| HARMONISTE, subst. masc. A. − Musicien qui connaît les règles de l'harmonie. Ce compositeur est un grand, un bon harmoniste (Ac.). L'invention de nouveaux instruments permet à l'harmoniste d'imaginer de nouveaux effets d'orchestre (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 324) : 1. ... le motet que Jean-Jacques avait composé connut un vrai triomphe. Tout le monde put voir quel musicien, quel harmoniste décidément il était.
Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 216. − En partic. ,,Dans la facture d'orgue, celui qui est chargé d'harmoniser les jeux`` (Lar. Lang. fr.). ♦ P. anal. Ce qu'André Chénier avait rénové et innové dans le vers, notre jeune contemporain [Victor Hugo] l'a rénové et innové dans la strophe; il a été et il est harmoniste et architecte en poésie (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 287). B. − Peintre qui dispose les couleurs avec harmonie. Il ne peignait pas quand il faisait grand soleil, disant : « Moi je ne suis pas un coloriste, mais un harmoniste! » (Goncourt, Journal,1892, p. 244) : 2. Ce qui prouve encore la puissance de M. Corot, ne fût-ce que dans le métier, c'est qu'il sait être coloriste avec une gamme de tons peu variée − et qu'il est toujours harmoniste même avec des tons assez crus et assez vifs.
Baudel., Salon,1845, p. 61. − P. métaph. Un secrétaire de rédaction qui est un bon metteur en pages a les réflexes et les manies d'un harmoniste (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 176). C. − Auteur qui démontre la concordance des évangiles entre eux. Selon la règle des interprètes qu'on appelle harmonistes, on mit lourdement bout à bout les données qu'on ne pouvait faire bien coïncider (Renan, Antéchrist,1873, p. 469). D. − Membre d'une communauté religieuse fondée aux États-Unis (cf. étymol.). Leur religion est le Nouveau Testament, mais ils n'ont pas de confession particulière et laissent chacun libre de ses opinions, tant qu'il laisse les autres en paix et ne provoque pas de dispute à cause de ses croyances. Ils s'appellent harmonistes (K. Marx, F. Engels, Utopisme et communauté de l'avenir, trad. de R. Dangeville, Paris, F. Maspero, 1976, p. 67). REM. Harmonistique, adj.Relatif à l'interprétation des harmonistes (supra C). L'exégèse harmonistique produisait dès lors ses résultats ordinaires, la redondance, la pesanteur (Renan, Évangiles,1877, p. 179). Prononc. et Orth. : [aʀmɔnist]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. I. 1. 1768 mus. (Rousseau, 466); 2. fig. a) 1796 peint. (Diderot, Essai sur la peinture, II ds Littré); b) 1863 « celui qui met en harmonie les évangiles » (Renan, Vie Jésus, p. LXXXVII : C'est [Luc] moins un évangéliste qu'un biographe de Jésus, un « harmoniste », un correcteur à la manière de Marcion et de Tatien). II. 1866 « membre d'une société religieuse américaine » (Littré). I dér. du rad. de harmonie*; suff. -iste*. II empr. à l'anglo-amér. Harmonist, nom donné aux membres d'une communauté religieuse fondée aux États-Unis par G. Rapp de Wurtemberg en 1803. Les membres de cette communauté s'installèrent en Pensylvanie et fondèrent une ville qu'ils appelèrent Harmony (d'où leur nom). V. NED, s.v. et coopératif. Fréq. abs. littér. : 16. Bbg. Gohin 1903, p. 270. |