| HARASSER, verbe trans. Fatiguer jusqu'à l'épuisement; user. L'intervention anglaise dans l'affaire Muselier succède, d'ailleurs, à une série d'autres pressions et abus du même genre (...) que je n'ai pu repousser qu'à grand-peine et qui harassent ma confiance dans la sincérité des Britanniques en tant qu'alliés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 659) :Nous sommes deux races sur la terre. Ceux qui ont besoin des autres, que les autres distraient, occupent, reposent, et que la solitude harasse, épuise, anéantit (...) et ceux que les autres, au contraire, lassent, ennuient, gênent, courbaturent, tandis que l'isolement les calme, les baigne de repos dans l'indépendance et la fantaisie de leur pensée.
Maupass., Contes et nouv., t. 2, Qui sait? 1890, p. 1187. − Emploi pronom. réfl. Voici une cinquième fille visiblement résolue à se harasser le moins possible. Elle n'est ni debout, ni agenouillée, ne fût-ce que sur un genou (Bloy, Journal,1900, p. 20). Prononc. et Orth. : [aʀase] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1527 « harceler » (C. de Seyssel, trad. de Thucydide, VII, 7 ds Hug.; 2. 1562 harassé part. passé « épuisé de fatigue » (Chanson du franc archer ds Gdf. Compl.). De l'a. fr. harace/harache employé surtout dans les loc. courre a la harache « poursuivre » (xives., Le Dit des Patenostres ds Nouv. Recueil de Fabliaux, éd. A. Jubinal, I, 239), prendre aucun par la harache « prendre quelqu'un de force » (ca 1350, G. Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 273), lequel est issu de bonne heure de l'interj. hare (v. haro) à l'aide du suff. péj. et augm. -ace*; dés. -er; cf. FEW t. 16, p. 151 a. Fréq. abs. littér. : 21. DÉR. Harassement, subst. masc.État d'une personne harassée; fatigue, lassitude extrême. Ah! cette sécheresse! ces harassements de reprendre, à froid et d'une âme rétrécie, des théories qui hier m'échauffaient! Ah! presser une imagination, systématiser, synthétiser, éliminer, affiner, comparer! besogne d'écœurement! dégoût! d'où l'on atteint la stérilité (Barrès, Barbares,1888, p. 244).− [aʀasmɑ
̃] init. asp. − 1resattest. a) 1572 « tracas, tourment » (J. Amyot,
Œuvres morales, p. 181 vo), b) 1609 [date d'éd.] « état d'une personne harassée » (M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, I, 479, ds Gdf. Compl.); du rad. de harasser, suff. -(e)ment1*. |