| GRIGNE, subst. fém. Plissement. A. − Arg. et pop., vx. Grimace (découvrant les dents par plissement des lèvres) (d'apr. Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 205). − Emploi adj. Rester, devenir grigne. Triste, mécontent. Maman gémissante au creux d'un fauteuil, mais bien vite elle renaît, devient grigne, les yeux mauvais parce que Marinette ne marche pas (Renard, Journal,1909, p. 1221). B. − TECHNOLOGIE 1. Inégalité du feutre. (Dict. xixeet xxes.). 2. BOULANGERIE a) Fente sur le pain. Pain à grigne. Pain fendu portant des entailles destinées à en faciliter la cuisson et à favoriser des levées de croûte (d'apr. Rigaud, Dict. arg. mod.,1881, p. 205). b) ,,Couleur dorée du pain bien cuit`` (DG). − P. méton. Croûte, morceau de l'entamure du pain. Synon. grignon (Desgrouais, Gasc. corr., 1823). 3. P. anal. Morceau. Une grigne de fromage (Genevoix, Raboliot,1924, p. 232). REM. Grignolet, subst. masc.,arg., pop. Pain. Synon. brignolet.Il entr'ouvre sa musette de toile bise. − Tenez, les v'là : l'jambon ici là, et le grignolet, (...) puisque c'est là, vous ne savez pas ce qu'on va faire? Nous allons nous partager ça, hein (...)? (Barbusse, Feu,1916, p. 120). Prononc. : [gʀiɳ]. Étymol. et Hist. 1. a) 1694 « grignon du pain » (Mén.); b) 1782 « couleur dorée du pain bien cuit » (Encyclop. méthod. Mécan.); c) 1839 « fente que le boulanger fait sur le pain » (Baudrimont, Dict. de l'industr. manufacturière, comm. et agric., t. 8, p. 277, s. v. pain); 2. 1823 « inégalité du feutre » (Boiste). Au sens 1, dér. régr. de grignon*. Au sens 2, déverbal de grigner, attesté indirectement au sens de « faire des fronces, des plis », par l'adj. grigne « ridé » (1611, Cotgr.). En a. fr. on trouve également un subst. greine « inimitié, mécontentement » (début xiies. ds T.-L.), remontant à greignier « grincer des dents, grommeler » (v. grigner), encore attesté sous forme de loc. dans les dial. de l'Ouest (devenir grigne, chercher grigne) ainsi que dans la lang. pop. et arg. au sens de « grimace » (1881, Rigaud, loc. cit.). |