| * Dans l'article "GARENNE,, subst. fém." GARENNE, subst. fém. A. − DR. FÉOD., vx. Terrain où les seigneurs se réservaient le droit de chasse et de pêche. Garenne féodale; avoir droit de garenne (Ac. 1835, 1878). Le droit de garenne était l'un des privilèges féodaux (...) supprimés sans indemnité durant la nuit du 4 août 1789 (Fén. 1970) : Ces droits de pigeonnier et de garenne, qui, de nos jours, même abolis, ont laissé un ferment de haine au cœur des paysans. La chasse, (...) c'est l'antique prérogative féodale qui autorisait le seigneur à chasser partout, et qui faisait punir de mort le vilain ayant l'audace de chasser chez lui...
Zola, Terre,1887, p. 78. B. − P. ext. Endroit clos (garenne forcée ou privée) ou ouvert (garenne libre) où l'on élève des lapins en semi-liberté; tout bois ou toute bruyère où abondent ces animaux. Faire une garenne; bonne, maigre, mauvaise garenne (Ac. 1835, 1878). Garenne naturelle. Le renard (...) préfère la garenne à la basse-cour. C'est un fin braconnier, qui fait moins de tort aux fermiers qu'aux chasseurs (A. France, Lys rouge,1894, p. 60).Lapin de garenne. [P. oppos. à lapin de clapier] . Sous le grillage, un petit lapin de garenne bondissait comme une balle (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 45).P. ell. garenne, subst. masc. Un garenne lui détala dans les jambes (Le Breton, Razzia,1954, p. 192). ♦ P. métaph. Dans la pénombre des garennes apostoliques, (...) on pâturait voluptueusement la moisissure du vieux schisme archidécédé (Bloy, Désesp.,1886, p. 189).La transparente garenne d'étoiles (Claudel, Tête d'Or,1901, 1repart., p. 48). − P. anal. Garenne à poisson. Endroit dans un étang ou une rivière où la pêche est réservée (d'apr. Littré). Rem. Littré, Guérin 1892 et DG enregistrent tabacs en garenne. Tabacs en entrepôt. REM. Garennier, subst. masc.Personne qui garde une garenne. (Dict. xixeet xxes. dont Ac.). Prononc. et Orth. : [gaʀ
εn]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 garanne « étendue de terre (boisée?) » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4559); b) 1486 « bois, étendue boisée où vivent les lapins et se multiplient à l'état sauvage » (Arch. Nord B 7662, pièce 13 : lappin de garende); 1575 lapins de garenne (Paré,
Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, p. 364); 2. a) 2equart du xiiies. warenne « domaine de chasse réservée » (Grande Charte de Jean sans Terre, fo84 vods DEAF, col. 249); b) 1366 garanne « domaine de pêche réservée » (Doc. ds Du Cange). Étymol. discutée. Peut-être dér. du gaul. *varros « poteau » (attesté dans les noms de pers. gaul., cf. Dottin, p. 296, v. aussi a. irl. farr « poteau », irl. farr « id. »); suff. -enna (*varenna ayant pu avoir le sens d'« étendue entourée de piquets »; cf. DEAF s.v. garenne, col. 246-247). La forme garenne en serait issue par croisement avec garder (on a en effet des var. du type garende, 1297 ds Gdf.) sans qu'il soit nécessaire de supposer ce croisement pour expliquer le g(u)- initial (cf. DEAF, loc. cit. et Baldinger, p. 102, v. bbg.). Étant un terme jur., garenna est très répandu en lat. médiév. (1086 warenna « réserve de petit gibier » ds Latham). Fréq. abs. littér. : 70. Bbg. Baldinger (K.). Graphie und Etymologie... In : [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern, 1976, p. 95, 97,102. - Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 88. |