| ![]() ![]() ![]() ![]() GRÊLE2, subst. fém. A. − Précipitation atmosphérique constituée de grains de glace formés dans les nuages à la suite d'un brusque abaissement de température. Averse de grêle. Aux fenêtres, dehors, la grêle a beau sévir, Sous ses balles de glace à peine on sent frémir L'épais vitrail qui les renvoie (Sully Prudh., Solitudes,1869, p. 44).Gondran cherchait dans les nues la menace de l'orage, la pâleur qui annonce la grêle livide (...). La grêle, c'est le blé couché, les fruits hachés, la mort de l'herbe (Giono, Colline,1929, p. 74) : 1. Un vent bourru poussait de gros nuages qui, de temps en temps, lâchaient quelques bordées de grêlons.
− Ce n'est pas de la vraie grêle, dit Justin, c'est du grésil, de la saleté.
Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 31. − Expr., fam., vieilli. [En parlant d'une pers.] On le craint comme la grêle; il est pire que la grêle; c'est la grêle! C'est un être méchant qui nuit à son entourage. − Ah ça! mais c'est donc la grêle, que ce cuirassier! cria Tonsard hors de lui (Balzac, Paysans,1850, p. 341). ♦ Être méchant comme la grêle. Cet enfant est méchant comme la grêle (Ac.1835, 1878).Tu es méchant comme la gelée et comme la grêle. Il n'y a personne d'aussi méchant que toi (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 44). B. − P. anal. Grande quantité d'objets qui tombent à la fois. Une grêle de balles, de flèches, d'obus, de pierres. Elle chanta. Aussitôt le tapage redoubla. Il y eut des cris d'animaux, et, finalement, une grêle de pommes s'abattit sur la chanteuse (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 56).La Peugeot (...) fait un bond, se cabre comme le cheval dont Arthur vient de se moquer. Le pare-brise s'émiette, se résout en grêle de verre (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 20) : 2. La France ne pousse pas encore l'élégance jusqu'à faire, comme la nobility anglaise, pleuvoir sur la calèche de poste des mariés une grêle de pantoufles éculées et de vieilles savates...
Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 628. ♦ Une grêle de coups. Coups nombreux qui se succèdent rapidement. Je reçus d'abord cinq ou six gifles épouvantables, puis une grêle de coups de poing qui m'arrivaient, pointus et durs, tapant partout (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Échec, 1885, p. 1004). − P. métaph. Une grêle de malheurs, de plaisanteries, de questions. L'enfant laissa tomber sa montre, qui se brisa. Une grêle d'injures s'abattit sur lui (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 107) : 3. J'étais (...) troublé cependant par une appréhension vague d'embarras et de dangers incertains; et si j'avais pu prévoir la tempête, la véritable grêle d'affliction qui devait bientôt s'abattre sur moi, j'eusse été à bon droit bien autrement agité.
Baudel., Paradis artif.,1860, p. 393. − P. compar. S'abattre, fondre, pleuvoir comme grêle. Je n'ai qu'un moment, car les lettres, journaux et visites, pleuvent comme grêle (Lamart., Corresp.,1836, p. 197).Tomber dru comme grêle (v. dru II B 1 ex. de Zola). Prononc. et Orth. : [gʀ
εl]. Ds Ac. dep. 1694. Cf. grêle1. Étymol. et Hist. 1. a) [Fin xies. gresle « pluie congelée qui tombe en graine » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, no568)]; 119 « id. » (Ph. de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1396); b) 1690 p. anal. « petite tumeur à la paupière » (Fur.); 2. ca 1150 p. métaph. mout grant gresle de saietes « très grande quantité de flèches qui tombent dru » (Thèbes, éd. L. Constans, 5362). Déverbal de grêler*. Fréq. abs. littér. : 635. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 330, b) 809; xxes. : a) 918, b) 574. |