| * Dans l'article "HERMÉTIQUE,, adj." HERMÉTIQUE, adj. I. A. − [Correspond à hermétisme A] Relatif à l'hermétisme. Science, ouvrage hermétique. Ses membres [de la franc-maçonnerie] se divisent entre eux en deux classes : la franc-maçonnerie philosophique et la franc-maçonnerie hermétique ou égyptienne (...). La seconde se rapporte aux sciences, à celles qui s'occupent des secrets de la nature (Staël, Allemagne, t. 5, 1810, p. 148) : 1. La philosophie hermétique nous enseigne que les corps n'ont aucune action sur les corps, et que, seuls, les esprits sont actifs et pénétrants. Ce sont eux, les esprits, ces agents naturels qui provoquent, au sein de la matière, les transformations que nous y observons.
Fulcanelli, Demeures philosophales, t.1, 1929, p. 128. ♦ P. ext., vieilli. Relatif à un savoir occulte. Synon. ésotérique, occulte.Depuis les beaux jours du symbolisme indien et de la mythologie grecque, on n'avait rien connu de plus véritablement hiéroglyphique, cabalistique et hermétique (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 19). − Emploi subst. ♦ Subst. fém. Synon. de hermétisme.Voir Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 122. ♦ Subst. masc. Synon. de hermétiste.Cette huile de Harlem (...) est un médicament qui semble avoir été inventé par un hermétique moyenâgeux (Goncourt, Journal,1893, p. 484). B. − [Correspond à hermétisme B] 1. [En parlant d'une œuvre d'art ou de l'esprit] Difficile ou impossible à comprendre et/ou à interpréter. Synon. abscons, ésotérique, obscur, sibyllin; anton. clair.Langage, terme hermétique. Je me délectais, aux repas, de récits à mots couverts, de ce langage, employé par les parents, où le vocable hermétique remplace le terme vulgaire (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 44).Ils [des prêtres] avaient bien l'air, eux-mêmes, de se mouvoir avec gêne dans ces ténèbres, d'aller à l'aveuglette, de tourner avec un inconscient malaise autour de ces dogmes hermétiques. Ils affirmaient. Ils affirmaient quoi? Ce qu'on leur avait affirmé (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1384). − En partic., domaine de la crit. : 2. À tout le moins le caractère fermé, hermétique, d'une œuvre qui exige pour qu'on l'aborde un état d'âme aussi particulier, risque-t-il de compromettre la foi dont le poète [Claudel] s'est fait le missionnaire et l'apôtre.
Massis, Jugements,1924, p. 256. ♦ P. ext. [En parlant d'une pers.] Qui est ou est considéré comme un tenant de l'hermétisme. La brièveté, la précision, la promptitude, le contour, voilà de quoi nous faire prendre pour des écrivains hermétiques (Cocteau, Crit. indir.,1932, p. 25).Le peintre Joan Miró, réputé hermétique (Levinson, Visages danse,1933, p. 74).Emploi subst. masc. Proust, Valéry, Mallarmé et autres hermétiques (Benda, Fr. byz.,1945, p. 147).Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Le culte de l'hermétique; du rare; du précieux (Benda, Fr. byz.,1945p. 223). 2. Hermétique à (qqc.).[En parlant d'une pers.] Qui est insensible à (quelque chose). J'avoue rester hermétique à ses qualités [d'une chanteuse], ni sa voix haut perchée, ni ses mines, ni ses chansons, dont la poésie m'échappe, ne m'ont plu (Le Monde,19 janv. 1952, p. 8, col. 3). II. − [En parlant de choses] Qui est fermé ou qui ferme de manière à empêcher tout échange avec le milieu ambiant. Synon. étanche.Fermeture, récipient hermétique. Des marmites construites pour résister à la pression, fermées par un couvercle à joint hermétique (Lar. mén.1926, p. 459). − P. ext. et p. plaisant. Qui est parfaitement clos. Les voyageurs ont souvent des objets qui pourraient tenter la cupidité des larrons, et leurs logements doivent être clos, de façon hermétique (Gautier, Fracasse,1863, p. 283).Contenir dans ma bouche hermétique le rire qui cherche une issue (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 194).Elle arrive embobelinée dans un vaste cache-poussière, en soie glacée d'argent, si hermétique et si convenable que je m'étonne (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 109). − P. métaph. ou au fig. Qui empêche toute communication. Frontières hermétiques. L'hiver, le printemps, l'été, ne sont pas séparés par des cloisons aussi hermétiques que tend à le croire le boulevardier qui jusqu'aux premières chaleurs s'imagine le monde comme renfermant seulement des maisons nues sous la pluie (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 634). III. − [En parlant d'une expression, d'une partie du corps] Qui ne laisse pas paraître les réactions, les sentiments (d'une personne). Synon. fermé, impénétrable; anton. ouvert.L'adolescent avait fermé des yeux qui peut-être eussent trahi malgré lui une faiblesse, le désir de plier, − visage strictement hermétique, osseux, comme taillé dans le silex, où rien de sensible ne subsistait que la double meurtrissure des paupières (Mauriac, Désert am.,1925, p. 24). − P. ext. [En parlant de pers.] Synon. de secret.Hanté de négoce, dangereusement dolent par calcul, hermétique et imprudent, désarmant dès qu'il le voulait, il n'omit jamais de ménager ma part de tourments précis et de plaisirs confus (Colette, Apprent.,1936, p. 118). Rem. En archit. [Correspond à Hermès] Colonne hermétique. Colonne surmontée d'une tête d'homme en guise de chapiteau. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [ε
ʀmetik]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1554 « se dit d'un mode particulier de fermeture des vases réalisé par les alchimistes » hermetic vase (Bl.-W. 1-5); 1620 fermeture hermétique (Jean Beguin, Les Elemens de Chymie ds Fr. mod. t. 14, p. 285); b) 1837 plus gén. « se dit de toute fermeture parfaitement étanche » (Balzac, C. Birotteau, p. 367 : fermeture plus ou moins hermétique); 2. 1610 « relatif à l'alchimie » pierres hermetiques (Beroalde de Verville, Voyages des princes fortunez, p. 377 ds Hug.); 1762 subst. fém. « science, doctrines de l'alchimie » (Ac.); 3. 1843 « occulte, secret; difficile à interpréter » significations hermétiques (Gautier, Voyage en Espagne, p. 164 ds Rob.); cf. 1863 rêvasseries hermétiques (Id., Fracasse, p. 92). Dér. irrég. du b. lat. Hermes Trismegistus, du gr. Ε
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ς (iiies. apr. J.-C. ds Liddell-Scott) c'est-à-dire « Hermès trois fois très grand », désignant le dieu Thot des Égyptiens, ainsi nommé par les Grecs de l'époque hellénistique et à qui les alchimistes attribuaient la fondation de leur art. Fréq. abs. littér. : 114. DÉR. Herméticité, subst. fém.[Correspond à hermétique II] Qualité de ce qui est clos ou de ce qui ferme d'une manière hermétique. Herméticité d'un récipient. [Dans les puits artésiens], il convient d'assurer l'herméticité des joints d'une section à la suivante, en coulant du béton dans l'intervalle des deux fractions du tubage (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 223).− [ε
ʀmetisite]. − 1reattest. 1846 (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, p. 199 : caché par une pierre qui le refermait avec une herméticité presque parfaite); de hermétique, suff. -ité*. BBG. − Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 297-298. |