| * Dans l'article "HOBEREAU,, subst. masc." HOBEREAU, subst. masc. A. − Oiseau rapace diurne du genre faucon, mais plus petit que ce dernier, migrateur, vivant en Europe l'été, en bordure de forêt ou dans les boqueteaux et chassant pour se nourrir des petits oiseaux, comme les alouettes, les cailles, ainsi que des insectes : 1. Une dent de chaque côté ajoute beaucoup à la force d'un tel bec. C'est pourquoi les faucons, cresserelles et hobereaux passent pour des oiseaux nobles et plus courageux que les oiseaux de proie qui n'ont pas cette dent.
Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 194. B. − P. anal., péj. Gentilhomme de petite noblesse vivant sur ses terres : 2. Souvent obéré et toujours besogneux, [le gentilhomme résidant sur ses terres] vivait d'ordinaire fort chichement dans son château, ne songeant qu'à y amasser l'argent qu'il allait dépenser l'hiver à la ville. Le peuple, qui d'un mot va souvent droit à l'idée, avait donné à ce petit gentilhomme le nom du moins gros des oiseaux de proie : il l'avait nommé le hobereau [it. ds le texte].
Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 207. − HIST., au plur. En Allemagne, parti politique agrarien influent du xixesiècle, groupant des gentilshommes campagnards prussiens à l'esprit conservateur, faisant carrière dans l'armée : 3. C'est absolument contraire à la pratique même des socialistes allemands, qui ne craignent pas, contre les hobereaux, contre la survivance de la féodalité agraire, de soutenir les bourgeois libéraux.
Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 73. Rem. Rare, emploi adj. fém. Anciennes familles hobereautes (La Varende, Gentilsh., 1948, p. 89). REM. 1. Hobereautaille, subst. fém.,rare. Ensemble des hobereaux. Il jouissait d'une plénitude heureuse très particulière, qu'il connaissait bien sans pouvoir nettement en définir l'essence : une sûreté complète, un confort social certain. Ce sentiment ne s'établissait en lui qu'à la campagne et en compagnie de forts paysans. Graveron, le comte de Graveron, son ami, appelait cette paix comblée : « la joie Ancien Régime ». Peut-être était-ce la reconstitution du double élément vital, hobereautaille et paysannerie, s'appuyant l'un sur l'autre, se combinant encore, comme jadis ils le firent pour former les grandes nations (La Varende, Manants du Roi, 1938, p. 147; v. aussi Id., Don Bosco, 1951, p. 246). 2. Hoberelle, subst. fém.,rare. [En parlant d'une femme] Cf. supra B.Les hobereaux du voisinage, ceux qui se croient nobles et les autres, y faisaient luire [dans la tribune] leurs monocles et les hoberelles leurs dents et leurs ombrelles gorge-de-pigeon (Jammes, Mém., 1922, p. 130). Prononc. et Orth. : [ɔbʀo] init. asp. Passy 1914 admet [hɔbʀo]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1195 hoberel « petit oiseau de proie » (Ambroise, Guerre Sainte, 1625 ds T.-L.); 1377 hobereau (Gace de La Buigne, 5564, ibid.); 2. 1579 hobreau « gentilhomme campagnard de petite noblesse » (H. Estienne, Precellence du Langage François, p. 127 ds Hug.). Forme élargie par le suff. -ereau (-eau*), de l'a. fr. hobel « sorte de petit oiseau de proie » (fin xiiies. ds T.-L.), cf. ses var. hobé (fin xiiies.-fin xives., ibid.) et hobier (fin xive-début xves., ibid.), qui se rattache prob. à l'anc. verbe hobeler « escarmoucher, harceler l'ennemi, piller » (ca 1195, Ambroise, op. cit., 2384 ds T.-L.), lui-même empr. au m. néerl. hob(b)elen « tourner, rouler »; cf. néerl. hobbelen « se balancer », qui remonte à un verbe germ. *hubbon (v. aubin). Cf. FEW, t. 16, pp. 215a-216b. Fréq. abs. littér. : 111. |