| * Dans l'article "GERME,, subst. masc." GERME, subst. masc. A. − 1. État premier, rudimentaire, par lequel passe tout être (vivant). En dehors des êtres que Dieu a créés sous leur forme achevée, il a créé les germes de tous les êtres à venir, en même temps que les lois numériques qui présideront à leur développement au cours des temps (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 140).L'année de ma naissance vit la mort de Victor Hugo. Dans cette nuit du 31 mai 1885 (...) ma mère peut-être ne dormait pas (...) parce que la fatiguait le germe qu'elle portait dans son sein, et ce germe c'était pauvre moi (Mauriac, Écrits intimes, Journal d'un homme de trente ans, 1948, p. 123) : 1. ... la vieillesse commence extrêmement tôt (...). La faculté de cicatrisation baisse, en effet, dès l'enfance; et chez le nouveau-né elle est déjà moindre que chez le foetus, où elle est moindre que chez l'embryon. Ainsi la vieillesse date du germe lui-même...
J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 120. 2. BIOL., EMBRYOL.
Œuf fécondé, ou ,,portion de l'œuf qui se segmente pour donner naissance à l'embryon dans les œufs à segmentation partielle`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Synon. vx cicatricule (ibid.).Le sexe fécondé ou fécondable, dans lequel le germe se manifeste, est le sexe femelle; et le sexe fécondant, dont le concours est nécessaire pour que le germe se développe complettement, est le sexe mâle (Cuvier, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 4).C'est le but même de la contraception (...) c'est-à-dire non pas la suppression du germe (...) mais la stérilisation des rapports entre sexes (Morand, Londres,1933, p. 93) : 2. Où nous avons de la peine à suivre ces biologistes, c'est quand ils tiennent les différences inhérentes au germe pour purement accidentelles et individuelles (...) elles sont le développement d'une impulsion qui passe de germe à germe à travers les individus...
Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 86. ♦ Faux germe (vx). ,,Matière informe qui provient d'une conception défectueuse`` (Ac. 1798-1878). La grossesse composée, celle où il se trouve plusieurs enfans, ou bien un seul avec une môle ou faux germe (Baudelocque, Art accouch.,1812, p. 91). ♦ Doctrine de la préexistence, de la préformation des germes. (Théorie opposée à celle de l'épigénèse).C'est Lémery qui a raison, déclare Dareste; il avait entrevu la vérité, mais il n'avait fait que l'entrevoir, arrêté qu'il était par la doctrine de la préexistence des germes (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 533). 3. ANAT. ,,Ébauche de certaines structures anatomiques`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Les portions des germes des dents d'éléphant restent distinctes (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 117). 4. BOT. Partie de la semence qui donne naissance à la plante. Les fruits tombent, les germes lèvent : c'est l'image de la loi vivante qui régit l'univers (Béguin, Âme romant.,1939, p. 90).Il faut en venir au pépin. Ce grain, de la forme d'un minuscule citron, offre à l'extérieur la couleur du bois blanc de citronnier, à l'intérieur un vert de pois ou de germe tendre (Ponge, Parti pris,1942, p. 19) : 3. Mais tout ce qui d'abord protégeait le tendre germe le gêne aussitôt que la germination s'accomplit; et aucune croissance n'est possible qu'en faisant éclater ces gaines...
Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 297. − P. ext. Première pousse qui sort d'une graine, bourgeon rudimentaire qui se développe sur un bulbe, un tubercule. Synon. radicule.Germe de maïs, d'orge, de soja. Un bon malt doit être débarrassé, au moyen du crible, après la dessiccation, des radicules et des germes (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 511).Des farines complètes, c'est-à-dire contenant en abondance les sons et les germes des graines (R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 17) : 4. Les Allemands (...) répandirent le procédé du repiquage des germes de pomme de terre. Pour cela, on laisse germer à l'air la pomme de terre, on coupe les longs germes blancs, on les repique...
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 323. B. − MICROBIOL. Tout élément organique microscopique (bactérie, virus) et, en particulier, tout organisme microscopique susceptible de générer une maladie. La plupart des germes microbiens sont aérobies. Certains sont anaérobies : germes de la putréfaction, de la gangrène, bacille du tétanos, etc. (Quillet Méd.1965, p. 189) : 5. L'amour d'une vierge est aussi assommant qu'un appartement neuf. Il semble qu'on essuie les plâtres. Il est vrai qu'on n'a pas à redouter les germes maladifs, pestilentiels, d'un autre locataire.
Renard, Journal,1887, p. 4. SYNT. Germe contagieux, infectieux, intestinal, microscopique, morbide, mortel, nocif, organique, pathogène, septique, virulent. ♦ Porteur de germes. Sujet en apparence sain, mais contaminé par un germe dont il favorise la dissémination (d'apr. Lar. méd. t. 1 1971). Le méningocoque est un germe fragile et la contagion (...) peut se faire à partir de sujets sains, mais qui sont porteurs de germes (Quillet Méd.1965, p. 358) : 6. Fort de la théorie et de l'expérience, j'ai le droit de soupçonner le premier venu d'être un porteur de germes. Vous, par exemple, absolument rien ne me prouve que vous n'en êtes pas un.
Romains, Knock,1923, II, 2, p. 10. − P. anal., PHYS. Germe cristallin. ,,Petit cristal qui, introduit dans un liquide surfondu ou une solution sursaturée, en détermine la cristallisation rapide`` (Lar. encyclop.). Il n'y a pas plus de germes de vie qu'il n'y a de germes cristallins (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 80) : 7. ... il apparaît des germes cristallins et la prolifération se produit autour d'eux. C'est pourquoi le verrier doit opérer rapidement (...). La question se pose aussi de savoir de quoi sont constitués ces germes.
C. Duval, Verre,1966, p. 17. C. − Au fig. Cause première, principe de toute chose qui est en mesure de se développer. Synon. cause, origine, principe, semence, source.Le germe est jeté, l'art catholique a passé par cette âme à qui l'art antique, charnu et bestial, finit par répugner (Zola, Mes haines,1866, p. 296) : 8. Ce ne sont donc ici que notes pour moi : impromptus, surprises de l'attention, germes; et point de ces productions élaborées, reprises, consolidées, mises dans une forme calculée, qui peuvent se présenter à tout le public avec l'assurance et la grâce des œuvres faites expressément pour lui.
Valéry, Tel quel I,1941, p. 202. − Germe de (qqc.).Ma correspondance, mes préludes du cours, etc., contiennent le germe d'un livre sur la femme (Michelet, Journal,1849, p. 59). ♦ [Le compl. désigne une notion abstr.] Le germe du mal; un germe d'agnosticisme, d'incrédulité. J'avais écrit qu'Éveline s'était plu à semer dans l'esprit de sa fille les germes de la libre pensée (Gide, Robert,1930, p. 1331).Qu'il y ait en moi le germe d'un grand orgueil, je le crains (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1222) : 9. Même les gens très beaux sont suspects (...) et aussi les trop grands imbéciles, car ils peuvent donner aux autres la tentation de se glorifier de leur supériorité, ce qui est un germe de despotisme.
Camus, Possédés,1959, 2epart. 12etabl., p. 1049. − En germe, à l'état de germe. À son origine et prêt à se développer; p. ext. à l'état latent. Dans le vaste système du fondateur de la métaphysique de l'histoire, existent déjà, en germe du moins, tous les travaux de la science moderne (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. iv).Quelle que soit l'enveloppe sculptée et brodée d'une cathédrale, on retrouve toujours dessous, au moins à l'état de germe et de rudiment, la basilique romaine (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 134).Tout Bouvard et Pécuchet se trouve en germe dans l'Éducation (Gide, Journal,1925, p. 805). − À son germe. À son début. Flaubert est si grincheux, si cassant, si irascible, (...) à propos de tout et de rien, que je crains que mon pauvre ami ne soit atteint de l'irritabilité maladive des maladies nerveuses à leur germe (Goncourt, Journal,1872, p. 869). REM. Germicide, adj.,rare. Qui détruit les germes. Quand on pénétrait dans ses salles [du docteur Tartègre] cela sentait le phénol, la rose, la moutarde et la cannelle. Il se dégoûtait vite de ses matières germicides et les variait sans cesse (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 150).L'iodure de potassium (...) permet ainsi la destruction de ce dernier par les agents germicides de l'organisme (Langeron dsNouv. Traité Méd., fasc. 4, 1925, p. 489). Prononc. et Orth. : [ʒ
ε
ʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1120 « premier rudiment d'un être organisé végétal ou animal » (Psautier de Cambridge, 47, 2 ds T.-L.); 2 1681 « élément de développement de quelque chose » (Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, II, 6 ds Littré : la pensée que nous sentons naître comme le germe de notre esprit); 3. 1860 « micro-organisme susceptible d'engendrer une maladie » (Expér. relatives aux génér. spontanées ds Comptes rendus Ac. des Sc., t. 50, 1860). Empr. au lat.germen « germe, bourgeon, rejeton ». Fréq. abs. littér. : 1 648. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 089, b) 1 659; xxes. : a) 1 986, b) 2 288. Bbg. Gohin 1903, p. 286 (s.v. germicide). - Quem. DDL t. 7,8 (s.v. germicide). |