| GIBOULÉE, subst. fém. A. − Averse soudaine et violente, accompagnée de vent, de grêle, parfois même de neige, fréquente au début du printemps, surtout en mars. Giboulée de vent, de neige, de pluie; giboulées de mars; giboulées de mars qui tombent en avril; la saison des giboulées; un temps de giboulées; une giboulée fouette (les vitres), s'abat sur le sol, ruisselle. Des giboulées passaient; puis, le clair soleil renaissait, et les oiseaux chantaient (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 583).Poussées par de solides bras de vent, les giboulées giflaient interminablement le Craonnais (H. Bazin, Vipère,1948, p. 73) : 1. madame pasquelin. − « Allons... Approchez-vous... Venez vous chauffer. Il faisait si beau ce matin! » Le ciel s'est subitement assombri : une rafale de grêle tambourine sur les vitres. l'abbé joziers (de la fenêtre). − « C'est une giboulée, ça ne durera pas... »
Martin du G., J. Barois,1913, 1repart., p. 277. − P. métaph., littér. [Appliqué à une humeur changeante, capricieuse comme une giboulée suivie d'une éclaircie] Ces âpres et trompeuses giboulées au travers desquelles jamais l'éclaircie, en vain attendue, ne jette la gaieté bleue de son sourire (Arène, Veine argile,1896, p. 117).Que vos filles (...) vos garçons (...) soient élevés dans une maison (...) où l'on puisse se disputer un peu, pas trop, juste assez pour apprécier le soleil après la giboulée (H. Bazin, Fin asiles,1959, p. 185) : 2. madame de céran. − (...) et son caractère, depuis quelque temps? Elle chante, elle boude, elle rougit, elle pâlit, elle rit, elle pleure... la duchesse. _ Giboulées d'avril : c'est la fleur qui vient. Elle s'ennuie, cette enfant.
Pailleron, Monde où l'on s'ennuie,1869, I, 7, p. 29. B. − Au fig., fam. Volée de coups (qui tombent drus comme des grains de giboulée). Une giboulée de coups; recevoir une giboulée. (Dict. xixeet xxes.). − P. ext., littér. ♦ Giboulée de + subst. abstr.Succession de (malheurs qui s'abattent sur quelqu'un). Après les froids ennuis, après les accablantes giboulées de la vie maritale, une embellie semblait prête à luire (Huysmans, En mén.,1881, p. 108).On devinait aisément que toutes les giboulées du malheur s'étaient acharnées sur lui (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 87). ♦ Giboulée de + subst. concr.Grande quantité de, pluie de. Voyez-vous ça! une giboulée de piques, le roi de pique! C'est ce monstre-là qui m'a fait perdre! (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 280).Le piano vibre, cliquette; il grêle et laisse retomber dans un tonnerre d'arpèges, des giboulées de croches, des averses de doubles croches (Morand, Rococo,1933, p. 57). REM. Gibouler, verbe impers.,hapax. Il giboule au-dehors, elle me parle dans le vent et la pluie (Goncourt, Journal,1874, p. 1021). Prononc. et Orth. : [ʒibule]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1548 (Mizaud, Miroir de l'air, p. 74 ds Gdf. Compl.). Étymol. obscure; l'orig. géogr. du mot est difficile à déterminer : en faveur d'une orig. mérid., son implantation ds le domaine d'Oc : giboulado « giboulée » et surtout gibourna « grésiller », gibournado « giboulée » (Mistral). Peut-être à rapprocher de certains verbes exprimant un mouvement, tels que gibler « s'agiter, se battre » (FEW t. 4, p. 131 a; d'orig. inc.), cf. en effet, relevant d'un sémantisme analogue, les termes dial. secouée, crôlée « averse ». V. FEW t. 21, p. 7a. Fréq. abs. littér. : 77. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 260-261. |