| * Dans l'article "GARGOUILLER,, verbe" GARGOUILLER, verbe A. − Emploi intrans. 1. Produire un gargouillement. a) [Le suj. désigne un liquide] Un sombre liquide gargouille au fond de sa bouche ouverte (Giono, Colline,1929, p. 123).Une grande fontaine publique gargouillait avec un bruit d'éternité (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 63) : ... l'eau est limpide, arrêtée par les cailloux, elle gargouille et fait de petites cascades qui sont comme des voiles blancs accrochés sur le courant.
Flaub., Champs et grèves,1848, p. 267. b) [Le suj. désigne le contenant d'un liquide] La porte qui donne sur la cuisine n'est pas fermée, les casseroles gargouillent, le pot-au-feu bouillonne (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 196).Toute l'étendue des prés, des bosquets et des villages gargouille sous le pas des hommes (Giono, Gd troupeau,1931, p. 241). − En partic. [Le suj. désigne une partie interne du corps] Produire un bruit par le passage d'un liquide dans la gorge, l'estomac ou les intestins, etc. Les poumons gargouillent, le cœur clapote dans l'eau... C'est la fin (Martin du G., Gonfle,1928, II, 5, p. 1203).Mais t'as rien dans le ventre!... (...) Comment veux-tu que ça te gargouille?... La colique ça vient pas tout seul! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 622). 2. Pop., vx. ,,Barboter dans l'eau. Des petits garçons qui ne font que gargouiller`` (Ac. 1835, 1878). B. − Emploi trans., p. métaph. ou au fig. 1. Émettre (un son) d'une voix de gorge. Il faut se battre! gargouilla la voix rauque d'un corps (Barbusse, Feu,1916, p. 365). 2. Articuler d'une manière indistincte, confuse. Il le regarda, en gargouillant des syllabes incohérentes et irritées (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 44). REM. 1. Gargouillage, subst. masc.Synon. de gargouillement.Ce qu'ils veulent c'est que tu les distrayes, les émoustilles, les intrigues avec leurs renvois (...), leurs gaz (...), leurs craquements (...), que tu leur découvres des rapports (...), des fièvres (...), des gargouillages (Céline, Mort à crédit,1936p. 24). 2. Gargouilleur, adj.Qui gargouille. Pittoaux avait de la peine à avaler, et l'estomac, l'estomac surtout, qui était vague et gargouilleur (Sartre, Sursis,1945, p. 114). Prononc. et Orth. : [gaʀguje], (il) gargouille [gaʀguj]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. xive[ms.] jargoillier « (des oiseaux) gazouiller » (Ovide Moralisé, éd. C. De Boer, XIV, 5695, var. de B; cf. aussi Gdf.); ca 1362 « bavarder (en révélant quelque chose) » (G. de machaut, Voir Dit, éd. P. Paris, 7935); xves. « articuler des paroles incompréhensibles » (Evrart de Conty, Probl. d'Arist., B.N. 210, fo167dds Gdf. Compl. : Ils [les muets] gargoullent... et vociferent par les narines); 2. 1594 « produire un bruit semblable à celui de l'eau qui tombe d'une gargouille » (J. Godard,
Œuvres, II, 321, éd. 1594, ibid.). Dér. de jargonner*, gargonner par substitution du suff. -ouiller*, cf. barbouiller, brouiller, margoillier (margouillis*), patouiller*; 2 par dér. directe de gargouille*. Fréq. abs. littér. : 43. |