| GLOUGLOU, GLOU-GLOU, onomat. et subst. masc. I. − Onomatopée A. − [Pour reproduire le bruit d'un liquide qui s'écoule par saccades (dans un conduit ou d'un conduit) du fait de l'obstruction momentanée du conduit par des bulles d'air] Quant aux onomatopées authentiques (celles du type glou-glou, tic-tac, etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu'elles ne sont que l'imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de certains bruits (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 102).C'était une telle bouillie qu'on ne pouvait rien voir de son vagin. Des caillots. Ça faisait « glou-glou » entre ses jambes comme dans le cou coupé du colonel à la guerre (Céline, Voyage,1932, p. 323). B. − [Pour indiquer que qqc. se vide ou se remplit d'un liquide en faisant « glou-glou »] « Glou glou glou glou glou glou glou! » scandaient à la fin mille poitrines heureuses pour orchestrer le remous, agréable à imaginer, d'une armée teutonne enfoncée sous les flots (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 263) : Et glou, et glou, et glou et glou
Il est des nôtres (bis)
Car il a bu son verre comme les autres
Assoc. gén. des étudiants de Poitiers,Le Chansonnier de l'étudiant,1958/59, p. 21. Rem. Le mot est gén. répété plusieurs fois dans cet emploi. II. − Subst. masc. A. − Bruit (d'un liquide ou d'un conduit, d'un contenant) qui fait « glouglou ». Le glouglou des flacons, des bouteilles; glouglous malsains, réguliers, intermittents. Le glouglou du narghilé, et sa fumée presque incolore, qui grise un peu, et met aux tempes une petite sueur froide (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 299).Plus un bruit, que le glouglou du vin dans sa gorge sèche (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 129).Le chéneau se dégorge par une gargouille (...), et l'eau choit avec un glou-glou hoquetant, si triste, à la longue (Pourrat, Gaspard,1922, p. 204). − P. anal. Bruit semblable au glouglou d'un liquide. Il [un interprète] devait avoir vécu longtemps chez nous, car il parlait parfaitement l'espagnol et traduisait très vite, du glouglou russe à la stridulation castillane (Morand, Folle amoureuse,1956, p. 47). − Loc. adv. ♦ À glouglous + adj., à + adj. + glouglous.En faisant « glouglou » (de telle ou telle manière). Il dit des mots, ça coule au long de lui à glouglous réguliers comme un chat qui parle aux braises (Giono, Gd troupeau,1931, p. 150). ♦ Fam., rare. Avoir (qqc.) en glouglous.Avoir (un organe) qui fait « glouglou ». Je me sentais même un malaise... quelque chose de bien pernicieux... J'avais les tripes en glouglous, j'étais pas fringant! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 685). B. − Cri du dindon. J'aime bien mes dindons (...) Quand ils font leurs doux glou-glou-glou (La Mascotte,1880, acte I, duo entre Bettina et Pippo). Prononc. et Orth. : [gluglu]. Ds Ac. dep. 1694 : glouglou. Au plur. des glouglous. Comme pour d'autres onomat. de ce type (ex. : cuicui) la docum. donne des ex. écrits avec trait d'union (supra); celui-ci, qui est favorisé par la répétition expressive qu'on trouve souvent dans ces onomat. (qui ne sont pas des mots composés), est jugé tout à fait inutile par N. Catach, J. Golfand, R. Denux, Orth. et lexicogr., Paris, Didier, t. 1, 1971, p. 97. Étymol. et Hist. A. 1619 « bruit d'un liquide s'échappant du goulot d'une bouteille; tout bruit analogue » (Claude d'Esternod, L'Espadon Satyrique, Sat. II, édit. Fleuret, p. 25 ds Fr. mod. t. 22, p. 138 : Te chanteront en leurs plans plans Le fri fri de nos lichefrites Et le glou glou des marmites); cf. 1666 (Molière, Médecin malgré lui, I, 5). B. 1721 p. anal. « cri du dindon » faire glouglou (Trév., s.v. glouglotter); 1770 « id. du pigeon » (Buffon, Hist. nat. ois., Le Pigeon, Œuvr. t. V, p. 498 ds Rob.). A onomatopée; cf. le lat. de basse époque glutglut (Burman, Anthol. vet. lat. tom., II, p. 405, epigr. 129, 16 ds TLL s.v. 2112, 53) et v. aussi glousser. B déverbal de glouglouter* étymol. B. Fréq. abs. littér. : 47. Bbg. Hollyman (R.J.). Lexicogr. calédonienne. 1. Te Reo. 1969, p. 78. - Morin (Y.C.). The Phonology of echo-words in Fr. Language. Baltimore. 1972, t. 48, p. 105. |