| ![]() ![]() ![]() ![]() GÊNÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de gêner*. II. − Emploi adj. [Correspond à gêne B] A. − Qui éprouve une gêne physique ou matérielle, qui est mal à l'aise. Synon. opprimé.Gêné aux entournures. Les bras gênés dans une capote trois fois trop grande (Zola, Contes Ninon,1864, p. 62).Étranglé dans sa cravate blanche et gêné dans ses bottes vernies (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 73). ♦ Respiration gênée. Respiration courte, difficile. B. − Qui rencontre des difficultés, des obstacles. Synon. contrarié, contrecarré.Gêné dans ses projets. − En partic. Qui a des embarras d'argent, qui subit une gêne financière. Vous êtes peut-être gênées en ce moment, dites-le-moi, je ne viens pas vous mettre le couteau sur la gorge. Que MmeVigneron me fasse un effet de deux mille francs, à trois mois; sa signature, pour moi, c'est de l'argent comptant (Becque, Corbeaux,1882, IV, 10, p. 243) : 1. Tous appartenaient à cette classe indigente qui commence à partir du dernier petit bourgeois gêné et qui se prolonge de misère en misère dans les bas-fonds de la société...
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 709. C. − Qui éprouve de la gêne, qui est mal à l'aise; p. méton., qui manifeste gêne, embarras, contrainte. Synon. intimidé.Air, silence, sourire gêné; attitude gênée. Je me sentais, auprès des autres, terne, triste, fâcheux, à la fois gênant et gêné (Gide, Immor.,1902, p. 422).Je n'osais pas te parler d'eux avant d'avouer tout (...) j'étais gêné, emprunté (Cocteau, Par. terr.,1938, II, 1, p. 230) : 2. ... le fait est qu'il se trouvait là, rivé au sol, avec la contenance gênée de l'homme tombé mal à propos dans une discussion de ménage.
Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., 2, p. 37. − Loc. proverbiales fam. Être plus gênant que gêné. Avoir de l'aplomb, du sans-gêne. Pas plus gêné que gênant. Sans complexes, avec assurance. J'ai entendu la musique. C'est la bonne maison, ici! Ma foi, j'entre, pas plus gêné que gênant! (Pourrat, Gaspard,1930, p. 113). − Loc. fam., p. iron. Vous n'êtes pas gêné! Faut pas être gêné! Vous avez du toupet, de l'audace. Flatter la main du Survenant, (...) faut pas être gênée! pensa Angélina avec une indignation mêlée de regret (Guèvremont, Survenant,1945, p. 214) : 3. Avant qu'elle eût pu faire un mouvement pour m'éviter, je lui avais planté un bon baiser sur la joue. Elle sauta de côté, mais trop tard. Puis elle dit : « Eh bien! Vous n'êtes pas gêné non plus, vous. Mais ne recommencez pas ce jeu-là. »
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Morin, 1882, p. 850. ♦ P. ell. Pas gêné! − Père Ubu : (...). D'abord, je veux garder pour moi la moitié des impôts. − Financiers : Pas gêné! (Jarry, Ubu, 1895, III, 2, p. 59). Prononc. et Orth. : [ʒ
εne] ou [ʒe-]. Ds Ac. de 1718 à 1878. Fréq. abs. littér. : 2 028. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 006, b) 2 445; xxes. : a) 4 346, b) 3 841. Bbg. Quem. DDL t. 15. |