| HÂTE, subst. fém. A. − Rapidité, empressement extrême (à faire quelque chose). Synon. célérité, diligence, promptitude; anton. lenteur.Avoir, manifester, mettre, montrer une grande hâte, de la hâte, peu de hâte à faire qqc.; n'avoir pas de hâte. Les conditions du travail de l'esprit ont (...) subi le même sort que tout le reste des choses humaines, (...) elles participent de l'intensité, de la hâte, de l'accélération générales des échanges (Valéry, Variété III,1936, p. 263).Il avait beaucoup à faire, l'archidiacre! Il y mettait plus que de la hâte, une véritable précipitation (Billy, Introïbo,1939, p. 134) : 1. Alors, il ne put résister davantage au besoin qu'il avait de redescendre. L'espérance de revoir son chien, l'emplit brusquement de hâte. Il se donna à peine le temps de passer un pantalon, et descendit d'un pas rapide, avec sa bougie.
Zola, Joie de vivre,1884, p. 1012. SYNT. Grande hâte; hâte excessive, extrême, fébrile, fiévreuse, inconsidérée, joyeuse, terrible. − Hâte (de qqn) de ou à + inf.Aussi dépêchaient-ils le déjeuner en vingt minutes, avec la hâte de gagner la rue (Zola, Bonh. dames,1883, p. 545).Ma hâte à le rejoindre avait été si grande, que je le surpris encore à table quand j'entrai (Gide, Immor.,1902, p. 426) : 2. Moyses, très éprouvé par la guerre, gagnant péniblement sa vie dans les Ardennes, (...) monté sur sa bicyclette à boîte, arriva à toute vitesse à Paris dans la hâte de trouver une affaire.
Fargue, Piéton Paris,1939, p. 49. − Rare. Hâte (de qqn) de + subst. (désignant un état psychol.).Jos-Mari l'avait forcée à s'abriter, puis l'avait arrachée, avec une hâte de peur (Peyré, Matterhorn,1939, p. 215). − Loc. Avoir (grande, grand') hâte (suivi de de + inf. ou de que + prop.). Être (très) pressé de. Maintenant qu'ils étaient décidés, ils avaient hâte que Christophe fût déjà parti (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 622).J'ai grand'hâte de savoir quand tu rentres. J'ai grand'hâte d'avoir de meilleures nouvelles de Jacqueline (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1913, p. 336).On s'amuse bien, on ne se voit plus!... Les buées repartent et s'envolent... Je ne me trouve plus pressé du tout... J'ai pas hâte de me rendre au ,,Meanwell``... Ça me plaît bien moi l'endroit du quai (Céline, Mort à crédit,1936, p. 251). ♦ P. ell. Avoir hâte. Elle a hâte; elle veut aller vite (Romains, Vie unan.,1908, p. 127). − Loc. rares, vieillies. Faire hâte de + inf.Se presser de. Et puis ils firent hâte de regagner la chaumine, parce que le serein qui tomboit pouvoit nuire à leur garçon (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 32).Il y a hâte pour + inf.Il est urgent, pressé de. Il y a hâte pour mettre le peuple en garde contre l'imitation des justices atroces et injustes qu'il fit dans la Révolution (Michelet, Journal,1845, p. 612). − En partic. N'avoir plus qu'une hâte. N'avoir plus d'autre besoin pressant que. Il ne se sentait aucune envie de lire; il n'avait plus qu'une hâte, atteindre, tout en la redoutant, la neuvième heure (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 88). B. − Loc. adv. 1. En (grande, toute) hâte. Avec (une grande) rapidité, promptitude, célérité. Synon. dare-dare, hâtivement (v. ce mot B 1), en vitesse; anton. calmement, lentement.Arriver, s'en aller en hâte; se lever en (toute) hâte. Le vent, accouru en toute hâte des mers et des montagnes, entre-heurtait convulsivement les rameaux fatidiques du Jardin des Oliviers (Villiers de l'I.-A., Contes cruels,1883, p. 402).Elle lisait avidement, goûtait en hâte sa joie furtive (A. France, Lys rouge,1894, p. 308).Le médecin, mandé en hâte de Corbigny, venait de sortir (R. Bazin, Blé,1907, p. 119). Rem. On relève un ex. en emploi adj. Je viens, tout en hâte, et moi-même, Dire la chose à toi, féal sujet que j'aime (Hugo, Hernani, 1830, I, 3, p. 22). 2. À la hâte. Avec une rapidité très grande ou excessive, avec précipitation. Synon. à la six-quatre-deux (pop.), à la va-vite (fam.), hâtivement (v. ce mot B 2); anton. posément, soigneusement.Faire qqc. à la hâte; griffonner un mot à la hâte. Ne croyez pas que le portefeuille de la guerre puisse être donné à la hâte, sans réflexion (A. France, Lys rouge,1894, p. 343).Je lui fixais à la dernière minute des rendez-vous que je choisissais à la hâte et au hasard (Giraudoux, Bella,1926, p. 78) : 3. L'essence du dialogue étant de mettre en jeu des opinions diverses et l'essence du drame d'opposer des types différents, on est exposé, de la part des critiques qui font leurs extraits un peu à la hâte, à d'étranges malentendus.
Renan, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, p. 527. Rem. Les dict. spéc. signalent un emploi partic. et région. (Bourgogne et Champagne) de ce mot dans le domaine de l'agric. signifiant « espace compris entre deux gros sillons » (Fén. 1970), « ensemble de plusieurs sillons successifs » (Plais.-Caill. 1958). Prononc. et Orth. : [ɑ:t] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718 sous la forme haste, avec ds Ac. 1718 la mention ,,l's ne se prononce point``. Étymol. et Hist. 1. 1165-70 haste « empressement, précipitation » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3491); 2. loc. a) ca 1135 en haste « avec précipitation » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1762 et 1770); b) 1456-67 a haste « rapidement » (Les Cent Nouvelles nouvelles, XIX, éd. Franklin P. Sweetser, 130); 1538 à la hâte (Est.); c) 1538 avoir hâte de (Est.). De l'a. b. frq. *haist « violence, véhémence » (cf. got. haifsts « dispute », a. h. all. heisti « violent »), adopté de très bonne heure par le galloroman sous la forme *hast. L'all. Hast « hâte » est empr. au français. Fréq. abs. littér. : 2 729. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 935, b) 4 104; xxes. : a) 4 721, b) 4 067. |