| GONG, subst. masc. A. − Instrument à percussion, originaire d'Extrême-Orient, fait d'un disque de métal sonore (bronze ou cuivre) généralement suspendu, que l'on frappe avec un maillet ou une baguette à tampon. Gong chinois; coup de gong; joueur, porteur, sonneur de gong; taper sur un gong; résonner, retentir, sonner comme un gong. L'orchestre, composé de gongs et de guitares, faisait entendre des sons extravagants, des accords inouïs (Loti, Mariage,1882, p. 211).Un grondement lointain de tambours et de gongs que percent des sons de violon monocorde et de flûte (Malraux, Conquér.,1928, p. 127).V. aussi bronze ex. 1 et cliquette ex. de Verne : C'est le soir, où chaque minute compte, où chaque seconde rend un son que l'on voudrait éterniser. L'homme est en plein contact avec le monde, il est comme un gong où le temps frappe à petits coups et les ondes du métal s'élargissent, et s'amplifient, selon des lois mathématiques.
Psichari, Voy. centur.,1914, p. 96. − P. métaph. Quel piano! sourd, sonore, profond, ondoyant, magique, un gong de cristal (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1869, p. 135).L'âme humaine est un gong de douleur où le moindre choc détermine des vibrations qui grandissent, des ondulations indéfiniment épouvantables (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 228). − P. méton. Son, bruit qui rappelle le gong (avec valeur onomat.). L'odeur amère des buis et des platanes, comme portée par le gong étouffé du canon (Malraux, Espoir,1937, p. 662).Les nuits de Cap Juby, de quart d'heure en quart d'heure, étaient coupées comme par le gong d'une horloge (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 187). − De gong, loc. adj. fig. Qui rappelle le son d'un gong. Ces « oui, oui » prononcés ouè, ouè, ces nasales, en notes de gong sous points d'orgue, Augustin comprenait qu'ils étaient simples phénomènes de vie collective (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 34).Le cœur vous sonne contre les côtes, on n'entend plus que le bruit de gong de ses tempes (Vercel, Cap. Conan,p. 237). B. − Cet instrument ou un instrument analogue au timbre très sonore, servant de signal. Marguerite ne pouvait entendre la voix de son curé, il la prévenait de ses besoins par quelques coups donnés sur un gong chinois suspendu près du mur, derrière lui (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Champ oliv., 1890, p. 88).J'assistais indiscrètement à ce que le rideau tombé dérobe aux yeux des spectateurs en attendant le coup de gong (Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 1083). − Spécialement ♦ MAR., vx. Signal sonore sur les phares et les bateaux-feux en cas de brume. Cf. Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., 1899, p. 249. ♦ BOXE. Timbre retentissant (coup de gong ou sonnerie électrique) annonçant le début ou la fin d'un round. Il jette un coup d'œil plein d'angoisse dans la direction du gong libérateur (...). Au bout de trois rounds, il s'aperçoit enfin qu'il a un gauche (Montherl., Olymp.,1924, p. 328).Le ronflement des motos au Vélodrome d'hiver, le gong des combats de boxe, imaginés d'ici, me paraissaient des chants délectables (Arnoux, Paris,1939, p. 113).(Boxeur) sauvé par le gong. (Boxeur) à qui la fin du round donne du répit et permet de reconstituer ses forces. Au fig. Le téléphone ressonnant m'a délivré [de mes réflexions]. « Sauvé par le gong » j'ai pensé (Simonin, Cave se rebiffe,1954, p. 194). Prononc. et Orth. : [gɔ
̃:g]. Prononc. facultative du g final ds Pt Rob., v. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 238 : ,,Le g final se prononce dans (...) gong, peut-être à tort``. Ds Ac. dep. 1878 avec, ds Ac. 1932, la mention ,,le g final se prononce``. Étymol. et Hist. 1681 cong « plateau de métal sonore sur lequel on frappe avec une baguette à tampon, instrument de musique ou d'appel » (La Loubère, Roy. de Siam, t. 1, p. 208 ds König, p. 100); 1701 gong (Dampier, Nouv. Voyage autour du monde, t. II, p. 16, ibid.); en partic. 1899 mar. (Ledieu, Cadiat, loc. cit.); 1924 sports (Montherl., loc. cit.). Empr. au malaisgung, plus précisément au javanais gong; v. König, p. 100 et FEW t. 20, p. 95b. Fréq. abs. littér. : 106. Bbg. Becker (K.). Sportanglizismen im modernen Französisch. Meisenheim, 1970, p. 153, 328. - Boulan 1934, p. 204. - Quem. DDL t. 5. |