| HERCULE, subst. masc. I. A. − [Dans la myth. gréco-romaine] Nom du demi-dieu, fils de Jupiter et d'Alcmène, célèbre par ses luttes et ses douze travaux, symbole de la force physique. Colonnes d'Hercule. V. colonne ex. 4 : Un peu plus tard, ces mêmes dieux dégagent leur humanité ensevelie dans les énergies brutes de la nature, et (...) l'Apollon libérateur, l'Hercule dompteur des monstres (...) forment le noble chœur des figures (...) que les poèmes d'Homère vont asseoir sur des trônes d'or.
Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 346. − P. méton. Sculpture antique représentant le demi-dieu. L'art romain nous a laissé beaucoup d'Hercules qui ne sont que des copies des Héraclès grecs (Lavedan1964). − Loc. exclam. Par Hercule. Par Hercule! on est prêt à jurer que ce vieux Un beau matin germa dans ce bloc chassieux [le pilier de l'église] (Hugo, Toute la lyre, t. 2, 1885, p. 108). Rem. Lar. 19e-Lar. encyclop., Quillet 1965 enregistrent les syntagmes travaux d'Hercule, un treizième travail d'Hercule, souvent p. iron. « travail demandant une force et une énergie exceptionnelles ». B. − P. ext. Homme le plus souvent de forte carrure, doué d'une grande force physique; personne capable d'exploits de tous ordres. Bâti, taillé en hercule; fort comme un hercule; bras, épaules, poings d'hercule; c'est un hercule. Une âme chaste, mais logée dans un corps puissant d'hercule (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1039).Le capitaine, sorte de colosse à figure éteinte, d'hercule grisonnant, farouche et grave (Loti, Matelot,1893, p. 35).Ce cou de taureau, Dont se prévaudrait un hercule (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 214).V. essayer ex. 10. − En partic. Homme faisant des tours de force dans les spectacles forains. Hercule de foire; l'hercule de la troupe. Ce gaillard-là, qui (...) ferait fortune à poser pour les hercules dans les troupes de saltimbanques (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 504).Au milieu du groupe, écartant les autres d'un geste circulaire, comme un hercule forain qui va faire des poids, Hamel, les manches retroussées, donnait une exhibition (Dorgelès, Croix bois,1919, p. 183). II. − Arg., vx. Billet de mille francs; forte somme (d'apr. France 1907 et Esn. 1966). Huit « hercules », huit billets de mille (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 71). REM. Héraclide, subst. masc. et adj.a) Subst. masc., le plus souvent au plur. Descendant d'Hercule. Les Héraclides s'établirent dans le Péloponnèse (Littré). b) Adj., rare, littér. Qui ressemble à Hercule. Un pauvre homme (...) se nommait assez cocassement Hercule Joly et c'était bien le personnage le moins héraclide qu'on pût voir (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 258). Prononc. et Orth. : [ε
ʀkyl]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1550 (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, livre V, 90, t. 3, p. 95). Empr. au lat.Hercules (à rapprocher du gr. Η
ρ
α
κ
λ
η
̃
ς), demi-dieu rendu célèbre par ses travaux et sa force, attesté comme nom propre ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 9487. Le juron Hercules « par Hercule » (Rabelais, Tiers Livre, Prologue, éd. M. A. Screech, p. 18, 255), reprend le juron du lat. class. hercules, déjà sous la forme hercle chez Plaute, d'orig. controversée (v. Ern.-Meillet). Fréq. abs. littér. : 140. Bbg. Migl. 1968 [1927], p. 143. |