| GRIVE, subst. fém. I. − Oiseau de l'ordre des Passereaux, proche du merle, au plumage blanc et brun, dont la chair est appréciée des gastronomes. Grives aux genièvres, aux raisins; pâté de grives. Pauvre grive nuancée, élégante et fine qu'on compare à un homme soûl (Renard, Journal,1893, p. 175).Elle passait la journée à fureter dans le jardin, gourmande, curieuse, et rieuse, picorant les raisins des vignes comme une grive (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 837). − Loc. verbale, fam. [P. réf. au goût prononcé de la grive pour le raisin] Être saoul comme une grive. Être complètement ivre. Il était saoul comme grive en vendange (Gautier, Fracasse,1863, p. 325). − Proverbe. [P. réf. à la chair prisée de la grive] Faute de grives on mange des merles. ,,À défaut de mieux, il faut savoir se contenter de ce que l'on a`` (Ac. 1932). Un vrai chasseur, pour s'entretenir la main, faute de grives, tue des merles (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 267). II. − Arg. Synon. de guerre, troupe, service militaire.Cf. Jargon, vers 1821, p. 6; Ansiaume, Arg. bagne Brest, 1821, f. 9 vo, § 198; Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 109; ds Esn. 1966. REM. 1. Grive, subst. masc.,arg. Gendarme; soldat. (Ds Esn. 1966). 2. Grivet, subst. masc.,arg. Fantassin. (Ds Esn. 1966). 3. Grivier, subst. masc.,arg., Soldat. (Ds Esn. 1966). Prononc. et Orth. : [gʀi:v]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1280-90 ornith. (G. de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 32); 1456-67 plus estourdy [var. de la fin de 1486 : saoul] que une grive (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, VI, 44); 2. 1628 arg. « guerre » (Le Jargon de l'Argot réformé, 42 ds Sain. Sources arg. t. 1, p. 234); p. ext. 1821 « troupe, armée » ici en partic. « corps de garde » (Ansiaume, loc. cit.). 1 fém. de l'a. fr. grieu, griu 1119 (Ph. de Thaon, Comput, 1553 ds T.-L.) du lat. greacus, v. grec, la grive étant un oiseau migrateur dont on pensait qu'il hivernait en Grèce. 2 d'orig. obsc.; aucune des hypothèses − emploi métaphorique de 1, l'oiseau étant particulièrement querelleur (FEW t. 4, p. 212 a), ou forme altérée et subst. du fém. de l'a. fr. grief « pénible », grief* (Lar. Lang. fr.) − n'étant réellement satisfaisante. Fréq. abs. littér. : 135. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1977, t. 41, pp. 223-231. - Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p. 4, 5, 10, 225, 229, 275. - Millepierres (Fr.). Les Oiseaux et leurs noms. Vie Lang. 1962, p. 311. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 107, 278. - Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 44, 65, 370. |