| HÈRE1, subst. masc. A. − Vieilli. Homme sans fortune, sans considération. Les avantages que nous autres hères avons sur vous autres chatelains (Courier, Lettres Fr. et It.,1813, p. 858).L'amitié qui le lia (...) à un autre hère de son espèce, aussi pauvre, aussi fou, aussi plein de génie que lui, Diderot (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 166). B. − Cour. Pauvre hère. 1. Homme très misérable. De pauvres hères recroquevillés par le froid (Morand, Londres,1933, p. 96).Un pauvre hère dont la vie n'avait été qu'un long échec et qui croupissait dans une misère noire (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 485). 2. Homme dont la vie est médiocre, difficile. Je ne suis qu'un pauvre hère de lieutenant (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 122).La situation changeait, l'instituteur n'était plus le pauvre hère, le valet mal payé, méprisé des paysans, devant le curé mieux renté, engraissé par son casuel (Zola, Vérité,1902, p. 275). − Péj. Mon mépris pour les imbéciles qui sont mes collègues à la sous-préfecture : pauvres hères, sinistres crétins (Courteline, Femmes d'amis, Lauriers coupés, 1894, p. 174). Prononc. et Orth. : [ε:ʀ] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1534 pouvre hayre (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M.A. Screech et V. L. Saulnier, 36, p. 219). Mot d'orig. discutée (cf. FEW t. 16, p. 169). Peut-être empr. de l'all. Herr « seigneur » (par dérision), cf. l'a. fribourgeois her « titre de noblesse » (1475, Tapp. t. 2), le suisse alémanique en arme her correspondant au fr. un pauvre hère (v. FEW t. 16, p. 169b, note 4), l'a. fr. herre, here « seigneur » (1324, Poésies diverses se rattachant à la guerre de Metz, éd. E. de Bouteillier, p. 337, 46 et p. 383, 28) et la var. her « seigneur » chez Rabelais (1534, Gargantua, éd. cit., 7, p. 60); ou plus vraisemblablement, soit emploi métonymique de haire* (au sens de « pèlerin qui porte la haire »), soit emploi subst. de l'a. adj. haire « malheureux, pauvre » (ca 1250, Doon de Mayence, éd. Schweighaeuser, 46), lequel est issu du subst. fém. haire* qui avait pris au xiies. le sens fig. de « tourment, douleur, peine » (ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5299). |