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HONNÊTE, adj.
I. − Conforme (quant à la probité, à la vertu) à une norme morale socialement reconnue.
A. − [En parlant d'une pers.]
1. Synon. intègre, probe, vertueux.Je me sens parfaitement honnête homme, c'est-à-dire dévoué, capable de grands sacrifices, capable de bien aimer et de bien haïr les basses ruses, les tromperies (Flaub., Souv.,1841, p. 89).Il était incapable d'écouter aux portes, comme tout honnête reporter qui se respecte (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 40).Elle avait épousé, par pitié, un aveugle. Cet homme, peu honnête, lui avait caché qu'il était criblé de dettes (Gide, Journal,1927, p. 839).V. consciencieux ex. 3 :
1. Tout ce qu'un intérieur respecté, tout ce qu'une famille honnête peuvent cacher de saletés, de vices honteux, de crimes bas, sous les apparences de la vertu... Ah! je connais ça!... Ils ont beau être riches, avoir des frusques de soie et de velours, des meubles dorés; ils ont beau se laver dans des machins d'argent (...). Ça n'est pas propre... Et leur cœur est plus dégoûtant que ne l'était le lit de ma mère... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 103.
[P. méton. du déterminé] Âme, cœur, conscience honnête. La sœur amenait souvent sa fille (...). Toutes deux avaient le meilleur cœur du monde; la vertu et le désintéressement éclataient dans leur nature honnête (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1644).
2. [Avec une forte connotation sexuelle] Anton. vicieux, dépravé.Elle trouvait Coupeau très honnête; car elle avait bien cru un moment que c'était fini, qu'il allait coucher là (Zola, Assommoir,1877, p. 421).Distinguer les caresses de l'honnête homme de celles du sadique? (Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 196).Dominique s'entêtait et s'obstinait et demeurait vachement honnête et prude quoiqu'elle aît [sic] fini par concéder un peu de pelotage (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 172).
En partic. [En parlant d'une femme] Dont la conduite est conforme à une norme sexuelle (liée à un statut social). Le goût du plaisir est leur suprême loi [aux hommes]. Il n'en est pas ainsi de la femme honnête; elle ne sépare jamais le plaisir d'avec l'amour (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1822).Elle se nommait Madame Robert : une femme honnête et qui avait un amant, pas plus, et toujours un homme respectable (Zola, Nana,1880, p. 1117).Avec ça qu'elles s'en privent [d'avoir des amants], les honnêtes femmes. C'est elles qui sont des gueuses, (...) parce que rien ne les force. (...) elles prennent des hommes par vice (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 537) :
2. Le glorieux privilège de femme honnête n'émane pas de la femme même. Le monde ne décerne ce titre qu'aux femmes dont les maris occupent dans la société un rang assez élevé, jouissent d'une certaine considération, possèdent une certaine fortune, et la qualité de femme honnête est, à proprement parler, un reflet de l'éclat marital. Cette nuance est si délicate dans nos mœurs qu'il serait très difficile de déterminer à quel échelon de l'ordre social commencent les femmes honnêtes... Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 77.
Rem. 1. Dans cet emploi, honnête peut également signifier « dont la conduite est conforme à l'image, idéologiquement dominante, de la mère, de l'épouse (c.-à-d. la bonne ménagère, la bonne maîtresse de maison) » sans qu'il soit possible de dissocier les aspects « sexe », « mère », « épouse », l'aspect « sexe » étant toujours hiérarchiquement dominant. 2. Une femme honnête est une femme mariée. Une femme honnête est essentiellement mariée. On ne saurait dire au juste son âge, mais elle a plus de dix-huit ans et moins de cinquante (Id., ibid., p. 76). Toutefois une femme célibataire peut être qualifiée d'honnête; la femme honnête s'oppose alors à la prostituée (v., dans un autre registre, Maupass. supra). Depuis l'automne, elle fréquentait un vendeur du Bon Marché (...) chez lequel elle passait toutes ses heures libres. Jamais qu'un à la fois, du reste. Elle était honnête, elle s'indignait, lorsqu'on parlait de ces filles qui se donnent au premier venu (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 512). 3. Honnête qualifiant une jeune fille peut prendre le sens de « vierge ». Je ne voudrais pas (...) porter atteinte à la vertu d'une fille honnête; (...) mais (...) je n'aurais pas les mêmes scrupules avec une fille déjà entamée (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 21). 4. Il ne semble pas que l'anté- ou la post-position de l'adj. permette d'établir une distinction de sens de façon sûre : ,,[Honnête] prend parfois un sens différent selon qu'il est placé avant ou après le substantif. Mais ce changement est beaucoup moins net que pour les adjectifs brave, grand, galant, etc.`` (Colin 1971). Cependant, à propos de honnête homme (infra II A 1), Littré note : ,,Le sens varie suivant que honnête précède ou suit homme. Un honnête homme, d'honnêtes gens, un homme, des gens qui observent les lois de la morale. Un homme honnête, des gens honnêtes, un homme, des gens qui observent les lois de la civilité.``
Loc. Trop + adj. + pour être honnête.Dont les manières, la mise, l'allure, etc. sont affectées, trop parfaites (vu les circonstances) et semblent cacher des intentions mauvaises ou d'une pureté douteuse.
[Correspond à I A 1] C'était un sournois, Vaudescal; il fallait s'en méfier, avec des chemises toujours bien trop propres pour qu'il soye tout à fait honnête (Céline, Voyage,1932, p. 623).Il a dû inventer quelque diablerie... Il marche trop vite pour être honnête (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 138).
[Correspond à I A 2] Une fille trop jolie pour être honnête, mise comme une divinité, chaussée en brodequins de prunelle qui n'étaient pas crottés (Balzac, Goriot,1835, p. 35).
SYNT. Honnête artisan, bourgeoisie, citoyen, garçon; famille, marchand, négociant, ouvrier honnête; les honnêtes gens; la morale des honnêtes gens; avoir l'estime des honnêtes gens; honnête et consciencieux, laborieux, loyal, pur, respectable, sain, simple, sincère, vertueux; bon, brave, digne, juste et honnête.
B. − [En parlant d'une chose, d'une action ou d'un comportement]
1. Qui est conforme à la probité, à la morale. Rares comme les fortunes honnêtes dans le monde financier (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 274).Cet autre renoncement plus cruel encore auquel M. Vinteuil avait été contraint, le renoncement à un avenir de bonheur honnête et respecté pour sa fille (Proust, Swann,1913, p. 160).Nous le payons deux francs la boîte [le lait], oui, quand il en vaut dix-huit dans les épiceries. Ce n'est pas honnête (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 117) :
3. − Quand j'avais dix-sept ans, et que je commençais d'aller dans le monde, je me mis tout de suite à flirter beaucoup, et je me rappelle qu'alors ma mère me dit : « Il ne faut pas allumer les jeunes filles, quand on n'a pas sur elles des vues sérieuses. Ce n'est pas honnête. » Montherl., J. filles,1936, p. 970.
2. [Avec une forte connotation sexuelle] Pur, innocent. Elle était trop jolie pour voyager seule, (...) tout était honnête en elle, excepté son regard. Ce regard avait tant d'esprit que (...) il pouvait paraître provocateur (Stendhal, Lamiel,1842, p. 155) :
4. Avant de se coucher, Ferdinand urinait dans un pot. C'était la seule circonstance où il se sentît parfaitement à l'aise de porter la main à son sexe en présence de sa femme (...). C'était une opération honnête, sans mystère, et ce bruit d'eau vive auquel il était habitué depuis son enfance lui était une chanson de quiétude bourgeoise. Aymé, Jument,1933, p. 186.
3. En partic. Qui n'a fait l'objet d'aucune fraude, d'aucune falsification, d'aucun artifice. Synon. non-frelaté, naturel.Alcool, marchandise, produit honnête; document honnête; travail honnête. Cette inoubliable cuisine rhénane, honnête, point frelatée (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 569).Cette prose si classique, si transparente, si honnête, si étrangère à tout charlatanisme, à tous ces artifices de style (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 202) :
5. Des petits débits improvisés s'ouvraient de tous côtés, où des commerçants sans scrupule épuisaient leurs stocks de produits frelatés, les Allemands ayant préalablement raflé tous les vins, liqueurs et boissons honnêtes. Gide, Journal,1943, p. 237.
Loc. Trop + adj. + pour être honnête.Dont l'aspect trop parfait semble cacher quelque chose de louche. C'était trop beau pour être honnête!... presque du quarante-sept pour cent!... ça! c'était sûrement des bandits! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 684).
SYNT. Apparence, parole, sentiment, travail, vie honnête; façons, intentions, mœurs, moyens, plaisirs honnêtes.
C. − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Le sentiment de l'honnête et du juste, le besoin de l'ordre et des convenances morales, conduit nécessairement au besoin d'aimer (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 80) :
6. Le bouleversement que Law opéra dans l'État par son papier, ne contribua pas peu à ébranler la morale du peuple. Intérêt et cœur humain sont deux mots semblables. Changer les mœurs d'un État ce n'est qu'en changer les fortunes. Dans les accès du désespoir, et dans le délire des succès, tout sentiment de l'honnête s'éteint, avec cette différence que le parvenu conserve ses vices, et l'homme tombé perd ses vertus. Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 327.
PHILOS. Bien moral. L'opinion d'une idée éternelle du juste, du beau, de l'honnête, indépendante de l'intérêt des hommes, de leurs conventions, de leur existence même (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 70).Il faudrait dire (...) que l'honnête dépend des conventions, dans le plein sens du mot; ce que traduit le principe juridique : « Le contrat est la loi des parties. » (Alain, Propos,1921, p. 202).
Rem. Il est parfois impossible, dans ces emplois, d'assigner un sens spécifique à honnête : les aspects « morale », « sexe » et « fraude » sont dans bien des cas difficilement dissociables, les effets de discours jouant implicitement de ces trois traits entre lesquels s'élabore le sens du mot.
II. − Conforme aux bienséances, à certains comportements socialement valorisés constituant une norme reconnue.
A. − [En parlant de pers.]
1. Honnête homme, au plur. honnêtes gens. [Au xviiesiècle, en France] Homme du monde, d'un commerce agréable, aux manières distinguées, à l'esprit fin et cultivé, mais non pédant. Un ami de Racine ou de Fénelon, un M. de Tréville, un M. de Valincour, un de ces honnêtes gens qui ne visaient point à être auteurs, mais qui se bornaient à lire, à connaître de près les belles choses, et à s'en nourrir en exquis amateurs, en humanistes accomplis (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1868, p. 227) :
7. La première condition, pour être réputé honnête homme au xviiesiècle, c'était d'avoir de la naissance, ou, du moins, de vivre sur un pied d'égalité avec ceux qui en avaient. L'honnête homme était alors, à peu de chose près, ce que nous appelons, en notre langue, un homme de bonne compagnie; et il n'y avait que les hommes de cour, en ce temps-là, qui fussent ou qui crussent être de bonne compagnie. Sarcey, Mot et chose,1862, p. 147.
8. La morale de l'honnête homme est éclectique : elle emprunte à la morale chrétienne et aux grandes morales antiques et contradictoires, la stoïque et l'épicurienne. Elle suppose la rente, l'assurance du lendemain, la certitude que confère la seigneurie ou l'office héréditaire. Elle suppose des loisirs et une vie à l'écart des aléas de la croissance capitaliste. La morale de l'honnête homme est une morale d'officier et de gentilhomme... P. Chaunu, La Civilisation de l'Europe classique, Paris, Arthaud, 1966, p. 605.
2. P. ext., vieilli. Qui fait preuve de politesse, de savoir-vivre, qui respecte les convenances. Je reconnois qu'en attaquant les martyrs il m'a traité avec décence, indulgence même, et avec ces égards qu'un honnête homme doit à un honnête homme (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 92).Voilà, madame, des paroles peu agréables que je voulais vous épargner, et en cela je me croyais honnête homme (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 394).
Rem. Honnête peut avoir, dans ce cas, le sens de « honorable ». À Vérone je suis descendu tranquillement en saluant l'honnête compagnie, et je suis rentré dans mon wagon-salon (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 107).
Loc. Vous êtes bien/trop honnête; c'est bien/trop honnête de votre part. Vous nous engagez à continuer notre correspondance commencée avec la Revue des Mondes, et c'est bien honnête de votre part (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1837, p. 748).Tu prendras ton café, demain matin. Je ne veux pas que tu partes à jeun? − Vous êtes bien honnête, c'est pas de refus (R. Bazin, Blé,1907, p. 324).
Rem. 1. Ces loc. sont souvent empl. de façon iron. par des pers. ayant le même statut social ou des statuts sociaux similaires. Voulez-vous que nous nous taisions pour savourer cette heure assez sinistre? Non, je vous intéresse? Vous êtes bien honnête (Camus, Chute, 1956, p. 1522). 2. Lorsqu'elles sont empl. par une pers. d'un statut social inférieur à la pers. à laquelle celle-ci s'adresse, elles marquent alors que le locuteur est sensible aux attentions, à la prévenance, à la politesse de la pers. à laquelle il s'adresse; dans ce cas leur emploi est vieilli ou affecté. Le citoyen Brotteaux (...) félicita son hôtesse de la suave odeur de cuisine qu'on respirait chez elle (...) − Vous êtes bien honnête, monsieur, répondit la bonne dame (France, Dieux ont soif, 1912, p. 66). C'est honnête à vous d'être venue ce soir, dit Gerbert (Beauvoir, Invitée, 1943, p. 277).
B. − [En parlant d'une chose, d'une action]
1. Qui marque de la politesse, du savoir-vivre, du respect des convenances. Lettre d'un petit jeune homme qui s'était offert à moi pour secrétaire et qui, sur une réponse honnête que je lui ai faite me raconte toute son histoire depuis le jour de sa naissance (Constant, Journaux,1805, p. 209).Leuwen dit un mot honnête, et ensuite demanda la permission de passer pour un moment dans une chambre voisine (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 168).Elles pleuraient, elles le maudissaient, les femmes qu'Henry abandonnait; il y mettait cependant d'ordinaire tous les ménagements d'un homme bien élevé, et il les envoyait promener de la façon la plus honnête qu'il pouvait aviser (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 259) :
9. Jugez donc quelle fut ma surprise de me retrouver tête-à-tête avec Annalena, mon cher amour, sur une terrasse écartée, au milieu de la plus belle ordonnance de statues et d'arbustes odoriférants que j'eusse encore vue. Mon premier émoi s'étant quelque peu apaisé, j'estimai plus honnête de modérer mon éloquence et de réfréner mes désirs. Milosz, Amour. initiation,1910, p. 58.
En partic. [En parlant d'un acte de communication : refus, excuse] Qui s'entoure de politesse, de courtoisie ou de bienséance, de manière à être acceptable ou plausible sans choquer ou blesser. Prétexte, refus honnête. [Ces] adjurations eurent au moins ceci d'utile qu'elles fournirent à Shelley une honnête excuse pour renoncer à se faire le champion d'opprimés trop satisfaits (Maurois, Ariel,1923, p. 115).J'avais compris qu'il était nécessaire, bon gré, mal gré, de recourir au mensonge. L'idée qu'il s'agissait d'un honnête mensonge ne me consolait pas tout à fait (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 113).
2. Conforme à l'usage établi, au bon sens, aux conventions sociales. C'étoit une honnête boutique de province, ou, pour parler plus correctement, de département (Balzac, Annette, t. 1, 1824, p. 132).La conversation venait à effleurer des sujets de mœurs et d'honnête volupté (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 18).Un abus sophistique de la raison, qui est à son usage honnête et raisonnable ce que les tours de dislocation sont à la saine gymnastique (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 348).Des particuliers ventrus qui se livraient chaque soir à cette débauche honnête et médiocre de boire un verre de liqueur en compagnie de filles publiques (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1179) :
10. Elle usa d'un droit de parenté pour exiger que notre père et notre mère vinssent dîner tous les dimanches à Monplaisir, où ils s'ennuyaient excessivement. Elle disait qu'il était honnête de dîner en famille le dimanche et que seuls les gens mal nés n'observaient pas cet ancien usage. A. France, Putois,1904, p. 59.
En partic. Convenable (en fonction de circonstances données). Synon. correct.Honnête récompense; prix, repas honnête. Comme je ne suis point matinal je n'aurais pu te faire une réponse honnête avant sept heures du matin (Flaub., Corresp.,1833, p. 10).Étrange compagnon : il porte un habit bleu fort honnête, mais il est sans bas, et personne ne s'en étonne (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 78).Pont fermé qui ne s'ouvrait que moyennant une honnête rétribution (Proust, Sodome,1922, p. 926).
III. − P. ext. Qui se trouve dans la moyenne. Synon. convenable, honorable, satisfaisant, suffisant.
A. − [En parlant de qqc. de quantifiable, de mesurable] Honnête abondance, aisance; fortune honnête; obtenir un résultat honnête. Votre lune de miel a duré un temps assez honnête (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 119).La goëlette (...) se contentant d'observer toujours une honnête distance entre elle et le brick (Sue, Atar-Gull,1831, p. 8).Il venait de se verser, dans un verre à dégustation gros comme une citrouille, une honnête dose d'armagnac (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 56).
B. − [En parlant d'une chose pour laquelle on peut établir un classement, une hiérarchie qualitative] Avoir une honnête culture; livre, œuvre honnête. Une œuvre de bon artisan, une toile honnête qui ne révèle aucune individualité (Huysmans, Art mod.,1883, p. 32).M. Cornabœuf, à qui l'on venait de servir un honnête Beaune 1911, voulut bien sourire (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 155).
En partic., vieilli. Condition, naissance honnête. Ni élevée, ni médiocre. J'étais d'une naissance honnête, mais obscure (mon père était officier) (Camus, Chute,1956, p. 1489).
C. − [En parlant d'une pers. dont on juge les performances, les résultats obtenus dans une activité] Joueur honnête. La petite Eva Jonquière... Bonne pour une honnête doublure. Ça ne peut quand même pas jouer toutes les jeunes premières (Duhamel, Suzanne,1941, p. 275).Le tennis par exemple, où je n'étais qu'un honnête partenaire (Camus, Chute,1956p. 1498).
Prononc. et Orth. : [ɔnεt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. xies. « honorable, juste » (S. Alexis, éd. Chr. Storey, Prol. : la sue juvente fut honeste e spiritel); 1174-76 « noble, honoré, digne d'estime » d'une pers. (G. de Pont-Ste-Maxence, S. Thomas, 3419 ds T.-L.); mil. xves. honnestes femmes (E. de Monstrelet, Chron., éd. Douët d'Arcq, t. 2, p. 381 : pour l'amour du sexe féminin et aussi pour l'onneur de chasteté... Commande... que honnestes femmes ne soient point traictes en publique); spéc. 1669 « qui respecte le bien d'autrui » (Molière, Avare, V, 2); 2. ca 1160 « convenable, considérable » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, I, 2083); 3. ca 1280 « courtois, civil » d'une pers. (G. d'Amiens, Escanor, 22654 ds T.-L.); 1538 honnete homme (Est. ds FEW t. 4, p. 462b); 1580 id. « homme affable, de conversation agréable » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, II, 12, p. 551); 1606 (Nicot : honneste homme et courtois : Bellus homo, urbanus, civilis), pour la conception de l'honnête homme au xviies., v. ds Livet Molière, s.v. honnête, l'analyse de N. Faret, L'Honnête homme ou l'Art de plaire à la Cour, 1630. Empr. au lat.honestus « honorable, digne de considération, d'estime; honorable, juste, conforme à la morale; beau, noble ». Fréq. abs. littér. : 5 564. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 146, b) 10 407; xxes. : a) 8 418, b) 4 364. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 7. - Quem. DDL t. 19. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 118.