| * Dans l'article "HOMOGÈNE,, adj." HOMOGÈNE, adj. Qui est composé d'éléments de nature semblable (à une autre chose). Anton. hétérogène.A. − [En parlant d'un ensemble, d'un tout] Dont tous les éléments sont de même nature et/ou présentent des similitudes de structure, de fonction, de répartition. Synon. cohérent, uni, régulier.Mélange, corps homogène; couleur, élasticité homogène. Poudres composées. Indépendamment de la grande finesse, ces poudres doivent être parfaitement homogènes et bien mélangées (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 577).Les schistes sont des roches argileuses qui se divisent facilement en feuilles parallèles, lorsqu'ils sont homogènes, ils donnent les ardoises qu'on exploite dans les Ardennes et aux environs d'Angers (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 88). − En partic. [En parlant de liquides, de fluides] Dont la composition uniforme ne permet pas de distinguer les constituants. Pâte homogène. Le mélange de plasma et de jus est rendu homogène en le brassant doucement à l'aide de l'extrémité d'une petite spatule ou d'un couteau à iridectomie (J. Verne, Vie cellul.,1937, p. 30).Joly et Musset prétendent que la liqueur employée par Pasteur n'est pas homogène, et aussi qu'il chauffe inégalement ses ballons (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 139). − Spécialement ♦ MATHÉMATIQUES
α) Fonction homogène, coordonnées homogènes : 1. L'étude des formes, ou fonctions homogènes de plusieurs variables indépendantes, a pris un grand développement dans la première moitié du xixesiècle, en liaison avec l'essor de la géométrie analytique, et tout spécialement avec l'emploi des coordonnées homogènes. Dans ce système de coordonnées, l'équation d'une courbe plane, ou d'une surface, se ramène en effet à l'annulation d'une forme binaire, ou ternaire (à deux, ou trois, variables indépendantes), et les changements de coordonnées équivalent à des substitutions.
Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 15.
β) Équation linéaire homogène. Lorsque ces auteurs énoncent que la solution générale de l'équation linéaire homogène d'ordre N est combinaison linéaire de N solutions particulières, ils n'ajoutent pas que celles-ci doivent être linéairement indépendantes (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 81).
γ) Espace homogène. ,,On appelle espace homogène un ensemble E muni d'un groupe transitif d'opérateurs. Voici, pour terminer, un exemple important de cette situation, auquel on peut toujours se ramener par un isomorphisme`` (J.-L. Verley, Groupes mathématiques ds Encyclop. univ. t. 8 1970). ♦ MUS. ,,Un son est homogène, s'il est homogène dans les trois plans de référence, c'est-à-dire si son timbre, sa tessiture et sa dynamique sont constants pendant toute sa durée, ou pendant la durée d'une certaine portion de ce son, qui constituera un fragment homogène`` (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 226). − Au fig. Qui présente une grande unité, une cohérence entre ses éléments. La propriété individuelle bourgeoise n'est donc pas un bloc homogène : elle-même, bien des fois, n'a pu subsister qu'en se décomposant (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 173).Mais, quoi qu'il en soit de son droit constitutionnel, et de la police intérieure qui le régit, l'Oratoire forme certainement une congrégation très unie, très homogène et qui se distingue aisément des autres (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 185).Elle vivait dans un milieu plus homogène que le mien, où les valeurs religieuses étaient affirmées unanimement et avec emphase : le démenti que la pratique infligeait à la théorie n'en prenait qu'un plus scandaleux éclat (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 118). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Voilà comment l'hypothèse de l'unité des forces physiques exprime ce qui dans l'observation est étranger ou même contraire à l'observation, laquelle ne saisit jamais l'homogène et le continu (Blondel, Action,1893, p. 64).Il faut laisser aux savants ou aux philosophes scientifiques, le soin de déterminer les lois générales qui régissent l'évolution du monde, ou de trouver, selon l'expression de M. Lalande, des « idées directrices », telles que celle de la dissolution, du retour éternel, ou du passage de l'homogène à l'hétérogène (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 41). B. − [En parlant des éléments constitutifs d'un ensemble, d'un tout] Dont la nature, la structure, la fonction ou la répartition est semblable à un ou à des éléments de cet ensemble, de ce tout. Synon. semblable.L'hybridation contrôlée entre variétés définies permettrait d'orienter d'une manière sûre l'obtention de formes nouvelles, mais elle suppose l'emploi de géniteurs suffisamment homogènes et de comportement bien connu (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 46) : 2. ... pour être convaincante, une étude sur le comportement électoral doit descendre à un degré de précision tel que les unités territoriales considérées soient suffisamment homogènes pour que la comparaison entre elles permette de mettre en rapport les variations politiques avec celles de certains des facteurs sociaux qui peuvent conditionner les votes.
Traité sociol.,1968, p. 56. − Au fig. Qui présente une cohérence, une harmonie (avec d'autres éléments semblables). Les différences capitales qui séparent les mondes contemporains de chaque philosophie interdisent aux philosophes d'attribuer des sens homogènes aux diverses expressions de la pensée générale (Nizan, Chiens garde,1932, p. 48). ♦ Homogène à + subst.L'introspection peut être de style naturaliste si elle traduit les actes en langage de faits anonymes, homogènes aux autres faits de la nature (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 14). REM. Homogénique, adj.,hapax. En tout cas cependant, lorsque prévaut une conception purement profane et « homogénique » de l'autorité temporelle, le chef est seulement un compagnon qui a le droit de commander aux autres (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 214). Prononc. et Orth. : [ɔmɔ
ʒ
εn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [1503 homogenee fém. « de même nature en toutes ses parties; de même nature qu'un autre objet » (Le Guidon en francoys, 310a, éd. 1534 ds Rom. Forsch., t. 32, p. 77)]; 1516 « de même nature en toutes ses parties » (J. Perréal, Les Remonstrances ou la complainte de nature de l'alchymiste errant, éd. Méon, 794); 2. a) 1552 [nouv. style] parties homogènes « de même nature, semblable » (Leon Hebrieu, Trad. de P. de Tyard, II, 283 ds Z. rom. Philol., t. 28, p. 724); b) 1657-58 math. (Pascal, De l'Esprit géométrique, dans
Œuvres, éd. L. Lafuma (1963), p. 354a; grandeurs homogènes); c) 1733 « qui présente une grande harmonie, une grande unité entre ses divers éléments » (Dublas, Réflexions critiques, t. 2, p. 79). Empr. au gr.
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̔
μ
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γ
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ς « de même race, de même sorte, semblable », par l'intermédiaire du lat. scolast. homogeneus, de même sens (av. 1200, 1620 ds Latham), dont rend compte la forme homogénée. Fréq. abs. littér. : 470. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 198; xxes. : a) 1 159, b) 795. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 316. |