| HONNEUR, subst. masc. I. − Au sing. A. − 1. Principe moral d'action qui porte une personne à avoir une conduite conforme (quant à la probité, à la vertu, au courage) à une norme sociale et qui lui permette de jouir de l'estime d'autrui et de garder le droit à sa dignité morale. Synon. honnêteté.Forfaire, manquer à l'honneur; code, lois, règles de l'honneur; notion, sentiment de l'honneur. L'honneur, dans son caractère indéfini, est quelque chose de supérieur à la loi et à la morale : on ne le raisonne pas, on le sent. C'est une religion (Feuillet, Rom. j. homme pauvre,1858, p. 264).L'honneur parlait, il fallait que l'honneur et seulement l'honneur fût écouté (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 244) : 1. ... le devoir de l'honneur s'est accru en raison de l'élévation du rang. Il y a bien eu un temps en effet où les peuples n'étaient pas tenus pour responsables de leurs engagements; mais c'est quand ils étaient réputés au-dessous de l'honneur comme du pouvoir, quand l'honneur était le privilége insolent d'une seule classe, quand la foi du gentilhomme paraissait seule digne d'inspirer confiance, quand celle du vilain était sans prix.
A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv.,1868, p. 208. − Homme d'honneur. Homme vertueux, probe, intègre, courageux, qui ne transige pas avec les lois les plus strictes de la morale. Est-on un homme d'honneur quand on a dans sa vie une de ces actions qui font rougir quand on est seul? Un homme d'honneur quand on a fait de ces choses que personne ne vous reproche, que rien ne punit, mais qui vous ternissent la conscience?... (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 203). ♦ [Formule de serment] Foi, parole d'homme d'honneur, p. ell. du déterminé d'homme d'honneur ou d'honneur. Foi d'homme d'honneur, je le ferai (Ac.). Comment trouvez-vous la pièce? − Charmante. − Vrai? − D'honneur (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 24).Région. (Belgique, Canada). − Ma foi d'honneur, on dirait presquement que le père Didace le respecte (Guèvremont, Survenant,1945, p. 68). 2. En partic. [En parlant d'une femme] Synon. de honnêteté, pudeur.L'inceste est (...) une action simplement immorale. Il en est de même des manquements à l'honneur sexuel que commet la femme en dehors de l'état de mariage (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 43). B. − P. méton. 1. Bien moral dont jouit une personne dont la conduite (conforme à une norme valorisée socialement) lui confère l'estime des autres et lui permet de garder le sentiment de sa dignité morale. Ils [deux plaideurs] engagent leur droit, leur parole, leur serment, leur honneur enfin, puisque droit et dignité ou honneur sont synonymes (Proudhon, Guerre et Paix,1861, p. 201) : 2. ... j'ai reçu des nouvelles de l'armée; (...) le baron est loin du danger, il s'en désespère, et je m'en applaudis; il est à l'armée, voilà ce qu'il faut pour ce qu'on appelle l'honneur; je m'y borne, et ne porte pas mes regards jusqu'à la gloire.
Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1568. Rem. L'honneur dans cette accept. semble être une qualité spécifiquement masculine, la docum. n'atteste que de rares emplois concernant les femmes. SYNT. Conserver, engager, garder, perdre, recouvrer, sacrifier son honneur; attaquer, blesser, flétrir l'honneur de qqn; se porter garant de l'honneur de qqn; porter atteinte à l'honneur de qqn; faire appel, rendre l'honneur à qqn; compromettre, défendre, engager, laver, sauvegarder, sauver, venger son honneur/l'honneur de qqn; l'honneur est sauf; engagement, question d'honneur. ♦ Affaire* d'honneur. ♦ Dette* d'honneur. a) Loc. subst. et adv. − Parole d'honneur. Engagement, promesse auquel on ne peut manquer sans se déshonorer. Elle exigea ma parole d'honneur que je ne la suivrois point secrètement, et qu'en la quittant je retournerois sur le champ dans mon château : je remplis scrupuleusement cet engagement (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 23). ♦ [Formule de serment, pour introduire une affirmation, pour prendre à témoin qqn] :
3. Quand j'avais vingt ans (..), vous me rendîtes des services qu'on n'oublie pas... Vous n'avez pas voulu continuer depuis (...). Parole d'honneur : j'ai été amoureux de vous, Madame Verrière, en outre. Vous étiez fraîche comme une pomme et dodue comme une grive roulant dans une vigne...
Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 209. ♦ Loc. verb. Donner sa parole d'honneur. Promettre solennellement. Je vous donne ma parole d'honneur que je ne consentirai jamais à un mariage avec cet homme (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 448). − Point d'honneur. Ce qui est essentiel quant à la dignité d'une personne et à l'estime qui lui est due. Prendre tout au point d'honneur; se faire un point d'honneur de qqc. Il y a un point d'honneur chez les femmes de marins, et il est très rare qu'elles se conduisent mal en l'absence de leurs maris (Feuillet, Veuve,1884, pp. 18-19).Je ne lui ai pas caché que j'avais mon doctorat mais je lui ai bien fait comprendre que je n'étais pas un intellectuel et que je ne rougissais pas de faire un travail de copiste et que je mettais mon point d'honneur dans l'obéissance et la discipline la plus stricte (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 1, p. 62). ♦ Point d'honneur de + subst. désignant un sentiment.Point d'honneur de la dignité, de l'orgueil (de qqn). Le point d'honneur de ma fierté est de me passer de ce qui se passe de moi, et de ne pas tenir plus aux autres qu'ils ne tiennent à ma personne (Amiel, Journal,1866, p. 282). − BLAS. Point, lieu d'honneur. Partie centrale de l'écu. (Dict. xixeet xxes.). − [Formule de serment par laquelle on affirme la véracité d'un fait, d'un propos] ♦ Assurer, jurer, promettre sur l'honneur de qqn, p. ell. sur l'honneur. Je l'atteste sur l'honneur (Ac.). Je vous en réponds sur mon honneur (Ac.). Strozzi : Ainsi, Luisa, pas de condition infâme? Luisa : Rien, mon père, rien, sur l'honneur de la famille!... (Dumas père, Lorenzino,1842, IV, 3, p. 262).Je te crois en danger, et sur l'honneur je ne dormirai plus tranquille (Fromentin, Dominique,1863, p. 142). ♦ En honneur (vieilli). Florimont : ... si je trouvais une femme comme il faut... Aromate : Tu l'épouserais? Florimont : Sur-le-champ. Aromate : Sérieusement? Florimont : En honneur (Dumas père, Noce et enterrement,1826, 5, p. 82). b) Loc. verb. − Perdre d'honneur qqn. Ôter toute l'estime, toute la considération dont jouit une personne. Il irait disant partout que je suis jaloux, et cela me perdrait d'honneur (Dumas père, Mari Veuve,1832, I, 8, p. 122). − Piquer d'honneur qqn. Persuader une personne que sa dignité est en jeu (à faire ou non quelque chose). Il n'y a pas encore de majorité; les partis se balancent. Voyez d'abord Monsieur de Lurcy, tâchez de le piquer d'honneur (Leclercq, Prov. dram., Élect., 1835, p. 332). ♦ Se piquer d'honneur. Faire preuve dans l'accomplissement d'une tâche, d'une attention, d'un soin plus grand que de coutume. La Bruyère (...) se piqua d'honneur, et voulut que son discours [à l'Académie] comptât et fît époque dans les fastes académiques (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 140). − [Lors d'une compétition sportive] Sauver l'honneur. Obtenir tardivement un résultat honorable en marquant un but, des points lors d'une rencontre qui s'est déroulée au désavantage d'une équipe, d'un joueur. Battus nous avons du moins sauvé l'honneur en marquant un but (Rob.). c) [P. allus. à la lettre que François 1erécrivit à sa mère après la défaite de Pavie] Tout est perdu(,) fors/hormis l'honneur. Eux, ils couraient, fous de peur, ils s'aplatissaient dans les fossés, ils demandaient pardon. Pardon dans l'honneur, bien entendu, tout est perdu fors l'honneur, prenez tout dans l'honneur : voilà mon cul, bottez-le dans l'honneur, je vous lécherai le vôtre si vous me laissez la vie (Sartre, Mort ds l'âme,1949, p. 81). 2. a) [En parlant d'une collectivité, d'une nation, d'un groupe social, d'une profession] Dignité que confère l'observation de principes déterminés (par le groupe considéré). L'honneur de la France, de l'humanité, de la nation; l'honneur de la magistrature, du métier, professionnel; l'honneur d'une famille, d'un nom, d'une maison. L'honneur national! (...) c'est tout bonnement l'art d'en appeler aux passions des gens trop occupés pour avoir une opinion (Stendhal, Rossini,1823, p. 44).Ce sera assez drôle de voir l'honneur des lettres défendu par un maquereau (Goncourt, Journal,1860, p. 702) : 4. ... Horace annonce non plus l'héroïsme chevaleresque (...) tout repose sur une ruse de guerre qui aboutit (...) au massacre d'un blessé ordinaire (...) cette ruse de guerre est fort loin d'être du même ordre (...) que celle qui soulève Rodrigue contre les Maures surpris (...) c'est (...) un tout autre honneur, non plus l'honneur chevaleresque et guerrier, mais déjà un honneur militaire...
Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 805. b) En partic. [En parlant d'une femme] Dignité que confère une conduite sexuelle conforme à une norme valorisée socialement (chasteté, fidélité dans le mariage). Ravir l'honneur à une femme. Gardien de l'honneur de ma nièce, j'aurais étranglé son amant avec la complicité du jeune Bernard Ancelot qui tenait les pieds de la victime (Aymé, Travelingue,1941, p. 244) : 5. ruffin : (...) je suis sûr que si vous vouliez donner une bonne dot à votre fille, le mariage serait conclu. gérard : Je puis lui donner une dot. Mais qui lui rendra l'honneur! ruffin : Il y a, Monsieur, plusieurs sortes d'honneur. Et pour l'une d'entre elles, elle se vend au marché.
Camus, Esprits,1953, III, 4, p. 510. − [L'honneur du mari considéré quant à la fidélité de sa femme] L'honneur d'un mari (...) plus on donne de coups d'épée dedans, plus il y a de trous (Dumas père, Halifax,1842, I, 8, p. 37).Il la traitait en animal domestique; ses vices le laissaient aussi indifférent que les miaulements d'une chatte en rut; mettant son honneur bien au-dessus des hontes d'une pareille créature, il assistait, avec un dédain superbe et une froide ironie, au spectacle de la procession d'adolescents défilant dans la chambre de sa femme (Zola, M. Férat,1868, p. 117). C. − 1. Considération que l'on accorde à une personne qui s'est distinguée par ses qualités morales, par des actions, des attitudes valorisées socialement. Acquérir, briguer de l'honneur; action qui fait honneur à qqn; jour de gloire et d'honneur. J'ai pensé m'y casser le cou [à Vaucluse] en voulant grimper sur une montagne où les voyageurs ne vont jamais et où le guide a refusé de me suivre. Je suis venu à mon honneur, mais non sans danger (Chateaubr., Corresp., t. 1, 1802, p. 73).Mon idéal suprême N'était pas l'inouï bonheur, En aimant, d'être aimé moi-même, Mais d'en mourir avec honneur (Sully Prudh., Vaines tendr.,1875, p. 152).On peut (...) dire que c'est à lui que revient l'honneur d'avoir proposé le premier projet sérieux fixant les semaines (Chauve-Bertrand, Question calendrier,1920, p. 107) : 6. ... point de périls militaires (...); peu de sang versé, peu d'honneur conquis, de la honte pour quelques-uns, de la gloire pour personne; telle fut cette guerre [la guerre d'Espagne], faite par des princes qui descendaient de Louis XIV et conduite par des généraux qui sortaient de Napoléon.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 444. − Pour l'honneur. Sans en tirer d'avantages, de bénéfice matériel ou financier; pour en retirer de la considération. J'ai eu la maladresse, selon mon habitude, de combattre l'opinion du lieu et de faire de l'opposition pour l'honneur (Amiel, Journal,1866, p. 176).Combien d'abonnements? − Cinq. − Cinq! Que cinq, un jour où il fait du soleil! Nous allons faire un journal pour l'honneur tout à l'heure? (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 29). 2. Expr. et loc. a) Subst. + d'honneur. Qui procure de la gloire, de la considération. ♦ Baroud* d'honneur. ♦ Champ d'honneur, lit d'honneur (vx). Champ de bataille. Liste des morts au champ d'honneur. Celle qui vivait d'oraison, Un soir de peine − il faut qu'il faille! − Elle fut grue, et ce bagnard Au champ d'honneur eut la médaille : Il n'est vertu que de hasard! (Muselli, Ball. contrad.,1941, p. 108) : 7. Ceux qui étaient les plus vivants et les plus forts (...)
Restent là immobiles couchés aux champs d'honneur
La tête dans la mort et la fleur au fusil
La mémorable fleur de leur si simple vie
Et la fleur à son tour
Doucement se pourrit...
Prévert, Paroles,1946, p. 111. b) Loc. verb. − Sortir, se tirer d'une situation difficile avec/à son honneur. Sortir, se tirer d'une situation difficile sans perdre la face, avec succès. Je lui avais dit, que j'avais fait une épreuve par ma conduite avec Sara, dont elle ne s'était pas tirée à son honneur; qu'elle avait l'âme dure, et que j'étais revenu de mes sentiments pour elle (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 147). − Être, mettre en honneur. Être apprécié, faire apprécier; être très considéré, entourer de considération. Mettre les lettres, les sciences, la vertu en honneur. La biroulade est un festin de châtaignes rôties qu'on mouille de vin blanc, et qui est en grand honneur dans les Cévennes (Malot, Sans fam.,1878, p. 68). ♦ P. ext. [En parlant d'un procédé, d'une mode] Être conforme au goût du jour; avoir cours; être à la mode. Le portique [de la Fuite de Loth] à colonnes composites, aux bossages carrés, est dans le style d'architecture en honneur à Anvers du temps de Rubens (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 131).Encore que le mécanisme soit fort en honneur dans la science contemporaine, il ne règne pas sans partage (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 148). − Qqn/qqc. (est l') honneur de. Procurer de la gloire à, être une cause de fierté, de joie, de bonheur. Être l'honneur de son pays, de sa patrie, de son temps. La belle féline, la si bien nommée, qui est à la fois l'honneur de son sexe, l'orgueil de mon cœur et le parfum de mon esprit (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 81).L'étiquette bien visible est l'honneur des crus probes (Colette, Jumelle,1938, p. 61). D. − 1. Marque de respect, d'estime; manifestation extérieure qui rend témoignage de la considération, de l'admiration qu'on porte à une personne; privilège accordé à quelqu'un pour le distinguer, lui donner des marques de considération. Désirer, recevoir un honneur; prétendre à un honneur; accorder, faire beaucoup d'honneur à qqn. Cet honneur [d'être fixés sur la toile] semblait réservé aux seuls héros du De Viris illustribus (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 10).Deux frères extrêmes se retrouvent un soir, le premier avide de dégradation, l'autre de stabilité et d'honneur (Arnoux, Suite var.,1925, p. 37).Je voulais vous entretenir de la venue du Pogge, et combiner avec vous deux la façon dont nous lui rendrions honneur (Montherl., Malatesta,1946, IV, 3, p. 513) : 8. Il y avait à l'hospice général de Rouen un idiot que l'on appelait Mirabeau, et qui, pour un café, enfilait les femmes mortes sur la table d'amphithéâtre. Je suis fâché que vous n'ayez pu introduire ce petit épisode dans votre livre (...). Il est vrai que Mirabeau était faible et ne mérite pas tant d'honneur, car un jour il a calé bassement devant une femme guillotinée.
Flaub., Corresp.,1861, p. 436. − [Pour engager qqn à commencer dans une épreuve sportive, un jeu] À vous/toi l'honneur de commencer à jouer, p. ell. à vous/toi l'honneur. Les deux illustrissimes se fendirent l'un sur l'autre, en même temps, se tournèrent le dos, coururent et se rencontrèrent au milieu de la lice (...) − À toi l'honneur! − On te le cède! (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 276). ♦ P. ext., cour. Il monte par l'escalier intérieur. Maître Simon : Passez, maître Maugier, à vous l'honneur (A. France, Com. femme muette,1912, I, 3, p. 449). − [Pour rendre hommage à une personne dont la conduite, les qualités provoquent l'admiration] Honneur à qqn, qqc.! Honneur aux braves! Honneur donc aux savants généreux! Honneur à ces esprits infatigables qui consacrent leurs veilles à l'amélioration ou bien au soulagement de leur espèce! Honneur! Trois fois honneur! (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 16). ♦ Transcription française d'un titre usité en Angleterre Votre honneur. Je vais vous dire comme à ce domestique italien qui (...) me donnait à chaque mot du « Votre Honneur » (...) : « Ne me parlez donc pas toujours de mon honneur. Vous finiriez par le faire venir » (Montherl., J. filles,1936, p. 971). ♦ Sauf votre honneur. ,,Sauf le respect que je vous dois`` (Ac.). 2. Subst. + d'honneur − [Le subst. désigne une pers., un titre, une fonction ou la place occupée dans la hiérarchie sociale] Dame*, demoiselle*, fille*, garçon*, garde* d'honneur. ♦ HIST. Chevalier d'honneur. Conseiller d'épée qui avait séance et voix délibérative dans les cours souveraines. (Dict. xixeet xxes.). Chevalier attaché à la personne d'un prince, d'une princesse. Elle était la femme de ce fameux marquis Crescenzi, chevalier d'honneur de la princesse (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 467). − [Le subst. désigne un lieu] ♦ Chambre*, cour*, escalier* d'honneur. Dont l'usage est réservé pour rendre hommage à quelqu'un. Notre grand-père (...) nous guettait sur le palier d'honneur (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 320). ♦ Place d'honneur. Place réservée à une personne, à quelque chose qu'on veut honorer. Ferdinand reçut le tableau avec piété (...) et l'accrocha dans le salon au-dessus du piano, à la place d'honneur (Aymé, Jument,1933, p. 34). − [Le subst. désigne une distinction] Qui rend hommage aux qualités d'une personne; qui marque la considération qu'on a pour lui. Croix*, Légion*, Tableau* d'honneur. ♦ Épée, fusil d'honneur. Arme donnée à un militaire en mémoire d'une action d'éclat, de son mérite, de sa bravoure. On voyait (...) un parchemin jauni (...) : c'était un brevet de chevalier de la Légion d'honneur. Au-dessous étincelait la croix, (...) et, pour compléter ce trophée, un sabre d'honneur dont la lame avait brillé au soleil des grandes batailles impériales (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 127). 3. Locutions a) En l'honneur de + subst.
α) [Le subst. désigne une pers., une qualité, un sentiment] Pour rendre hommage, pour honorer quelqu'un, quelque chose. Couplet, hymne, poème en l'honneur de qqn/qqc.; célébrer une fête, élever un monument en l'honneur de qqn/qqc. Je vais pousser jusqu'à Savonnières pour y ruminer à mon aise un sonnet en l'honneur de la beauté non pareille qui a blessé mon cœur... (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 131).Un ami de province marié depuis peu (...) offrait en l'honneur de sa jeune femme un grand bal costumé (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 112).La Camargo (...) fait représenter un ballet en l'honneur de son soupirant (L. Schneider, Maîtres opérette fr.,1924, p. 199). Rem. Vieilli. À l'honneur de. L'église (...) élevée par l'évêque Rey, à l'honneur de saint François de Sales (Amiel, Journal, 1866, p. 411). − [Le subst. désigne un événement relatif à une pers.] En vue de fêter, de célébrer. Je lui ai fait un cadeau en l'honneur de son anniversaire (Rob.).
β) En quel honneur? À quel propos, pourquoi, à cause de qui? Qu'as-tu fait d'abord? Albert, impatienté : Une visite à Maurice Cormier... Là!... Es-tu contente? Louise : À Maurice Cormier?... En quel honneur? Albert : J'allais lui porter un papier et lui poser une question (Curel, Nouv. idole,1899, III, 2, p. 233).J'ai toujours payé de ma personne!... Ici!... Là-bas!... Ailleurs!... Partout! (...) Jamais éludé un péril! Jamais!... En quel honneur?... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 521).En quel honneur t'étais-tu faite si belle? (Anouilh, Antig.,1946, p. 154).
γ) En tout bien tout honneur (v. bien3I B 2 a).
δ) Bras d'honneur. Geste trivial par lequel on signifie à quelqu'un un mépris injurieux. La mère Marcoussi s'il l'envoie rebondir dans son règlement!... Il lui fait des gestes... des bras d'honneur, elle l'effarouche pas (A. Boudard, L'Hôpital, Paris, Gallimard (Folio), 1974 [1972], p. 49). b) L'honneur de + inf.[En spécifiant la considération, la marque d'estime qui est accordée] L'abbé, véritable parvenu, était fort sensible à l'honneur de dîner avec un grand seigneur (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 253).Ce qu'il y a de plus difficile à gagner dans ce monde, ce qui se paye le plus cher, (...) c'est l'argent, n'est-ce pas? C'est le bonheur et l'honneur d'être riche, c'est la jouissance et la considération du million (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 86). c) Loc. verb. − Être à l'honneur. Être fêté, célébré. (Dict. xixeet xxes.). Être privilégié, avoir la première place. Ce genre de femme, qui était à l'honneur dans ses romans l'intimidait par sa beauté (Aymé, Travelingue,1941, p. 69). − Être (tout) à l'honneur de qqn. Être à l'avantage de quelqu'un et lui valoir des marques de considération, d'estime. Pour le développement de la saine philosophie sociale, et à l'honneur croissant des estimables esprits qui s'y livrent... (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 338).Peut-être que ce sont les enfants d'un de ses hommes qui aurait été tué à côté de lui et qu'il est devenu pour ainsi dire leur tuteur. − Si c'était vrai pourquoi ne pas nous le dire? Ce serait tout à son honneur. Mais je crains le pire (Queneau, Un rude hiver,p. 146 ds Rey-Chantr. Expr. 1979). − Faire honneur à qqn/qqc. Être une des causes de l'estime, de la considération qui est accordée à quelqu'un ou quelque chose; lui donner des marques de considération.
α) Qqn/qqc. fait honneur à qqn/qqc. Une statue de marbre représentant une divinité mythologique, (...) laquelle avait dû être fort galante en son temps et faire honneur à l'ouvrier, mais qui était camarde comme la mort, ayant le nez cassé (Gautier, Fracasse,1863, p. 4).J'en saute de joie! et toi aussi, il faut que tu sautes! Je t'assure que je te ferai honneur; regarde ma jolie robe mauve (Taine, Notes Paris,1867, p. 75).On m'a demandé tantôt un avocat pour la prochaine session du conseil de guerre. Il fallait quelqu'un qui fît honneur au bataillon. Je vous ai désigné (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 61).Il fallait que son frère fît honneur à la famille (Peyré, Matterhorn,1939, p. 244).Si je réussissais une vie, une œuvre qui fissent honneur à l'humanité, on me féliciterait d'avoir foulé aux pieds le conformisme (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 188). − P. ext. Se montrer digne de. Faire honneur à sa naissance, à son éducation (Ac.). En partic. Faire honneur à ses affaires, ses engagements. Les honorer, les tenir. Faire honneur à ses affaires (...). Qu'est-ce que l'honneur vient faire ici? Je le demande aux Sages (Bloy, Lieux communs,1902, p. 155).Faire honneur à + subst. désignant un repas.Manger abondamment et avec plaisir. Faire honneur à un déjeuner. Walter allait de table en table, excitant ses hôtes à faire honneur au festin (P. Lalo, Mus.,1899, p. 84). Rem. La loc. faire honneur à qqn/qqc. peut soit signifier : « être digne de quelqu'un » (Taine, loc. cit., supra c α), soit « honorer » (Gautier, loc. cit., supra c α) sans qu'il soit toujours aisé de décider.
β) Faire honneur à qqn de qqc. Attribuer (généralement à tort), à quelqu'un quelque chose qui procure de la considération et dont le mérite lui revient. C'est à cette belle et méchante reine [Isabeau de Bavière] qu'il faut faire honneur de ces robes échancrées par derrière (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 267).Tite-Live attribue la fondation de Rome à Romulus. Salluste en fait honneur aux Troyens d'Enée (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 123) : 9. On a fait honneur à Bossuet de la conception de son livre [L'Histoire universelle]. Non, elle n'appartient pas au génie de Bossuet, mais à celui de l'Église.
Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1847, p. 241. − Se faire honneur de qqc. Se sentir honoré de quelque chose, en retirer de l'orgueil. Rodogune, la pièce dont Corneille se faisait le plus d'honneur (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7,1864, p. 216).On aime (...) à se faire honneur de sacrifices que l'on fait quand on est riche et qu'on a la conscience de ce qu'on a le droit d'exiger (Viollet-Le-Duc, Archit.,1863, p. 490). − [Formule de politesse] Faire l'honneur de + inf.Je désirerais entretenir (...) madame la comtesse (...). Demande-lui si elle veut me faire (...) l'honneur de me rejoindre ici (Dumas père, Mariage sous Louis XV,1841, I, 7, p. 116). ♦ Emploi pronom. Se faire l'honneur de répondre à votre bienveillante offre (Dussort, Lettres,1930, p. 2). − Tenir à honneur. Considérer comme honorifique, comme une marque d'estime, de considération. Dolorès tenait (...) à honneur de sortir triomphante de cette lutte (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 198).Les « hommes » tenaient à honneur le port de la casquette (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 236). − MAR. Ranger un navire, une terre à l'honneur. ,,Passer avec un navire très près d'un autre navire ou d'une terre sans les toucher`` (Gruss 1952). La brise (...) nous permit de doubler cette île à l'honneur (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 4, 1842, p. 331). − Avoir l'honneur (de). [Employé dans des formules de politesse] ♦ Avoir l'honneur de + inf.Agréez, Monsieur, l'assurance des sentiments distingués, avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissante servante (Staël, Lettres jeun.,1784, p. 20). ♦ À qui ai-je l'honneur (de parler)? À qui ai-je l'honneur?... dit l'Abbé, dont la mémoire semblait chercher un nom (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 73). ♦ Je n'ai pas l'honneur de + inf. Je n'ai pas l'honneur de vous connaître personnellement (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 336). ♦ J'ai bien l'honneur (de vous saluer, d'être votre serviteur, etc.). [Pour clore une entrevue, pour prendre congé] Chère Guiguite, j'aime le plaisir que j'ai avec toi, j'aime le plaisir que je te donne, enfin tu as dix-huit ans, et tu me plais. Adieu, ma chère, j'ai bien l'honneur (Montherl., J. filles,1936, p. 934). − Proverbe À tout seigneur, tout honneur. Il faut rendre honneur à chacun selon son rang et sa qualité. Vous pouvez monter, messieurs de la douane (...). Vous aussi, monsieur Morel, et le premier même. À tout seigneur, tout honneur! (Dumas père, Monte-Cristo,1848, I, 1, p. 3). II. − Au plur. A. − Témoignages, marques de considération, d'estime, rendus à une personne qui s'est distinguée par sa conduite; marques de distinction. Jamais encore une mission n'avait été reçue avec autant d'honneurs (Tharaud, Passant Éthiopie,1936, p. 25) : 10. ... nous sommes tous pêcheurs; mais les plus indignes de miséricorde ne sont pas ceux qui donnent le scandale, ni ceux-là qui, vivant selon le vice, usurpent les honneurs dus à la seule vertu.
Péladan, Vice supr.,1884, p. 222. − Loc. Avec (tous) les honneurs dus à son rang. Avec la considération que l'on témoigne à des gens importants. Je tiens à ce que, dans deux heures, Natacha Féodorovna soit ici... et qu'elle y soit amenée avec les honneurs dus à son rang (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 175).Par antiphrase. Sans ménagement. Peu après, Croquignol, Ribouldingue et Filochard furent vidés avec tous les honneurs dus à leur rang et le directeur du cirque les envoya se faire pendre ailleurs (L'Épatant,1908, p. 28 ds Rey-Chantr. Expr. 1979). ♦ Rendre à qqn les (derniers) honneurs, les honneurs suprêmes. Lui faire des funérailles dignes de lui. Voilà le goût des hommes et ce qu'on appelle rendre les honneurs aux grands. Je serais bien humilié qu'à mon enterrement on fit de semblables bêtises (Flaub., Corresp.,1839, p. 113). ♦ Honneurs funèbres, suprêmes. Derniers hommages rendus lors des funérailles. Rendre les honneurs funèbres; honneurs funèbres civils, militaires. L'autre [Grétry] obtient des honneurs funèbres dont les annales des arts n'offrent (...) aucun exemple (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 240). ♦ Honneurs militaires. Marques spéciales de respect (salut, salves, cérémonies) dont sont honorées certaines personnes occupant une place élevée dans la hiérarchie sociale (civile ou militaire). En raison de sa rosette, l'auteur de Sac au dos avait droit aux honneurs militaires (Bloy, Journal,1907, p. 350). ♦ Rendre les honneurs (militaires). Les mouvements secs de la sentinelle qui rend les honneurs accueillent Maxence (Psichari, Voy. Centur.,1914, p. 115). − Honneurs de la guerre. Conditions faites aux troupes qui ont capitulé après un combat honorable et qui leur permettent de sortir de la place assiégée avec leurs armes. Obtenir les honneurs de la guerre. ♦ Au fig. Conditions honorables qui permettent aux deux parties opposées dans un procès, un conflit, de considérer que leur dignité est pré S'en tirer avec les honneurs de la guerre. Quoique j'aie succombé, (...) j'ai succombé avec les honneurs de la guerre (Frapié, Maternelle,1904, p. 8). − Loc. verb. ♦ Avoir les honneurs de la première page. Figurer, être cité, mentionné à la première page d'un journal. Vous avez vu que Swann a « les honneurs » du Figaro? (Proust, Swann,1913, p. 22). ♦ Faire (à qqn) les honneurs (d'une maison). Recevoir des hôtes avec des attentions toutes particulières, dans le souci de leur être agréable. Celui-ci avait cru devoir faire les honneurs de l'hôtel à son ami Venture et le lui montrer en détail, depuis les combles jusqu'aux offices (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 513).− Allons, fais les honneurs, lui dit sa mère [à un petit garçon], en le conduisant dans la première pièce (Zola, Page amour,1878, p. 890).Faire les honneurs de la table. Présider un repas et veiller à ce que chacun soit satisfait. Malvina (...) m'envoya chercher pour faire les honneurs du repas (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 393). ♦ Faire les honneurs de qqn/qqc. Les présenter en les vantant. Monsieur le premier gentilhomme de la Chambre peut dire à Mademoiselle Colombe qu'elle ne se repentira pas de m'avoir laissée faire les honneurs de son nom (Vigny, Serv. grand. milit.,1835, p. 110).Je tiens essentiellement à ce que ma fille nous fasse elle-même les honneurs de mon madère (A. France, Jocaste,1879, p. 10). ♦ VÉN. Faire les honneurs du pied. Apporter à la personne qu'on veut honorer le pied droit de devant de la bête qui vient d'être tuée. Ceux qui bénissent les meutes Ceux qui font les honneurs du pied (Prévert, Paroles,1946, p. 8). B. − Absol. Fonctions, titres qui confèrent de l'éclat dans la société. Aspirer, briguer, rechercher les honneurs; acquérir, se procurer des honneurs; obtenir des honneurs. Dans un pays, les chefs égaux en forces, se redoutant mutuellement, firent des pactes impies, des associations scélérates; et se partageant les pouvoirs, les rangs, les honneurs, ils s'attribuèrent des privilèges, des immunités (Volney, Ruines,1791, p. 66).Je me répète cette maxime qui est de moi : « Les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit. » Commentaire : impossible de pousser plus loin l'orgueil (Flaub., Corresp.,1880, p. 407).Quelque 11 pour cent du revenu national de la Grande-Bretagne, à l'époque, sont vraisemblablement dépensés par les riches, au dam de la communauté, pour acquérir un rang, pour se procurer des honneurs, pour s'assurer une influence sociale (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 387). − En partic. Hiérarchie des magistratures et fonctions publiques. Honneurs militaires et civils; carrière des honneurs. Il poussait Anténor dans la carrière des honneurs; maire, conseiller général, que sais-je encore? (Arène, Tor Entrays,1876, p. 176). C. − Principales pièces qui servent aux cérémonies, aux sacres des rois, à la célébration des grandes cérémonies. Voulait-on un char avec galerie ou un char avec panaches, des tresses aux chevaux, des aigrettes aux valets, des initiales ou un blason, des lampes funèbres, un homme pour porter les honneurs (...)? (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 227).P. ext. Du Poizat énuméra alors les honneurs du prince impérial, le chrémeau, le cierge, la salière, et les honneurs du parrain et de la marraine, le bassin, l'aiguière, la serviette; tous ces objets étaient portés par des dames du palais (Zola, E. Rougon,1876, p. 100). D. − (Chacune des) figures d'atout, (chacune des) cartes les plus hautes (au bridge et au whist). Jouer honneur sur honneur; cent d'honneurs; points d'honneur(s). Évaluation de la main (...). L'évaluation est double et comprend : 1oL'évaluation des honneurs par le compte des points d'honneur, créé par Milton Work. 2oL'évaluation de la distribution par le compte des points de distribution, créé par P. Albarran (Albarran, Le Dentu, Mémento du bridge, Paris, Fayard, 1952, p. 3). Prononc. et Orth. : [ɔnœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. nn ne se conserve pas dans les dér. honorable, honoraire, honorer, etc. Comparer avec ordonner, ordonnance, ordonnateur, tonne, tonneau, tonnelle, etc. (cf. V. G. Gak, L'orth. du fr., Paris, SELAF, 1976, p. 198). Étymol. et Hist. A. 1. a) 2emoitié xes. « marque de vénération, de considération, d'honneur » (S. Léger, éd. J. Linskill, 2 [sing.], 7 [plur.]); b) 1835 Votre Honneur (en Angleterre) titre donné par respect à certaines pers. de qualité (Ac.); 2. mil. xies. « considération, estime, haut crédit dont on jouit » (Alexis, éd. Chr. Storey, 69); 1679 faire honneur à la lettre [de change] « se montrer digne de la considération dont on jouit en s'acquittant de ses obligations » (Savary Des Bruslons, Parfait négociant, I, p. 147 ds Kuhn, p. 139); 3. ca 1100 « sentiment qu'on a de sa dignité » (Roland, éd. J. Bédier, 533); spéc. à propos d'une femme ca 1145 « sagesse du maintien, de la conduite » (Wace, Conception N.-D., 607 ds T.-L.); ca 1170 (M. de France, Lais, Milun, éd. J. Rychner, 58 : [la demeisele] S'onur e sun bien ad perdu). B. 2emoitié xes. « office, charge » (S. Léger, éd. citée, 120); ca 1100 « domaine, possession, fief » (Roland, éd. citée, 315). Du lat. class. honos, honoris, masc. « honneur rendu aux dieux, décerné à qqn, marque de considération; charge, magistrature, fonction publique »; à l'époque médiév., honor désigne surtout la charge octroyée par le roi au comte, au duc, aux officiers royaux (dep. le vies. ds Nierm., § 8); ces fonctions entraînant la concession de revenus fonciers, l'honor finit par se confondre avec le beneficium; devenu héréditaire, il tend naturellement à désigner le fief (dep. le début du ixes., ibid., § 14; v. Hollyman, pp. 33-37; F.-L. Ganshof, Qu'est-ce que la féodalité?, pp. 77, 79 et 153-154; R. Boutruche, Seigneurie et féodalité, t. 2, pp. 263-64). − A 1 b est le calque de l'angl. Your Honour, appellation d'une pers. de qualité, de haut rang (dep. 1553 ds NED), notamment, à l'époque mod., de certains officiers, entre autres des juges des cours comtales. L'a. fr. onor, enor, eneur (la plupart du temps fém. d'apr. le genre des mots en -eur) est ultérieurement devenu honneur p. réfection étymologique. Fréq. abs. littér. : 13 345. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 26 685, b) 19 449; xxes. : a) 18 242, b) 12 588. Bbg. Burgess (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 69-90. - Darm. Vie 1932, p. 51. - Foster (B.). Fr. St. 1972, t. 26, p. 493. - Quem. DDL t. 10. - Rossi (D.). Honneur e conscience nella lingua e nella cultura di Margherita di Navarra. Journal (The) of Medieval and Renaissance studies. 1975, t. 5, pp. 63-87. |