| GORGONE, subst. fém. A. − 1. MYTH. GR. Personnage fabuleux, de type plutôt féminin, qui se caractérise généralement par des ailes, des défenses de sanglier, une chevelure de serpents, un regard fixe, pétrifiant et qui symbolise une puissance redoutable. Les trois Gorgones : Méduse, Euryale, Sthényo. Jamais guivre, jamais gorgone (...) ne fut plus lippue, plus hideuse, plus sinistre, plus épouvantable à voir (Du Camp, Hollande,1859, p. 91).L'on ne savait trop (...) si tel monstre, comme le sphinx ou la gorgone dont triomphait Œdipe ou Bellérophon, tenait ou de l'homme ou du dieu (Gide, Thésée,1946, p. 1417).Cf. aussi capripède ex. 1. − P. méton., B.-A. Représentation de ce personnage, notamment de sa tête. Blocs taillés, où des gorgones Dardent les réseaux noirs des vipères mortelles (Verhaeren, Villes tentac.,1895, p. 135). 2. Au fig. a) Personne qui inspire une forte répulsion par sa laideur, sa méchanceté, etc. D'après ces préséances de hideur, passait successivement (...) une série de têtes de gorgones (...) l'embryon suisse Marat (...) pérorait le premier (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 376).Bergaillot avait encore un petit frisson quand il revoyait ses cheveux gris (...) une gorgone en tablier sale [la mère Lacombe] (Magnane, Bête à concours,1941, p. 447). b) Chose qui rebute, effraie. On avait vu (...) la rage, la rancune, toutes les gorgones, triompher (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 208).Cette maison (...) était, en réalité, gluante (...). La Gorgone du vomissement était accroupie dans la cuisine (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 221). B. − [P. anal. de forme] HIST. NAT. Animal marin (Cœlentérés), à polypier corné en ramifications arborescentes. Gorgone éventail. La bête et la fleur [marines] sont confuses. (...) éventails jaunes, lilas, moirés Des gorgones, dont les rameaux sont ajourés Comme du filigrane (Richepin, Mer,1886, p. 66).Gorgone verruqueuse. Cette espèce est un Polypier se présentant sous forme d'arbuscules très rameux (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 168).Cf. aussi coralline A rem. REM. Gorgonien, -ienne, adj.,littér. Qui caractérise ou évoque la gorgone. Une lamentation gorgonienne emplit les montagnes et les vallées (Claudel, Tête d'or,1890, 3epart., p. 152). Prononc. et Orth. : [gɔ
ʀgɔn]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. Av. 1560 Gorgonne myth. (Du Bellay,
Œuvres, éd. H. Chamard, II, 201); p. anal. 2. 1775 zool. subst. masc. (Valm., s.v. zoophyte). Empr. au lat. de l'époque imp.Gorgona, class. Gorgo(n), -onis, du gr. Γ
ο
ρ
γ
ω
́ de γ
ο
ρ
γ
ο
́
ς « terrible ». On trouve un lat. sc. Gorgonia (1745, Linné, Amoenitates academicae, I ds Agassiz Pol.) déjà attesté chez Pline, d'où début xvies. le fr. Gorgonia « corail » (J. Lemaire de Belges, Couronne margaritique, éd. J. Stecher, t. 4, p. 84). Fréq. abs. littér. : 22. |