| GRISÂTRE, adj. A. − Dont la couleur tire sur le gris ou est mêlée de gris. Couleur, étoffe, marbre, ciel grisâtre. Temps grisâtre d'automne (Ac. 1878-1932). Cette tête aux cheveux grisâtres et terreux (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 75).Un monde de femmes fanées, au teint grisâtre (Goncourt, Journal,1889, p. 907).Quelques saules grisâtres (Pourrat, Gaspard,1930, p. 290). B. − Au fig. D'où rien n'émerge directement, qui manque de relief, d'intérêt, de personnalité. Synon. monotone, morne, terne, triste.Existence grisâtre. L'âme grisâtre comme le ciel qui a l'air endormi comme moi (Amiel, Journal,1866, p. 149) : ... une âme aisément soulevée. Une âme énergique, que les obstacles ne lassent point. Elle jouit du bonheur, du malheur, des contraintes et des satisfactions avec une intensité qui nous fait paraître grisâtres, froids, inamusables, hébétés.
Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 78. − LITT. Cette phrase grisâtre qui voulait in extremis dépouiller Jeanne de toute confiance dans son passé et de tout espoir dans son avenir (Barrès, Amit. fr.,1903, p. 185).Une prose grisâtre, filandreuse, horrible (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 1). ♦ Subst. Ce qui est effacé, terne. On cherche les sentiments tranchés, excessifs, exclusifs, tandis que le complexe, le grisâtre est seul praticable (Flaub., Corresp.,1859, p. 352). Prononc. et Orth. : [gʀizɑ:tʀ
̥]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1510 grisatre (J. Lemaire de Belges, Lettres ds
Œuvres, éd. J. Stecher, IV, 401). Dér. de gris1*; suff. -âtre*. Fréq. abs. littér. : 323. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 378, b) 968; xxes. : a) 445, b) 263. |