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GRIPPE, subst. fém.
I.
A. − Rare. Prise, emprise. Au fig. Débattez-vous contre la vérité qui vous tient. La grippe est bonne. Elle ne vous lâchera plus (Clémenceau, Iniquité,1899, p. 276).
Rem. Emploi chez Roy au sens de « rapine » dans la loc. de grippe et de grappe. V. grappe B rem.
B. − Vieilli. Caprice dicté par une mode; goût passager ou subit pour quelque chose. C'est la grippe de bien des gens d'acheter beaucoup de livres qu'ils ne lisent point (Ac.1798-1878).Dans un chapitre de ses Considérations, il [Duclos] a très-bien décrit ce travers du persiflage et de la méchanceté qui fut quelque temps une mode, une fureur, une espèce de grippe qui règnait sur tout Paris (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 9, 1851-62, p. 217).
Rem. Emploi ,,familier et peu usité`` d'apr. Ac. 1835, 1878.
C. − [Par antiphrase de se prendre de grippe pour (qqn ou qqc.)] Loc. Avoir, prendre en grippe (qqn ou qqc.). Manifester une prévention motivée ou non contre (quelqu'un ou quelque chose). Au reste (...) ce manque de soins me ferait prendre en grippe les monastères et il me rendrait odieux votre Moyen Âge! (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 28).Mirbeau, qui l'avait en grippe [Sarcey] , ayant écrit de lui qu'il mangeait du « caca », le bonhomme du Temps répliqua : « Qu'en sait-il? Je n'ai jamais dîné chez lui » (L. Daudet, Qd vivait mon père,1940, p. 70) :
1. La nostalgie de Paris, qui avait, dès le début de l'exil, rendu à Juliette insupportable tout lieu fautif de ne pas être Paris, s'était encore aggravée à Lyon, ville pesante et fermée, comme une peine secrète et sans issue, une ville mal faite pour consoler. Juliette allait jusqu'à prendre en grippe ceux qui prétendaient se plaire à Lyon, comme des êtres anormaux, cultivant le malheur, y trouvant une délectation morose. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 72.
II.
A. − [Chez l'homme] Maladie infectieuse fébrile très contagieuse due à un virus dont il existe plusieurs types, caractérisée par une atteinte des voies respiratoires et dont l'évolution peut revêtir une certaine gravité pour des sujets faibles. Synon. méd. (vieilli) influenza.Ne venez pas, ma belle amie. Je suis infect, et je vous empoisonnerais de mon haleine. J'ai une belle grippe avec accompagnement de fièvre et sueurs. Je crache, je tousse, je mouche, etc.! Il ne faut pas me voir, ma vanité en souffrirait trop (Flaub., Corresp.,1873, p. 75).Il est évident qu'un tel vaccin, s'il est efficace dans la plupart des cas de grippe endémique, peut, à tout moment, se trouver en défaut s'il ne correspond plus à la souche morbide en cause (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act.,1965, p. 133) :
2. Très peu de temps après, (...) il perdait Madame Jacquemin, emportée par une attaque de grippe infectieuse, en pleine jeunesse, en pleine beauté. R. Bazin, Blé,1907, p. 129.
SYNT. Accès, épidémie de grippe; grippe asiatique, espagnole; grippe d'été; grippe commune, maligne; une grippe carabinée (fam.); attraper la grippe.
Grippe intestinale. Grippe accompagnée de troubles gastro-intestinaux. Vallette m'apprend la mort d'Apollinaire (...). Grippe intestinale compliquée de congestion pulmonaire (Léautaud, Journal littér., 3, 1910-21, p. 283).
B. − Maladie infectieuse de certains mammifères caractérisée par des lésions bronchiques et pulmonaires. Grippe bovine, grippe du cheval (Villemin 1975); grippe porcine (Méd. Biol. t. 2 1971). La grippe existe (...) chez l'animal. On a suivi une épidémie parallèle de grippe chez l'homme et le porc en 1918 (Lar. méd.1970).
REM.
Grippe-influenza, subst. fém.,synon. de grippe (supra II).L'histoire des Épidémies de Grippe-Influenza nous a montré que ce qui les caractérise c'est leur universalité (Ménétrier, Stévenin dsNouv. Traité. Méd., fasc. 3, 1927, p. 49).
Prononc. et Orth. : [gʀip]. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiiie-début xives. grippe de fer « griffe, croc » (Débat du Corps et de l'Ame ds Anc. th. fr. t. 3, p. 334); 2. 1306 « querelle » (G. Guiart, Royaux Lignages, 786 ds T.-L.); 3. a) 1632 « fantaisie soudaine, caprice » (Corneille, Mascarade des enfants gâtés, 89 ds Œuvres complètes, éd. Ad. Régnier, t. 10, p. 41); b) 1751 prendre en grippe (Duclos, Mémoires pour servir à l'histoire des mœurs du 18es., t. 2, p. 3); 4. 1743 « catarrhe épidémique » (Frédéric II, Lettre à Voltaire, 78, 6 avr. ds Rob.). Soit déverbal de gripper*; soit, d'apr. Bl.-W.2-5, empr. à un frq. *grip, qui serait une altération de *grif (s.v. griffe). La loc. prendre en grippe est prob. issue par antiphrase de grippe au sens de « caprice ». L'emploi de grippe au sens 4 vient de ce qu'il s'agit d'une maladie qui saisit brusquement. Fréq. abs. littér. : 314. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 164, b) 770; xxes. : a) 247, b) 629. Bbg. Gohin 1903, p. 349. - Sain. Sources t. 2 1972 [1925], t. 3 1972 [1930], p. 110.