| HISSER, verbe trans. A. − MAR. Élever, faire monter (une embarcation, un canot, une voile, un fardeau) à une hauteur déterminée, par traction sur un cordage travaillant sur une poulie ou un palan et actionné soit à la main, soit à l'aide d'un appareil de levage. Synon. embarquer, guinder; anton. abaisser, abattre, descendre.Harbert et le marin se rembarquèrent donc sur le Bonadventure, dont l'ancre fut levée, la voile hissée (Verne, Île myst.,1874, p. 362).Sous voiles, sa livarde et son hunier hissés, son grand foc, son petit foc, sa trinquette établis et sa brigantine d'artimon déployée, la barque à Papadakis avait grande allure (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 170).V. aussi bonnette ex. 1 : 1. Le radeau fut hissé un peu plus haut, le mât de charge pivota, et l'engin et son homme disparurent le long de la coque. En pesant sur le palan, Gérard s'aperçut que les ordres de Simon avaient été exécutés.
Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 247. ♦ Cour. Hisser le drapeau, les couleurs. Synon. arborer; anton. amener, abattre.[Faire] amener le pavillon tricolore et hisser l'Union Jack (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 172) : 2. La plus belle des aventures (...) est la rencontre de deux vaisseaux (...). Les deux bâtiments s'approchent, hissent leur pavillon, carguent à demi leurs voiles, se mettent en travers.
Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 258. − [À l'impér., en emploi interjectif pour rythmer un effort collectif sur un cordage; p. ext. effort individuel bref, intense et répété] Oh hisse! Ohé hisse! « Oh! hisse » des matelots, jurons, chants, sifflets de bateaux à vapeur (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 51).On tira, tous attelés à la corde, Buteau d'abord, puis la Frimat, la Bécu, Françoise, Lise elle-même (...) − Ohé hisse! criait Buteau, tous ensemble!... (Zola, Terre,1887, p. 259). B. − P. ext. Hisser sur, à, jusqu'à.Élever, faire monter (quelque chose ou quelqu'un) en faisant un effort. Des gosses, hissés sur l'épaule des pères, ouvraient des yeux fascinés (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 451).Au terminus de la voie ferrée, le chauffeur avait hissé leur malle, et quelques ballots, sur le toit (Camus, Exil et roy.,1957, p. 1561).V. bassin ex. 27 : 3. − C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : La poulie, le seau et la corde... (...). Je ne voulais pas qu'il fît un effort : − Laisse-moi faire, lui dis-je, c'est trop lourd pour toi. Lentement je hissai le seau jusqu'à la margelle.
Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 482. ♦ P. métaph. Ils avaient (...) hissé à grand-peine leur courage au niveau de cette épreuve, tendu leurs dernières forces pour demeurer sans faiblir à la hauteur de cette souffrance (Camus, Peste,1947, p. 1275). ♦ Hisser sur un piédestal, sur le pavois (au fig.). Élever au plus haut degré, estimer au plus haut point. Fie-toi à moi toujours, comme si j'étais resté encore sur ce piédestal où ton amour m'avait hissé (Flaub., Corresp.,1846, p. 399). − Emploi pronom. S'élever avec effort. Se hisser sur un mur, à une fenêtre; se hisser sur la pointe des pieds, à la force du poignet; se hisser sur un cheval. Bernard (...) s'était hissé sur son bureau et balançait les jambes (Martin du G., Devenir,1909, p. 54).Je l'imitai et me hissai sur des échasses aussi hautes que les siennes, malgré une horrible peur de tomber (A. France, Vie fleur,1922, p. 402) : 4. Assister aux exécutions constitue un devoir [pour le gamin de Paris] (...). Pour ne rien perdre de la chose, on escalade les murs, on se hisse aux balcons, on monte aux arbres, on se suspend aux grilles, on s'accroche aux cheminées.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 696. ♦ Au fig. Synon. de se hausser.Se hisser au premier rang, à l'échelon supérieur, à une fonction, au pouvoir. Elle avait une façon prévenante d'écouter qui prêtait de la valeur à ses interlocuteurs et les encourageait à se hisser pour elle au-dessus de leur niveau habituel (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 796) : 5. ... offrir même une aide pour franchir les mauvais jours à venir, (...) croyez-moi cher monsieur, c'est atteindre plus haut que l'ambitieux vulgaire et se hisser à ce point culminant où la vertu ne se nourrit plus que d'elle-même.
Camus, Chute,1956, p. 1485. REM. 1. Hissage, subst. masc.,mar. Action de hisser. Palan de hissage. Une poulie de retour sera employée pour diriger sur un treuil ou un cabestan le garant d'une caliorne de hissage (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 49). 2. Hissement, subst. masc.Même sens. Hissement des couleurs ([Pesch], Hist. École nav.,1889, p. 312).[Son] aigre comme un hissement de poulie (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 184). Prononc. et Orth. : [ise] init. asp., (il) hisse [is]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. a) 1552 inse! « commandement pour faire tirer quelque chose en haut » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, XX, 34); b) 1573 ysser « tirer en haut, surtout à l'aide d'une corde » (Du Puys); c) av. 1794 se hisser « s'élever avec effort » (Florian, L'Enfant et le dattier ds Fables, éd. H. Bonhomme, p. 202). Empr. du b. all.hissen « hisser » (cf. m. néerl. hischen, hijschen, de même sens), de formation onomatopéique. La forme nasalisée hinser est sans doute due à la volonté de rendre le bruit sourd que fait la corde sur laquelle on tire, cf. FEW t. 16, p. 209 b. Fréq. abs. littér. : 570. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 252, b) 832; xxes. : a) 974, b) 1 173. Bbg. Gorog (R.P. de). Notes on the etymology of several Fr. words of Germanic origin. Rom. Notes. 1959, t. 1, p. 75. |