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GRELOT, subst. masc.
A. −
1. Petite boule de métal creuse, percée de trous et contenant un morceau de métal qui la fait résonner dès qu'elle tremble ou s'agite; p. méton. le son ainsi produit ou un son comparable. Les grelots argentins des troupeaux qui paissaient (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 776).J'ai entendu le grelot de la porte du jardin (Proust, Swann,1913, p. 102).Le grelot précipité du télégraphe et du téléphone roulait, ponctué d'éclats de voix (Barbusse, Feu,1916, p. 102) :
1. ... deux robustes chevaux de labour harnachés fort proprement, avec colliers peinturlurés et clarinés de grelots qui tintinnabulaient le plus agréablement du monde au pas ferme et régulier de ces braves bêtes. Gautier, Fracasse,1863, p. 182.
[P. réf. au grelot qui ornait la marotte des fous de cour] Insigne de la folie. On représente la folie tenant une marotte ornée de grelots (Ac.). L'abbé, toute bonté, se fronce, si Robert laisse seulement passer une oreille de sa folie, un grelot de sa marotte (La Varende, Roi d'Écosse,1941, p. 20).
Loc., vx. Avoir droit au grelot, bien mériter le grelot. ,,Être fou, se conduire de façon insensée`` (Rob.).
P. ext. Sonnette :
2. − Oh! c'est stupide... Vous savez à quel point je suis... neurasthénique... Chaque fois que j'entends sonner... − Chez moi... j'ai fait envelopper tous les grelots, mais, naturellement, pas à cet étage-ci − il me semble que c'est le malheur qui sonne. Hermant, M. de Courpière,1907, I, 2, p. 4.
Arg. Téléphone (surtout dans l'expr. coup de grelot). [Il s'était rendu à la ville] pour passer son coup de grelot. Lisette lui avait répondu (Le Breton, Razzia,1954, p. 19).
2. Au fig., vieilli. Voix. Faire entendre son grelot (Delvau 1883). Faire sonner son grelot (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 144). Mettre une sourdine à son grelot (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878).
P. méton. Bavard. L'habitué qui tenait le plus le crachoir, le premier grelot de la réunion (Poulot, Sublime,1872, p. 160).− Elle est gentille!... − Oui... mais quel grelot!... elle ne reste pas une minute tranquille!... et elle gazouille!... et elle rit! (Gyp, Leurs âmes,1895, p. 39).
B. − Loc. fig. et fam.
1. [P. allus. à la fable de La Fontaine (Fables II, 2) : Conseil tenu par les rats] Attacher le grelot. Prendre l'initiative d'une action délicate ou hasardeuse, être le premier à attirer l'attention sur une personne ou une affaire qui semblait ne pas poser de problèmes. Oui, mon cher, j'ai fait le compte de ce que je risque, comme individu, si je parle, si j'attache ce monstrueux grelot... et j'ai eu un vilain frisson (Martin du G., J. Barois,1913, p. 370) :
3. Je ne vous ai pas encore félicité de votre article courageux sur Rémy de Gourmont. Vous avez dit ce qu'il fallait, bien que je vous aie trouvé trop indulgent pour ce répugnant polygraphe qui, dans le fond, comme les gens sans cœur et sans conscience, est incapable de comprendre rien à rien. Vous avez attaché le grelot, car aussitôt après votre article j'en ai lu un autre dans La Phalange. Claudel, Corresp. [avec Gide], 1899-1926, p. 134.
2. Pop. Trembler le grelot. Claquer des dents sous l'effet de la peur ou du froid. À deux heures, il sortit du Châtelet, tremblant le grelot (...) et fut conduit sur la place des Augustins (...) où il eut l'honneur d'un gibet de pierre (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 234).
Au plur. Peur. D'entendre hurler le cabot à la mort, ça filait les grelots aux deux mecs qui attendaient pour entifler dans la cabane (Le Breton1960).
Avoir les grelots (arg. milit.) La première fois qu'on va au feu, il est permis d'avoir les grelots, mais jamais d'en jouer un air (Sain.Tranchées1915, p. 108).− Dis donc, ça descend bougrement, vous ne trouvez pas? fait Blaire. − T'en fais pas, vieux panneau, raille Pépin. Mais si t'as les grelots, tu peux nous laisser tomber (Barbusse, Feu,1916, p. 220).
C. − P. anal.
1. BOT. Fleur dont la corolle a la forme d'un grelot :
4. Sur les rochers, près de Vera, nous avions cueilli, l'avant-veille, des bruyères aux grelots couleur digitale, solitaires ou presque sur leurs tiges et si gros qu'ils semblaient les ployer. Gide, Journal,1905, p. 149.
En grelot. En forme de grelot. Plusieurs espèces de bruyères ont les fleurs en grelot (Ac.). Les Piroles aux grappes de fleurs en grelot (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 417).
2. MERCERIE. Bouton grelot ou grelot. Bouton en forme de grelot. Ses nerfs surexcités le tinrent en éveil, compliqués, d'ailleurs, d'une torture devenue bientôt intolérable : la lente entrée, dans ses reins, des boutons de derrière du dolman, deux abominables grelots le lardant tout vif, peu à peu (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., II, p. 110).
3. Arg. ,,Testicule`` (Car. Argot 1977), le plus souvent au plur.
REM. 1.
Grelottière, subst. fém.Courroie munie de grelots qui se fixe au collier de certains chevaux. Milliquet heurta à la porte et demanda s'il fallait atteler. − Tout à l'heure, dit MmeSuzanne. Et elle ajouta : − Il te faut bien manger, mon enfant. Mais il ne put toucher ni à la viande froide, ni aux belles tranches de saucisson. On préparait la grelottière (Ramuz, A. Pache,1911, p. 106).
2.
Grillottis, subst. masc.,,Petit bruit de grelot`` (Littré). P. anal. Puis il piétinait sur place, et ses ongles faisaient sur le parquet un grillotis très doux (A. France, Anneau améth.,1899, p. 174).
Prononc. et Orth. : [gʀ əlo]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1392 a. bourg. grilot « sonnette » (Inv. des biens d'E. Marchant, Inv. de meubles de la mair. de Dijon ds Gdf. Compl.); b) 1668 attacher le grelot (La Fontaine, Conseil tenu par les rats, 22 ds Fables II, 2); d'où, p. allus. à cette fable, 1718 « se charger d'une tentative périlleuse » (Ac.); c) 1771 p. anal. de forme fleurs en grelot bot. (Trév.); 1830 mercerie boutons de la forme dite grelot (Description de l'uniforme de la cavalerie, 20 nov., in P.J. Bemelmans, Recueil admin., t. III, 552 ds Quem. DDL t. 16); d) av. 1778 « insigne de la folie » (Voltaire, Dial. XXIV, 10 ds Littré); 2. a) 1547 trembler le grelet « trembler de froid » (M. de St Gelais, Œuvres poétiques, p. 203 ds Gdf. t. 4, p. 358c); av. 1555 trembler le grelot « trembler de froid, de peur » (J. Tahureau, 1erDialogue du Democritic, p. 22 ds Hug.); b) 1807 lorr. avoir le grelot « avoir peur » (Michel, p. 105); 1915 avoir les grelots « id. » (Sain., loc. cit.). D'un rad. germ. à alternance vocalique grill-/grell-/groll-/grüll-, évoquant des sons variés (cf. m. h. all. grillen « crier de colère », grellen « id. », grell « aigu (d'un son) », m. néerl. grollen « grogner », m. h. all. grüllen « id. »). Le mot est entré en gallo-roman avec toutes ces var., cf. par ex. a. fr. grouller « désapprouver en murmurant » (1342 ds T.-L.), namurois grûler « murmurer », etc. (FEW t. 16, p. 61b-62a). La désignation du grelot en fr. est issue des deux premières var., celle en -i- étant très répandue dans l'Est (cf. grillotis; grillotement, v. grelottement; grilloter, v. grelotter, FEW t.4, p. 58b). Fréq. abs. littér. : 404. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 328, b) 817; xxes. : a) 897, b) 459. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 13; Sources t. 3 1972 [1930], pp. 287-288. - Quem. DDL t. 16 (s.v. bouton grelot).