| GUMÈNE, subst. fém. MAR., vx. Câble de l'ancre. Venise n'est point bâtie. Ce ne sont que des tentes soyeuses sur l'onde, des voiles versicolores sur des pontons fleuris. Et de quelles royales gumènes de pourpre et d'or, les rais du soleil mouillent l'ancre de la nef souveraine, dans la lagune, au couchant (Suarès, Voy. Condottière, t. 1, 1910, p. 224).− HÉRALD. Meuble représentant un tel câble. C'est Bartolomé Ruiz, prince des vieux pilotes, Qui, sur l'écu royal qu'elle enrichit encor, Porte une ancre de sable à la gumène d'or (Heredia, Trophées,1893, p. 114). Prononc. et Orth. : [gymεn]. Att. ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist. [Ca 1320 dér. régr.? goume « câble de l'ancre » (Geste des Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 288); 1359 gume (Agrès remis à Jehan Tartarin, patron de la galère Saint-Victor, ms. B.N. fr. 26002, no824 ds J. Fennis, La Stolonomie, Amsterdam, 1978, p. 366)]; 1477-81 agumene (Comptes des dépenses faites pour la construction des caravelles Madeleine et Sainte-Marthe à Sanary et à Marseille, par Louis Danaye, ms. B 2550, fo61 vo, Arch. Bouches-du-Rhône, ibid.); 1512 gumene (Inventaire de la galère Saint-Michel, ms. B 1232, fo8 vo, ibid.). Empr. à l'ital.gumena (dep. 1remoitié du xives., gumina dans une trad. de Tite Live ds Batt.), aussi gomena (dep. début xvies., Sanudo, ibid.; à l'orig. de la forme gommene attestée de 1554, P. Belon ds Gdf., à 1650, Stoer d'apr. FEW t. 23, p. 104a), issu par aphérèse du lat. médiév. de Gênes agumena (1190 ds Jal2), agumina (1248 ds Jal1), d'orig. incertaine : un empr. à l'ar. ğuml « câble » (Lok., no750; REW3, no3952a; Vidos, p. 438; DEI; Hope, p. 201) convient mal du point de vue phonét. (v. Cor. et A. Steiger ds Vox rom. t. 18, p. 165); les hyp. d'un empr. au gr. σ
ε
ι
ρ
α
̀
η
̔
γ
ο
υ
μ
ε
́
ν
η « corde de remorquage » (Cor.) ou au gr. χ
α
́
μ
ι
λ
ο
ς « cordage de l'ancre » attesté dans les scholies d'Aristophane (A. Steiger, loc. cit.) ont besoin, pour être admises ou réfutées, d'une étude approfondie du cheminement du mot. Bbg. Hope 1971, p. 201. - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 140. - Vidos 1939, p. 10, 27, 48, 204, 438, 445. |