| HARPONNER, verbe trans. Frapper avec un harpon. Harponner une baleine (Ac.). Des parties sous les vergnes au bord de ces ruisseaux si froids, si vifs dans leurs pierres brunes : les écrevisses qu'on pêchait à la balance ou les truites qu'on harponnait à la fourchette (Pourrat, Gaspard,1922, p. 148).♦ P. métaph. : Puis ils s'étaient assis, tout près du feu, sur un siège bas. Ils ne parlaient guère, harponnés par le désir, les lèvres pleines de cette soif sauvage qui les jette sur d'autres lèvres, les bras frémissants du besoin de s'ouvrir et d'étreindre.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, M. Jocaste, 1883, p. 873. − Au fig., fam. ♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Saisir au passage. Se faire harponner. La présentation achevée, le Triestin s'écarta pour harponner un député (Vogüé, Morts,1899, p. 283).Attraper, accrocher. Mais il se peut aussi qu'au plus obscur de son cœur, elle sentît le jeune mâle solidement harponné (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 201).Harceler. Des sentiments analogues harponnent MmePeyrony jusqu'à l'endroit où son fils, sans défense, est étalé avec les fards de la mort (Montherl., Olymp.,1924, p. 317). ♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] S'emparer subrepticement de quelque chose. C'était tout le dîner de Gaspard, avec un pot de vin du cru et un morceau de fromage de chèvre que l'industrieux enfant avait harponné la veille dans une métairie (Sandeau, Sacs,1951, p. 21). REM. 1. Harponnage, subst. masc.Action de harponner. P. métaph. Je voudrais savoir comment l'idée de l'Allemagne s'est formée en moi. Je n'y arrive qu'à grand peine, par raccrocs de souvenirs, harponnages imprécis, à la chance de ma petite enfance (Arnoux, Contacts all.,1950, p. 15). 2. Harponnement, subst. masc.Même sens. Harponnement d'une baleine (Littré). Prononc. et Orth. : [aʀpɔne] init. asp., (il) harponne [aʀpɔn], je harponne [ʒ
əaʀpɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1613 « atteindre, accrocher (un poisson) avec un harpon » (Champlain, Voyages, t. 3, 228 ds Fr. mod. t. 26, p. 53); 2. 1830 « accaparer » (Balzac, Bal Sceaux, p. 115). Dér. de harpon*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 35. DÉR. Harponneur, subst. masc.Marin spécialisé dans le lancement du harpon. Le harponneur lapon, plus audacieux que tous les héros de l'antiquité, seul, au sein du plus terrible des climats et des éléments, d'un coup de trait perce un colosse formidable, et procure l'abondance à toute sa tribu (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 73).− [aʀpɔnœ:ʀ] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1reattest. 1613 terme de mar. (Champlain, Voyages, t. 3, 227 ds Fr. mod. t. 26, p. 53); du rad. de harpon*, suff. -eur2*. |