| GIROUETTE, subst. fém. A. − Plaque mobile, de forme variable, qui indique la direction du vent en pivotant latéralement sur un axe généralement placé en haut d'un édifice. Cette girouette, au-dessus de ma tête, qui ne cesse de tourner sur son pivot rouillé (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 125).La demeure s'ornait d'une tourelle, portant girouette à l'un des angles de la cour (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 123).La poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 482). ♦ P. métaph. Il est de plus en plus aigu dans ses changements de jugement : c'est une girouette qui n'est pas graissée (Goncourt, Journal,1863, p. 1324).L'évêque est une girouette, qui tourne dès que le Faujas ou le Fenil souffle sur lui; aujourd'hui l'un, demain l'autre (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1049) : 1. Les théoriciens sont comme les météorologistes : ils disent, en termes scientifiques, le temps non pas qu'il fera, mais qu'il fait. Ils sont la girouette, qui marque d'où souffle le vent.
Rolland, J. Chr., Buisson ard., 1911, p. 1267. − MAR. Étamine pivotant sur une verge au sommet (d'un mât) pour indiquer la direction du vent (d'apr. Gruss 1952). B. − Au fig. Personne versatile, qui change fréquemment d'opinion. Voilà, selon moi, comme on doit agir lorsque l'on tient au titre d'homme sérieux... Autrement on n'est qu'une girouette (Barrière, Faux bonsh.,1856, II, 10, p. 80) : 2. Il y avait aussi Mirbeau, plein d'une effervescence amère et joyeuse, girouette au cœur chaud et aux yeux clairs, dont les jugements littéraires étaient fondés sur le plus ou moins de sympathie qu'inspiraient, à la ravissante, mais guerrière Madame Mirbeau, ses confrères des deux sexes.
L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 35. − Spéc. [P. réf. au Dictionnaire des Girouettes − recensant les personnalités connues pour leurs revirements dans leurs attitudes, leurs opinions − publié au début du xixes.] Le moulinet tourne comme Monsieur Talleyrand. On pourrait mettre ce moulinet-là dans le Dictionnaire des girouettes (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 171). − Emploi à valeur d'adj. Tu n'écriras pas tes mémoires. Trop paresseux, trop girouette pour cela. Une lubie chasse l'autre (Arnoux, Roi,1956, p. 83). REM. 1. Girouetter, verbe intrans.,au fig. [En parlant d'une pers.] Tourner comme une girouette, en changeant d'avis ou de comportement. A-t-il, ou n'a-t-il point changé d'avis? Moi, je ne peux pourtant pas attendre qu'il décède ou qu'il girouette, par un jour de bon vent, du côté où je suis (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 286).Au part. passé en emploi adj., dans le domaine concr. Porteur de girouette. Des toits élégants, pointus, girouettés (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 305). 2. Girouettisme, subst. masc.,rare, au fig. Versatilité d'une personne qui change souvent d'opinion, d'attitude. Avant et pendant l'émeute, il soutenait la dynastie, œuvre de Juillet; mais, dès que le procès politique arrivait, il tournait aux accusés. Ce girouettisme assez innocent se retrouvait dans ses opinions politiques (Balzac, Pts bourg.,1850, p. 40). Prononc. et Orth. : [ʒiʀwεt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 a. norm. wirewire « girouette » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6451 [var. wirewite]); 2. 1501 gyrouete « id. » (J. d'Auton, Chroniques de Louis XII, éd. R. de Maulde La Clavière, t. 2, p. 128); 3. 1640 fig. « personne qui change souvent d'opinion » (Oudin Curiositez). De l'a. nord. ved̄rviti « girouette », cf. les var. des ms. B et C du Rou de Wace, wirewite (ms. de la fin du xiiies.), werenute (ms. de la fin du xives.) qui s'accordent bien avec cette étymol. 1 est due à un redoublement expressif de la 1resyllabe. La forme mod. est issue d'un croisement avec le verbe girer (v. girolle) et des mots tels que rouette*, pirouette* (cf. aussi la forme masc. girouet, 1487 ds Gay, qui s'explique de même par rouet*, pirouet*, v. pirouette). Fréq. abs. littér. : 174. Bbg. Archit. 1972, p. 116. - Cohn (G.). Arch. St. n. Spr. 1899, t. 103, p. 238. - Delamaire (J.). Quand pirouettaient les toupies. Vie Lang. 1973, p. 349. - Quem. DDL t. 11. - Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 433. - Sain. Sources, t. 2 1972 [1925], pp. 256-257, 263-264. |