| * Dans l'article "HOMMAGE,, subst. masc." HOMMAGE, subst. masc. A. − FÉOD. Promesse de fidélité et de dévouement absolu d'un vassal envers son seigneur. Recevoir l'hommage d'un vassal; jurer, rendre foi et hommage. On fit grand accueil au duc de Juliers; il prêta foi et hommage pour la seigneurie de Vierzon qu'on lui rendit, et il redevint homme du roi (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 392). ♦ Hommage lige. Hommage qui liait le vassal au seigneur quant à leurs personnes, et en vertu duquel le seigneur pouvait employer son vassal comme il le voulait (d'apr. Bouillet 1859). Raymond se rendit donc de sa personne au camp impérial et là, suivant les rites féodaux, agenouillé devant l'empereur, « lui fit hommage lige de ses mains » (Grousset, Croisades,1939, p. 154). B. − P. anal. Marque de vénération, de soumission. Rendre hommage à Dieu, aux dieux : 1. Lucien prétend que les Indiens, en rendant leurs hommages au Soleil, se tournaient vers l'Orient, et que, gardant un profond silence, ils formaient une espèce de danse imitative du mouvement de cet astre.
Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 26. − P. ext. Marque, témoignage de respect, de reconnaissance, de gratitude envers quelqu'un ou quelque chose. Le souvenir de l'activité de la vie était le plus bel hommage que l'on crût devoir rendre aux morts (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 37).Cette inquiétude fut dissipée par les hommages sans nombre que mon père reçut à Saint-Ouen. Toute la France vint le voir (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 85) : 2. Il s'éteignit deux jours après. Et personne, en dehors de quelques douzaines d'artistes, ne le sut. Et c'était bien ainsi. Il avait toujours dédaigné l'hommage et méprisé ceux qui s'abaissent pour le surprendre ou le forcer.
Faure, Hist. art,1921, p. 214. SYNT. Bel, éclatant, juste hommage; hommage funèbre; hommage à l'innocence, à la légitimité, à la timidité; hommage aux ancêtres; obtenir plein hommage; assaillir qqn de respects et d'hommages; rendre un hommage éclatant, impartial à qqn; rendre hommage à la bonté, au drapeau, à la justice, au progrès, à la vertu. ♦ Au plur. [Dans une formule de politesse] Distribuer, présenter ses hommages; mettre ses hommages aux pieds de qqn; hommages respectueux. Agréez mes souvenirs pleins de bienveillance, et les respectueux hommages que je suis heureux de pouvoir vous offrir directement (Balzac, Corresp.,1834, p. 486).Veuillez présenter mes hommages à Madame votre mère et croire à ma sincère affection (Tocqueville, Corresp. [avec Reeve], 1839, p. 48).Au sing., rare. Je ne demanderois que l'honneur de pouvoir vous présenter souvent mon hommage et mes respects (Balzac, Annette, t. 2, 1824, p. 68). − En partic. ♦ Rendre hommage à la vérité. La proclamer hautement : 3. Qu'il se tût seulement, et la plus belle carrière attendait le plus jeune lieutenant-colonel de l'armée. Il comprit, mais refusa de s'avilir et rendit publiquement hommage à la vérité. De ce jour, il fut perdu.
Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 30. ♦ Rendre à qqn l'hommage de qqc. Reconnaître qu'on a une dette morale envers quelqu'un, lui témoigner publiquement de la reconnaissance : 4. Lorsque vers la fin du Prince de Hombourg, le Prince, dos au public, s'adresse à l'Électeur qui se trouve au fond de la scène, mêlé aux autres personnages : « Vois, tu m'as rendu la vie! », il s'efface ainsi lui-même et il appelle l'Électeur à la lumière, non seulement pour lui rendre l'hommage de son propre héroïsme, mais encore pour le proposer à une commune reconnaissance.
Serrière, T.N.P.,1959, p. 145. ♦ Rendre un dernier hommage à qqn. Témoigner une dernière fois son respect, sa reconnaissance, sa gratitude à un défunt. Je ne doutai pas qu'il ne fût question d'un article nécrologique dans lequel la tendre veuve désirait qu'on rendît un dernier hommage à l'époux dont elle pleurait la perte (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 41). C. − Le plus souvent au plur. Soins empressés, marque de dévouement qu'un homme témoigne à une femme. Accueillir, recevoir les hommages de qqn; décerner, dédaigner, recueillir des hommages; être entourée d'affections et d'hommages; femme accoutumée aux hommages. Elle avait vingt-trois ans; déjà à la cour depuis longtemps, elle avait éconduit les hommages du plus haut parage (Stendhal, Amour,1822, p. 53).Ce noble dévoûment qui la portait à se dérober aux hommages des jeunes hommes pour soutenir les pas d'un vieillard (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 104). − P. euphém. [En parlant de relations charnelles] Brook s'était imaginé que Judith, pour laquelle depuis longtemps il se sentait un faible, s'estimerait grandement honorée d'accepter ses hommages. Mais la bizarre fille, tout avilie et prostituée qu'elle fût, gardait de singulières fiertés, l'âpre amour de son indépendance. Brook s'était vu piteusement mis en déroute (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 379). D. − Don, offrande. Je suis toujours heureux de déposer à vos pieds l'hommage d'une amitié, blessée quelquefois, toujours entière (Hugo, Corresp.,1833, p. 527).Le soir du neuvième jour il reçut, en hommage d'auteur, un petit livre qui venait de paraître, d'un confrère qu'il admirait et détestait (Montherl., Démon bien,1937, p. 1366) : 5. Je vous ai fait l'honneur de vous recevoir à ma table. Plein de gratitude, vous vous êtes honoré vous-même en me faisant hommage de quelques vêtements, sans la facture. Nous voilà quittes.
Bloy, Journal,1896, p. 233. − Hommage d'un auteur, d'un éditeur. Parmi les objets de peu de valeur vendus chez moi, il y avait des livres non coupés, hommages des auteurs, avec leurs lettres non décachetées (Hugo, Corresp.,1852, p. 111). − [Dans des formules de politesse] Offrir, présenter l'hommage de son profond respect et de sa reconnaissance à qqn. Daignez agréer ceci comme un hommage de ma reconnaissance (Ac.).Recevez, monsieur le Comte, l'hommage bien sincère de mon respectueux attachement, et conservez-moi un peu de part dans votre souvenir (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1897).Je vous prie, Général, d'avoir la bonté de me répondre et d'accepter l'hommage de ma considération la plus distinguée (Flaub., Corresp.,1863, p. 94).Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement (J.O., Décret rel. organ. état-major arm., 1890, p. 2234). REM. 1. Hommagé, -ée, adj.,dr. féod. Qui est tenu en hommage. Terre hommagée (Ac.). 2. Hommager, subst. masc.,dr. féod. Celui qui devait l'hommage. Emploi adj. Vassal hommager (Ac.). Prononc. et Orth. : [ɔma:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. V. homme. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 homage « devoir que le vassal était tenu de rendre à son seigneur » (Eneas, 3858 ds T.-L.); 2. ca 1165 « marque de déférence, de courtoisie » ici, adressée à une femme (B. de Ste-Maure, Troie, 13585 ds T.-L.); mil. xves. rendre hommage (J. Régnier, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, 2946, p. 105 ds IGLF : Graces luy en rendz et hommage); 2emoitié xves. faire hommage de qqc. ici, p. iron., en parlant d'un coup (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 226, 41795); 1644 au plur. (Corneille, Pompée, III, 2 ds Littré : Grâces à ma victoire, on me rend des hommages). Dér. de homme* (au sens B 4); suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 2 200. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 779, b) 2 834; xxes. : a) 1 957, b) 2 582. Bbg. Ganshof (F.L.). Note sur l'apparition du nom de l'hommage... In : [Mél. Kallen (G.)]. Bonn, 1957, pp. 29-41. - Hollyman 1957, p. 120; pp. 142-143. |