| GRIOT2, -OTTE, subst. [En Afrique (au Soudan et dans la partie de la zone guinéenne)] Poète, chanteur et musicien ambulant appartenant à une caste professionnelle endogame et auquel sont souvent attribués des pouvoirs surnaturels. Une des principales fonctions des griots et griottes consiste à chanter les louanges des hommes libres (Bal.-Maq.1968).[Dingley] avait fait asseoir le griot sur une natte, (...) le nègre, la tête ceinte d'un turban ensanglanté, psalmodiait des aventures de guerre ou d'amour (Tharaud, Dingley,1906, p. 42) :Il existe parmi les noirs de diverses contrées de l'Afrique des nègres doués de je ne sais quel grossier talent de poésie et d'improvisation qui ressemble à la folie (...). On les appelle griots. Leurs femmes, les griotes, possédées comme eux d'un démon insensé, accompagnent les chansons barbares de leurs maris par des danses lubriques.
Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 108. Prononc. et Orth. : [gʀio], fém. [gʀiɔt]. Une attest. (supra) d'un fém. griote. Étymol. et Hist. 1637 Guiriot « musicien ambulant d'Afrique Noire » à propos du Sénégal (A. de Saint-Lo, Relation du Voyage du Cap-Verd, p. 71 ds Arv., p. 256); ca 1688 griot « id. » (M. J. de La Courbe, Premier voyage [...] fait a la coste d'Afrique en 1685, p. 115, ibid.). Orig. incert., peut-être issu, par l'intermédiaire d'un parler négro-port., du port. criado « domestique » (attesté dep. 1001, lat. médiév. criatus ds Mach.), part. passé substantivé de criar « élever, nourrir un enfant ou un animal », proprement « créer » (v. L. F. Flutre ds Studia neophilol. t. 28, pp. 223-225; cf. créat et créole). Bbg. Arv. 1963, pp. 255-256. - Flutre (L. F.). Sur deux mots qui viennent d'Afrique : baobab et griot. Studia neophilol. 1956, t. 28, pp. 218-225. |