| GRACIEUSER, verbe trans. A. − Emploi trans. Rendre gracieux : 1. Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du Premier Empire à une de mes vieilles amies. Devant sa psyché, à l'effet de gracieuser sa bouche pour les bals du soir, elle se livrait à une véritable répétition tous les matins...
Goncourt, Journal,1880, p. 91. B. − Emploi pronom. 1. [En parlant d'une chose, d'un geste, d'un mouvement, etc.] Devenir plus gracieux. Un garçonnet agenouillé un genou en terre, dans un mouvement qui se gracieuse, près d'une fillette debout (...), une main posée sur la poitrine (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 215).Il y a presque un rire de volière dans ce leste bâtiment où le fer semble se gracieuser, pour s'assortir au pimpant tapage de couleur des rubans et des bijoux amoncelés (Huysmans, Art mod.,1883, p. 241). 2. [En parlant d'une pers.] Devenir, se faire plus aimable, affable. Voir (...) ce Ponsard travaillé de souffrance et se gracieusant, se forçant à sourire (Goncourt, Journal,1866, p. 261) : 2. Quand le xviiiesiècle va mourir et que la grâce de Watteau n'a plus que le souffle, il arrive dans l'art français, dans cet art d'esprit, une invasion de barbares qui se gracieusent, les Teutomanes qui font les gentils...
Goncourt, Journal,1858, p. 467. REM. Gracieusé, -ée, part. passé adj.Qui est rendu gracieux, agréable. Cette voix fausse, gracieusée pour le monde, qui est la voix des femmes qui sont des gales chez elles et tout miel dehors (Goncourt, Journal,1894, p. 536). Prononc. et Orth. : [gʀasjøze], (il se) gracieuse [gʀasjø:z]. Ds Ac. 1694-1835. Étymol. et Hist. 1584 « traiter gracieusement » (cité ds Jean Duret, Coust. du Bourbonnais, 117 ds Delb. Notes mss : Je diray comment les habitans se peuvent gracieuser et se doivent comporter aux impositions); 1853 « rendre gracieux » (Goncourt, Journal, p. 86 : sa tournure contournée et gracieusée de chanteur de romances). Dér. de gracieux*; dés. -er. Bbg. Duch. Beauté. 1960, pp. 65-66. |