre la vue, fermant l'horizon par le joli décor méridional de ses sommets pointus (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Prem. neige, 1883, p. 412) : 7. Les grues hydrauliques tendaient leurs longs bras sur les vapeurs norvégiens chargés de poteaux de sapins pour les mines. Elles élevaient des collines de rondins clôturant l'horizon du port.
Hamp, Champagne,1909, p. 198. − Vieilli. Champ de visibilité d'une personne en plein air. Synon. vue.Ils [les vents] étaient accompagnés d'une brume si épaisse, que notre horizon ne s'étendait guère qu'à une portée de fusil (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 29).Le vaisseau la Reine de Saba revenait tous les huit jours, comme il l'avait promis; mais il jetait l'ancre hors de l'horizon des vigies (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 172). − P. ext., gén. au plur. a) Paysage. Le petit bras [d'une rivière] (...) zigzaguait à gauche, à droite, découvrant sans cesse des horizons nouveaux, de larges prairies d'un côté, et, de l'autre, une colline toute peuplée de chalets (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 324).J'ai gardé à jamais au fond de ma mémoire l'image des horizons qui ont entouré ces promenades [autour de Clermont] (Bourget, Disciple,1889, p. 70). b) Paysage entourant un lieu, caractéristique de ce lieu; ce lieu. Voici bientôt trois mois et demi que je suis à la campagne, sous le toit paternel (...), au centre d'un horizon chéri (M. de Guérin, Journal,1832, p. 143).On ne se lasse pas de ses crépuscules, de ses nuits de lune, de ses forêts habitées de rossignols, de ses ciels (...); ni la nostalgie des horizons lointains, ni la mélancolie du mal du pays, ni l'éternel vagabondage du pèlerin émerveillé ne tombent jamais, de la sphère de l'enchantement, dans la platitude de la redite littéraire (Béguin, Âme romant.,1939, p. 313). ♦ P. métaph. Enfant de soldat, éclos dans le demi-jour d'une arrière-salle de cantine, il avait grandi au soleil, à la bonne franquette, entre les taloches de la maman et les coups de soulier paternels, sans que jamais se développassent devant ses yeux d'autres horizons que les murs des casernes (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., V, p. 55). − Vieilli. Horizon borné. Site où la vue est limitée de toute part. Ils voulaient une campagne qui fût bien la campagne, sans tenir précisément à un site pittoresque, mais un horizon borné les attristait (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 15). C. − Au fig. 1. a) [Gén. au plur.] Cadre géographique, social, culturel limitant les aspirations d'un milieu socio-culturel, d'une personne dans ce milieu. Les horizons étroits d'un milieu social. En vain, pour agrandir ses horizons, pour oublier un peu le cercle et la place du marché, en vain s'entourait-il de baobabs et autres végétations africaines (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 14).Une des manières d'assumer le fait qu'elle [la jeune fille] est mal intégrée à la société, c'est d'en dépasser les horizons bornés (Beauvoir, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 123) : 8. ... personne n'avait changé d'esprit, que Christophe. L'immobilité de la petite ville, son étroitesse d'horizon, lui étaient pénibles. Ses hôtes passèrent une partie de la soirée à l'entretenir de commérages sur le compte de gens qu'il ne connaissait pas.
Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1201. b) Cadre temporel de l'existence d'une personne, dans la dimension du futur. Synon. avenir, futur.L'orgueil a eu sa ration de renommée (...), on s'étonne qu'elles n'aient pas apporté des jouissances plus vives. Dès ce moment, l'horizon se vide, aucun espoir nouveau ne vous appelle là-bas, il ne reste qu'à mourir (Zola,
Œuvre,1886, p. 197).Le mois d'août tout employé au déménagement (...). Mon horizon est tout obstrué par ce roman que j'ai promis à l'Amérique (...). Il me tarde de n'avoir plus devant moi que... moi-même (Gide, Journal,1928, p. 886). c) Littér. [Construit avec un compl. prép. de désignant une faculté ou une représentation humaine] Ce qui, à la limite du champ de conscience, constitue le cadre ou l'objet d'une représentation, d'une visée humaine. Il [l'Astre noir] venait peu dans ce lieu funèbre [le cimetière], trop vital pour aimer sincèrement la mort, bien qu'elle fût l'horizon noir de la plupart de ses conceptions (L. Daudet, Astre noir,1893, p. 99).Tout ce que le choc et le frottement peuvent engendrer à l'ouïe appelle à moi de toutes parts ce désordre de sons et d'images, venus de l'horizon de ma mémoire et de mon attente (Valéry, Regards sur monde act.,1931, p. 148). ♦ À l'horizon de (qqc.). On découvre à l'horizon de ces tragédies admirables [les tragédies grecques] un mystère permanent et vénérable (Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 32).À l'horizon de sa détresse, une lumière avait surgi et, peu à peu, rejetant les liens, elle avait marché vers elle (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 551). d) En partic., PHILOS. (phénoménol.), PSYCHOL. (de la forme). Synon. de fond.Regarder l'objet c'est s'enfoncer en lui, (...) les objets forment un système où l'un ne peut se montrer sans en cacher d'autres. Plus précisément, l'horizon intérieur d'un objet ne peut devenir objet sans que les objets environnants deviennent horizon et la vision est un acte à deux faces (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 82). ♦ Horizon temporel. Il [le présent] commande une sorte d'« horizon temporel », dont la richesse est comme l'ampleur du regard qu'il jette autour de lui. Cet horizon est très restreint chez les êtres primitifs et les arriérés; il ne dépasse pas vingt jours d'arrière en avant chez le débile mental (Mounier, Traité caract.,1946, p. 316). 2. [Gén. déterminé par un adj. ou un compl. déterminatif spécifiant un domaine de la pensée et/ou de l'action] a) Domaine, champ dans lequel s'exerce la pensée ou l'action d'une époque, d'un groupe social ou d'un individu, en tant qu'il est limité historiquement et socio-culturellement. S'il [Etienne Pasquier] ne sortit pas des horizons de son temps, on peut observer à son honneur qu'il les embrassa tout entiers (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 3, 1851-62, p. 268).Avec la paix de Wilson, l'horizon européen s'élargira; les idées de solidarité humaine, de civilisation collective, tendront à se substituer à celles de nationalité (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 981) : 9. ... la télévision procure à des millions d'hommes et de femmes un prodigieux élargissement de leur horizon d'expérience. Elle leur permet de savoir, de connaître, de nommer une infinité de choses, d'événements et de situations qui sans elle leur seraient restés à jamais étrangers. Elle peut élargir l'horizon mental et faire participer des masses immenses à des événements et à des œuvres qui naguère restaient réservés au petit nombre.
Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 183. ♦ Dans un contexte métaphorique.Ils lisaient les grandes œuvres qui apparurent depuis la paix sur l'horizon littéraire et scientifique (Balzac, Illus. perdues,1837, p. 32). − Vieilli. Domaine embrassé par un système de pensée. Il est naturel que dans chaque pays domine un système particulier, et que tous ceux qui sont, pour ainsi dire dans l'horizon de ce système ne voient pas au-delà (Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p. 523). SYNT. Étendre l'horizon, les horizons de qqn; l'horizon culturel, historique, intellectuel, moral, spirituel; les horizons de la pensée. b) En partic.
α) Horizon social, p. ell., horizon. Synon. de société, milieu socio-culturel.L'espace social commence de se polariser, on voit apparaître une région des exploités. À chaque poussée venue d'un point quelconque de l'horizon social, le regroupement se précise par delà les idéologies et les métiers différents (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 508).Je rêve d'un parti de Français « sans parti » venus de tous les horizons (Mauriac, Journal 3,1940, p. 211).
β) Situation, conjoncture (politique, sociale) considérée sous l'angle du futur. Synon. perspectives.Se profiler à l'horizon. L'horizon politique est terriblement embrouillé et chargé en ce moment; je ne crois pourtant pas (...) à un très prochain orage (Tocqueville, Corresp. [avec Henry Reeve], 1839, p. 46).[Les] événements (...) viennent obscurcir l'horizon de l'Europe bientôt plongée dans la guerre (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 102).L'ombre rouge qui se profile à l'horizon 1978 ne ferait-elle donc plus peur? (...) Les possédants petits et grands accueillent-ils donc tous dans l'enthousiasme d'une nuit du 4 août l'écrasement de l'échelle des revenus et l'impôt sur le capital? (Le Point,5 sept. 1977, p. 34, col. 2).
γ) Dans le domaine économique.Sphère d'activité. Il [l'entrepreneur-pionnier] transcende les entrepreneurs à l'horizon limité qui subissent le marché et les prix au lieu de les faire (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 621).Le commerce élargit ses horizons et les produits de l'élevage deviennent l'objet d'échanges internationaux (Wolkowitsch, Élev.,1966, p. 161). ♦ En partic. Terme de la période, et la période ainsi définie, sur laquelle l'effet d'une décision économique doit se réaliser. L'année terminale du plan constitue l'horizon de ce plan, cet horizon peut être repoussé d'année en année, à mesure que le plan avance de façon à ce que soit assurée la continuité des objectifs au moment du passage d'un plan à un autre. Cette méthode est dite : méthode de l'horizon mobile (Cotta1972). c) Tour d'horizon (de qqc., sur qqc.). Exposé où sont recensés et présentés les différents aspects d'une situation ou d'un sujet. En 1922, André Rousseaux a fait un tour d'horizon et tracé un tableau des différentes tendances, des différents états de l'âme contemporaine, sous le titre Âmes et visages du xxesiècle (Arts et litt.,1936, p. 40-4).Ce bref tour d'horizon sur le hand-ball, sur son historique, son évolution, son influence éducative, ses règles, sa technique, sa tactique, nous fait entrevoir la vocation de ce sport (Jeux et sports,1967, p. 1393) : 10. On ne saurait, pour achever ce rapide tour d'horizon, passer sous silence les problèmes monétaires qui se posent de nos jours d'une façon singulièrement aiguë lorsqu'il s'agit d'échanges internationaux.
M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 22. 3. Gén. au plur. Nouvel, nouveaux horizon(s), p. ell., horizon(s). Domaine, champ non encore exploré, qui s'ouvre à la pensée, à l'action d'une époque, d'un groupe social ou d'un individu. De nouveaux horizons s'ouvrent pour, devant qqn. La paix dans Moscou accomplissait et terminait mes expéditions de guerre (...). Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérouler (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1075).Des horizons inattendus grandissent devant la biologie (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 164) : 11. ... l'enseignement de la paléographie, comme les travaux qui lui furent consacrés dans tous les pays d'Europe, allaient bénéficier de l'impulsion qui leur avait été donnée par les Mauristes, avant de se tourner vers de nouveaux horizons.
L'Hist. et ses méth.,1961, p. 589. − Ouvrir de(s) (nouveaux) horizons (à qqn). La critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons (Baudel., Salon,1846, p. 101).L'évolution agit dans deux directions opposées puisqu'elle ouvre de nouveaux horizons en même temps qu'elle réduit des débouchés traditionnels (Forêt fr.,1955, p. 4). ♦ [Construit avec un compl. prép. sur] Fournir un point de vue nouveau sur (quelque chose). L'oncle fut profondément remué, parce qu'il compta qu'on allait lui ouvrir quelques horizons nouveaux sur sa propre personne (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 83).La théorie de la relativité a ouvert des horizons insoupçonnés sur la notion de temps (Decaux, Mesure temps,1959, p. 8). − En partic. Perspective d'avenir pour une personne. Une vie sans horizon. Il déteste ce monde gris et veule, sans horizon (Sartre, Sit. I,1947, p. 243). ♦ [Construit avec un compl. prép. de] Dans le mariage, elle voyait la revanche de sa vie monotone et plate, elle voyait un avenir de courses enragées à travers les théâtres et les bals, tout un horizon de dîners et de visites (Huysmans, En mén.,1881, p. 70). D. − GÉOL., PÉDOL. ,,Couche de sol, plus ou moins parallèle à la surface et se différenciant des autres couches sus − ou sous-jacentes par ses caractères et ses propriétés`` (George 1970) : 12. ... dans les sols dégradés l'humus se décompose très lentement, il devient un humus brut acide qui forme une épaisse couche superficielle que l'on appelle « l'horizon AO ». Sa décomposition produit des éléments solubles très acides qui, mélangés à l'eau, entraînent avec eux l'argile et le fer de la couche sous-jacente (...). Elle est absolument stérile, c'est l'horizon lessivé type.
Cochet, Bois,1963, p. 48. ♦ Horizon producteur. ,,Couche de terrain constituant une partie ou la totalité d'un « réservoir » renfermant du pétrole en quantité suffisante pour une exploitation commerciale`` (Pétrol. 1964). Les horizons producteurs [en Galicie orientale] sont variées, le plus riche est la couche gréseuse (Chartrou, Pétroles nat. et artif.,1931, p. 163). REM. 1. Horizonner, verbe trans.,rare. Borner (un paysage) à l'horizon. Je vois (...) la Loire, la blanche et longue Loire qui nous horizonne (E. de Guérin, Journal,1839, p. 250).Il relâcha dans des ports fleuris, horizonnés de forêts de palmiers (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 118). 2. Horizonnement, subst. masc.,hapax. Il y avait [dans l'œuvre de Marchenoir] la fresque des concomitantes aventures de l'univers, peintes dans l'ombre ou dans la pénombre, mais à leur plan rigoureux, pour l'horizonnement de ce vaste drame (Bloy, Désesp.,1886, p. 127). Prononc. et Orth. : [ɔ
ʀizɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Vx horison ds Fér. Crit. t. 2 1787. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiiies. orizonte « ligne circulaire où la terre semble rejoindre le ciel » (Introd. d'Astron., BN 1353, fol. 11 vods Gdf. Compl.); 1328 [ms] orison (G. de Digulleville, Fleur de lis, éd. A. Piaget, 1035, leçon du ms BN lat. 4120); 2. 1611 « étendue de ciel qu'un observateur peut voir de son champ de vision » (Cotgr.; 1671 « id. » pour une étendue de paysage (terre, mer) (Pomey); 3. 1611 astron. (Cotgr.); 1680 horizon rationnel (Rich.). Empr. au lat.horizon, -ontis, terme d'astron. et « borne de la vue », gr. ο
̔
ρ
ι
́
ζ
ω
ν de ο
̔
ρ
ι
́
ζ
ω « limiter, être à la limite de ». Fréq. abs. littér. : 5 978. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 465, b) 11 510; xxes. : a) 9 987, b) 6 879. Bbg. Darm. 1877, p. 118. - Dub. Pol. 1962, p. 317. - Ellenberger (F.). Orig. et hist. du terme horizon en géol. Doc. pour l'hist. du vocab. sc. 1980, no1, pp. 21-33. |