| ![]() ![]() ![]() ![]() GORGÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de gorger*. II. − Adjectif A. − Littér. [Qualifiant un subst. désignant un être animé] 1. [Constr. avec un compl. prép. de désignant un aliment] Qui est repu de (quelque chose). C'était quelquefois, souvent même, un homme couvert de guenilles et de fange, ivre-mort, gorgé de lard et de morue, que Brulart faisait pendre la tête en bas pendant qu'on lui administrait, comme digestif, une vigoureuse bastonnade (Sue, Atar Gull,1831, p. 16).Ô moine tout gorgé de chair et de sang d'homme! (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 320). − [P. ell. du compl. prép. de] Les Touareg qui meurent de faim et de soif en veulent aux Arabes qu'ils estiment gorgés et somptueux (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 9, 1864, p. 133). 2. P. anal. et au fig. [Constr. avec un compl. prép. de] Qui est comblé de, qui jouit à satiété de (quelque chose). J'ai longtemps marché dans ma chambre de long en large, fort et vigoureux, lucide comme au sortir d'un bain, alerte et gorgé d'idées claires, complaisantes, volantes (Gracq, Beau tén.,1945, p. 16) : Une joie parfaite, close, totale; un maximum; sans retour, sans regret, sans remords; sans un point de poussière, sans un atome de regret, sans une ombre d'ombre. Une plénitude, une perfection, un total. Un plein. Un rassasiement parfait. On en avait plein la tête et plein le cœur. On en était gorgé.
Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 692. − [P. ell. du compl. prép. de] Tout ce qui vit autour de moi, et sous moi, vit gorgé et en paix (Montherl., Celle qu'on prend,1950, I, 1, p. 768). B. − [Constr. avec un compl. prép. de; qualifiant un subst. désignant une chose] 1. Saturé de (quelque chose). Terre gorgée d'eau. Les lymphatiques sont volumineux et gorgés de lymphe (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 273).Des terrains froids et gorgés d'eau (Pourrat, Gaspard,1931, p. 226). 2. Vieilli. [Qualifiant un subst. désignant un lieu] Qui est complètement rempli, encombré de (quelque chose). Sa galerie est gorgée de tableaux (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 60).Les wagons sont gorgés de monde (Taine, Notes Anglet.,1872, p. 379). − P. métaph. Elle prenait en pitié la vie, gorgée de rêves et de lecture effrénée, de sa fille solitaire (Colette, Sido,1929, p. 172).Là-bas, entre ces deux arbres, le soleil montait, énorme, cuivré, gorgé de vie féroce, de flamme orgueilleuse (Magnane, Bête à concours,1941, p. 101). Prononc. : [gɔ
ʀ
ʒe]. Fréq. abs. littér. : 172. |