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GRISER2, verbe trans.
A. − Faire boire quelqu'un de manière à le rendre plus ou moins ivre. Synon. enivrer, saoûler.Elles s'amusèrent à le griser avec le madère de l'illustre Worms (Zola, Curée,1872, p. 412).
[En parlant des vins, de l'alcool, etc.] Porter à la tête, enivrer. Ce petit vin nouveau, fait de raisins noirs, serrés et aigres, a eu vite grisé tous ces buveurs de bière. Les uns chantaient, dansaient autour de la barrique (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 80).
Emploi pronom. Synon. s'enivrer.J'ai promis à nos convives que l'on ne se lèverait de table que le soir, (...) nous nous griserons un petit brin (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 364).Une femme, naturellement, ne doit se griser qu'avec du champagne frappé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Cri d'al., 1886, p. 1060).
B. − P. anal. [En parlant d'une chose physique] Exciter physiquement jusqu'à l'étourdissement. Cette odeur qui grise comme de l'absinthe (Maupass., Contes et nouv., Farce norm., 1882, p. 64).L'étreinte de Juliette le grisait, et quand il sentit sa bouche sur la sienne, il s'abandonna (Aymé, Jument,1933, p. 170).
Emploi pronom. S'exciter, s'étourdir. Ses yeux se grisaient à ces resplendissements de corolles en flammes sur un fond d'or (Huysmans, À rebours,1884, p. 60).Il se grisait d'un arôme oriental qu'il croyait sentir partout (Chardonne, Épithal.,1921, p. 347) :
1. ... j'ai pu me griser de ce que je voyais. Un petit paysage de saules m'a rendu si heureux que je ne savais plus comment faire pour le quitter. Green, Journal,1937, p. 117.
C. − Au fig. [En parlant d'une chose intellectuelle, morale] Exciter cérébralement, exalter. Vingt ans... Ces deux mots le grisaient, comme trois pernods purs (Fallet, Banl. Sud-est,1947, p. 95).
Absol. Le succès grise.
En partic. Étourdir, faire oublier. Griser son chagrin. Une ivresse qui grisait leur lassitude (Zola, Œuvre,1886, p. 78) :
2. ... le jeu des perceptions, le travail hâtif et courant d'un cerveau qui moucharde la vérité, grisent le sang-froid de l'observateur et lui font oublier dans une sorte de fièvre les duretés et les dégoûts de son observation. Goncourt, Journal,1875, p. 1081.
Emploi pronom. S'enthousiasmer, savourer quelque chose avec une sorte d'exaltation. Ces paysans, plus bêtes que méchants, s'irritaient, s'excitaient, se grisaient au bruit de leurs propres paroles (Sue, Myst. Paris, t. 3, 1842, p. 222).M. Renan se grisait avec les idées. Il était comme un homme ivre de sa méditation et de son propre vin, qui cesse de marcher droit à son but (Barrès, Maîtres,1923, p. 30).
[Avec un compl.] :
3. Ne pouvant demander d'excitation au vin, nous cherchons à nous griser la tête avec les choses les plus capiteuses des lettres et de l'art : Albert Dürer, Rembrandt et Shakespeare. Goncourt, Journal,1858, p. 469.
REM. 1.
Grisant, -ante, part. prés. en emploi adj.Qui grise. a) [Correspond à griser A] Vin grisant. Nous avions bu beaucoup de cidre adorable, piquant et sucré, frais et grisant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Norm., 1882, p. 73).b) [Correspond à griser B] P. anal. Odeur grisante. Un chocolat à s'en faire mourir, moelleux, velouté, parfumé, grisant. Je ne pouvais ôter ma bouche des bords délicieux de sa tasse (Maupass., Contes et nouv., Morin, 1882, p. 853).c) [Correspond à griser C] Au fig. Poésie grisante. Rien ne pouvait être plus attachant, séduisant, grisant, que la conversation de Charlie (Gide, Journal,1948, p. 327).
2.
Grisé, -ée, part. passé en emploi adj.a) [Correspond à griser A] Une gaîté d'enfant grisé (Goncourt, Journal,1860, p. 712).b) [Correspond à griser B] P. anal. Reprenant conscience d'elle-même, elle fut épouvantée de l'audace du jeune homme et de tout ce qu'elle avait permis. Alors, à la fois honteuse et grisée, (...) elle se leva, repoussa les mains qui voulaient s'emparer des siennes (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 95).c) [Correspond à griser C] Boileau imbécile, tu n'y as rien compris! C'est lui [Ronsard] le roi de ces strophes grisantes et grisées que tu prétends enfermer dans ton grotesque corset de l'Art poétique (L. Daudet, Rech. beau,1932, p. 138).
Prononc. et Orth. : [gʀize]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. a) 1718 trans. « enivrer » (Le Roux); 1855 p. anal. « étourdir (en parlant de certaines odeurs) » (Sand, Hist. vie, t. 3, p. 329); 1835 fig. « enthousiasmer, exalter » (Vigny, Serv. et grand. milit., p. 565); b) 1732 pronom. « s'enivrer » (Rich.); 1842 « s'enthousiasmer, s'exalter » (Sue, loc. cit.); 1846 p. anal. « s'étourdir (en parlant de certaines odeurs) » (Balzac, Cous. Bette, p. 387). Dér. de gris2*; dés. -er.
STAT. − Griser1 et 2. Fréq. abs. littér. : 549. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 1 143; xxes. : a) 1 448, b) 587.