| * Dans l'article "GALANT, -ANTE,, adj." GALANT, -ANTE, adj. I. − [Gén. sans réf. partic. à l'amour] A. − [En parlant d'un homme] Vx. Alerte, vaillant au combat. Tout un monde galant, vif, brave, exquis et fou, Avec sa fine épée en verrouil (Samain, Chariot,1900, p. 10). B. − Vieilli. Galant homme. Homme qui a le sens de l'honneur, qui se comporte avec loyauté, noblesse, générosité, sachant inspirer confiance. Synon. gentleman, homme de cœur, d'honneur.Agir, se conduire en galant homme. Je ne me fie qu'à vous en cette affaire. Vous êtes un homme loyal, un galant homme (Balzac, E. Grandet,1834, p. 250).Un homme qui est généralement estimé (...) ce qu'on appelait dans le vieux français un galant homme (Tocqueville, Corresp. [avec Reeve], 1857, p. 215) : 1. Jamais race ne fut plus impropre à l'industrie, au commerce. On obtient tout d'elle par le sentiment de l'honneur; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme; l'occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre, celle du vrai gentilhomme...
Renan, Souv. enfance,1883, p. 75. − En partic. [Vis-à-vis d'une femme] Qui ménage la réputation, sauve l'honneur d'une femme, en sachant demeurer discret ou en l'épousant pour la tirer d'une situation compromettante. Synon. chevaleresque.Il faut te faire à toi-même un devoir de l'oublier, et pour cela, Suzette, il faut te marier (...). Tu peux t'en rapporter à moi (...) du soin de te choisir un honnête homme, un galant homme (Scribe, Varner, Mariage raison,1826, I, 2, p. 394).Un homme! Tout contre moi! Mais c'est affreux! Si mon fiancé l'apprenait! (...) J'espère que vous êtes un galant homme, que vous saurez vous taire (Aymé, Cléramb.,1950, I, 9, p. 58). Rem. Cet emploi ne doit pas être confondu avec les emplois II A et B où galant est gén. postposé au subst. Laisse tout doucement (...) la dame se compromettre, sûr qu'une fois compromise, une femme accepte toujours les bénéfices d'une situation dont elle a les charges... Bref, un galant homme, qui ne violentera pas l'occasion, mais un homme galant qui saura parfaitement en profiter (Pailleron, Âge ingrat, 1879, I, 3, p. 14). C. − [Galant est antéposé ou postposé] 1. Vieilli. [En parlant d'un homme ou d'un aspect de son comportement] Qui sait plaire en société par l'élégance de son allure et la politesse raffinée de ses manières, par son bon goût et sa finesse d'esprit. Vous avez un conseil de jeunes hommes, sire, Fort galants, fort jolis, fort blonds, (...) Pourquoi m'y faire entrer, moi le vieux paysan Que la rude fierté des vieilles mœurs pénètre? (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 94).L'homme terrible se prenait à sourire (...). Il était, de nouveau, maître de ses nerfs et, tout aussitôt, galant, gracieux, serviable (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 123) : 2. Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l'honnête homme et le galant homme? (...) Un galant homme a de certains agréments qu'un honnête homme n'a pas toujours mais un honnête homme en a de bien profonds, quoiqu'il s'empresse moins dans le monde. Le véritable galant homme ne devrait être qu'un honnête homme un peu plus brillant ou plus enjoué qu'à son ordinaire, un honnête homme dans sa fleur.
Sainte-Beuve, Portr. littér., t. 3, 1844-64, p. 102. Rem. Galant ne s'emploie qu'except. dans ce sens en parlant d'une pers. de sexe fém. Ma sœur (...) était, même très jeune, gracieuse et galante avec le monde (Giono, Eau vive, 1943, p. 74). − En partic. Qui marque sa courtoisie par des hommages respectueux, d'aimables prévenances envers les femmes. Être, se montrer galant (avec les dames). Cette activité secourable et galante que développe si vite chez les Français la vue du sexe en détresse (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 408).Officiers bien élevés, polis avec les hommes, galants avec les dames (About, Grèce,1854, p. 175) : 3. ... si je ne l'avais pas vu rendre ses devoirs à ma mère, qui était trop simple et trop timide pour encourager les belles manières, je n'aurais pas l'idée du point de perfection auquel un galant homme peut porter le bon ton, la réserve et la politesse.
A. France, Vie fleur,1922, p. 339. 2. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Qui se caractérise par une joliesse délicate, des grâces un peu mignardes. Elle [la religion dans les églises jésuites] tâche d'amuser les yeux, de les éblouir, de piquer l'attention blasée, de paraître galante et pimpante (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 282).De petits saxes galants, d'une fragilité délicieuse (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 228).Des assiettes de Sèvres engrillagées par le fin guillochis de leurs cannelures blanches (...) ou que noue (...) le galant relief d'un ruban d'or (Proust, Temps retr.,1922, p. 711). − [P. allus. au Misanthrope (1, 2) de Molière : Ah! qu'en termes galants ces choses-là sont mises!] Cf. Barrès, Cahiers, t. 2, 1901, p. 247 et Proust, Guermantes 1, 1920, p. 312. − Emploi subst. avec valeur de neutre. Des dentelles, un écrin, des cachemires! (...) C'est d'un galant! on dirait que c'est brodé par la main des fées! (Labiche, Perle Canebière,1855, 13, p. 218). − En partic. ♦ MUS. Qui a un caractère mondain, léger et brillant. Jeux mièvres (...) galant menuet (...) où de frêles aïeules Rapprennent à danser sur un air sémillant (Rodenbach, Règne silence,1891, p. 94).Entre le style sévère du début du dix-huitième siècle et l'établissement du style des grands classiques, prend place un style intermédiaire qu'on a baptisé du nom de style galant (La Laurencie, Éc. violon,1924, p. 149). ♦ PEINT. Qui traite de sujets gracieux. De La Foulhouze a peint un parc plein de belles dames et d'élégants messieurs, au temps jadis. C'est certainement fort joli, fort élégant (...). Pérèse. − La saison des roses. − C'est un sujet analogue, − une peinture galante et d'un aspect agréable (Baudel., Salon,1845, p. 54).Fête(s) galante(s). Tableau (du xviiies. surtout) mettant en scène généralement des personnages costumés (de la comédie italienne), traités avec une délicate fantaisie. Les impostes [couvertes] de pastorales d'opéra, de fêtes galantes, de bergères-camargo de l'immortel et délicieux Watteau. Les compositions en étaient gracieuses et délicates, le coloris suave et cristallin (Borel, Champavert,1833, p. 10).Les couleurs de cette fête galante où un arlequin fait la roue devant des robes roses et bleues (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 192).Cf. aussi allusif ex. 4.Les fêtes galantes (1869). Poèmes de Verlaine, inspirés notamment par ce genre de tableau. II. − [Avec une réf. explicite à l'amour; galant est gén. postposé] A. − [En dehors des relations charnelles; en parlant d'un homme] Qui cherche à plaire aux femmes en général et leur fait la cour. Galant? qu'est ce que c'est que ça? (...) − C'est être gentil avec une femme (...) c'est lui dire de jolies petites choses (Labiche, Deux merles bl.,1858, II, 11, p. 195).Très galant, Testelin, un faible très prononcé pour les jolies femmes (Becque, Corbeaux,1882, I, 10, p. 94).En lui touchant la main, il sentit qu'une fièvre la brûlait. Il se mit à causer à mi-voix, tendre et galant, berçant cette âme épuisée au charme de paroles amoureuses (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Réveil, 1883, p. 881). Rem. Galant s'emploie except. en parlant d'une femme pour signifier « qui cherche à plaire aux hommes, coquette » ou « qui peut plaire à un homme, désirable ». Autrefois belle, encore galante avec les pêcheurs, elle a des moustaches à présent (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 213). Celle-là qui fut jadis fraîche et galante, et qui maintenant vieillie (...) saisit ses mamelles pendantes (Claudel, Tête d'Or, 1890, p. 56). B. − [Avec des relations charnelles hors mariage; en parlant d'un homme ou d'une femme] Qui aime, recherche les aventures amoureuses; qui a un comportement amoureux très libre. Femme galante (synon. femme facile, légère); homme galant (synon. homme à bonnes fortunes). Une lionne, une femme à la mode, un peu galante peut-être, aimant les aventures, le mystère, et qui s'éprit de vous (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 112).Il a été galant. − Oui, il a eu beaucoup d'intrigues. − Alors, (...) il est aussi usé qu'expérimenté (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 160) : 4. ... rien de ce monde galant n'était pur. Les amours en cours y étaient troublées, menacées à chaque instant, par toutes les amours possibles. Les combinaisons ne pouvaient être immuables. Personne n'aimait en sécurité. Les regards s'entrecroisaient, s'interrogeaient, et chacun supputait ses chances.
Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 194. ♦ Femme galante. Femme qui vit de ses charmes. Synon. vieillis demi-mondaine, poule de luxe (fam.).Quantité de ces beautés galantes des diverses capitales de l'Europe, admises partout maintenant, à exercer leur sale métier (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 334).Le quartier des artistes et des improprieties ou femmes galantes, mais hautement respectables d'allure, qui tenaient alors l'emploi de nos cocottes chic (Blanche, Modèles,1928, p. 219) : 5. Il faut là-bas [en Chine], pour être accepté par une femme galante qui n'est pas une simple prostituée, une cour de six semaines, de deux mois, avec correspondance, petits soins, cadeaux et galas tous les jours.
Goncourt, Journal,1879, p. 55. − Monde galant. Monde des femmes galantes. Le docteur (...) avait une clientèle superbe dans le monde galant. Très gai, riant en camarade avec ces dames, mais ne couchant jamais (Zola, Nana,1880, p. 1418). − Emploi subst. [Correspond à A et B] Synon. amant, amoureux, fiancé, soupirant.Sinon un mari, un galant en attendant; ce serait le plus grand bienfait du ciel que d'avoir dans ses bras un objet si aimable (Nerval, Faust,1840, 2epart., p. 121).On a envie (...) d'entraîner sa galante à l'écart, de l'amignouter gentiment (Genevoix, Raboliot,1925, p. 126) : 6. Je donne rendez-vous à une barrière; là mon galant monte, on abat les volets et en route pour Cythère. Au retour, je dépose mon partenaire (...) je suis une viveuse, le féminin de viveur, voilà tout; et moi qui n'ai ni l'ambition, ni l'étude pour m'occuper, dois-je me priver d'amants quand ces messieurs ont des maîtresses, eux qui ont d'autres passe-temps?
Péladan, Vice supr.,1884, p. 71. Rem. Dans ce dernier emploi, galant ne s'emploie que rarement au fém. et prend souvent une nuance familière. C. − P. ext. 1. [En parlant d'un trait du comportement hum.] Qui exprime l'amour, le désir amoureux. Air, conversation, cour, geste galant(e); mots galants. Les dames, aux propos galants des séducteurs, Ne seront pas rebelles (Moréas, Syrtes,1884, p. 54).Vieillir sans avoir rien connu de bon, de doux, de tendre ou de galant, sans avoir jamais savouré le délicieux plaisir des baisers dérobés, (...) aller jusqu'à la mort dans l'ignorance de toute sensualité raffinée et de tout sentiment élégant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Échec, 1885, p. 1002). − En partic. Qui se rapporte à l'amour charnel hors mariage. Intrigue(s), vie galante(s). Ses aventures galantes se bornaient à de brèves et brusques amourettes de chasseur (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 10).Ce monde illogique où nous vivons, qui n'aime pas l'adultère de la femme et qui raffole de toutes les fautes galantes d'un homme comme il faut (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 167). 2. [En parlant de l'aspect extérieur d'une pers. ou de son décor] Qui manifeste l'intention de séduire, provoque ou favorise le désir, le plaisir amoureux. Costume, déshabillé galant. Les dames commencent à se montrer [dans le passage des Panoramas] en petit négligé du matin, négligé coquet, galant, plus gracieux souvent que la grande toilette (Kock, Pucelle,1834, p. 3).Pour deux amoureux?... cette maison-ci?... Vous n'y pensez pas (...). Ah! si vous parliez du petit pavillon qui est au bord de l'eau... là, oui, tout est gentil, galant, romanesque (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 239). 3. En partic. [En parlant d'une œuvre littér. ou artistique] Qui traite de sujets amoureux (notamment d'amour courtois ou précieux en littérature). Gravures galantes; vers galants. Donner une tournure galante au journal en racontant les aventures publiques et privées des lorettes, des filles entretenues et des actrices (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 61).La chronique galante et scandaleuse, connue sous le titre d'Histoire amoureuse des Gaules (1660) [de Bussy] (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 17).Cf. aussi érotique A 2 ex. de Sainte-Beuve : 7. ... il traitait, selon la mode, des scènes galantes, caressait d'un pinceau lisse et timide des carquois épuisés et des oiseaux envolés, des jeux dangereux et des songes de bonheur, troussait des gardeuses d'oies et fleurissait de roses le sein des bergères.
A. France, Dieux ont soif,1912, p. 13. − Emploi subst. à valeur de neutre. Ces dispositions pour le galant et le romanesque [au dix-septième siècle] (Sainte-Beuve, Virgile,1857, p. 299). REM. 1. Vert-galant, adj. et subst. masc.[P. allus. au vert-galant ou galant de feuillée « bandit qui se postait dans les bois pour attaquer les passants »] Très hardi et entreprenant avec les femmes. L'administrateur noceur et vert-galant, une espèce d'Henri IV du département de l'Eure. L'homme a (...) un teint blafard de viveur et de coquin (Goncourt, Journal,1864, p. 67).Emploi subst. Jansénistes et libertins, puritains et verts-galants (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1561).En partic. Surnom de Henri IV. On trouva héroïque et charmant (...) ses caprices, ses amours, (...) et l'on admire qu'il [Henri IV] ait mérité le nom de vert-galant (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 193). 2. Galanthommerie, subst. fém.,rare. Qualité du galant homme. Prévenquière. − Une affaire dans laquelle je vois hésiter un si galant homme... Adhémar. − Où prenez-vous sa galanthommerie? Prévenquière. − Elle est incontestable (Augier, Lions,1870, p. 283). Prononc. et Orth. : [galɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xives. [date du ms. L] un gallant levrier « vif, alerte » (Gace de La Buigne, Roman des Deduis, éd. A. Blomqvist, 9085, var.); b) fin xives. « bon vivant » (E. Deschamps, Balades, MXXIX ds
Œuvres, éd. De Queux de Saint-Hilaire et G. Raynaud, V, 302); c) 1471 galant de la feuillie « bandit qui se tient dans les bois » (Doc. ds Gdf.); d) xves. vert gallant « homme entreprenant avec les femmes » (Chansons du 15es., éd. G. Paris, CXXI, 7); 2. a) 1548 « joli, agréable (en parlant d'une description) » (N. du Fail, Baliverneries, 196 ds IGLF); b) 1558 galland homme « homme qui a des manières d'agir honnêtes » (J. du Bellay, Regrets, 139 ds
Œuvres, éd. H. Chamard, II, 165); c) 1659 « courtois envers les dames » (La Rochefoucauld, Portrait, ibid., éd. M. D. L. Gilbert, I, 11); 3. 1606 galand subst. masc. « celui qui courtise une femme, courtisan » (Crespin, 1repartie, s.v. galan). Part. prés. de l'anc. verbe galer « dissiper (en plaisirs) » (ca 1223, waler, G. de Coinci, Miracles de la Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 39, 128), lequel vient de l'a. b. frq. *wala « bien » (cf. m. néerl. wale, wal, wel, de même sens), d'où un dér. gallo-rom. *walare « se la couler douce »; cf. DEAF, col. 84. Fréq. abs. littér. : 1 242. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 539, b) 2 778; xxes. : a) 2 664, b) 876. Bbg. Lew. 1960, p. 158, 219, 221, 252. - Mat. Louis-Philippe 1951, p. 298. - Sain. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 211-213. - Thurau (E.). Galant. Frankfurt, 1936, 113 p. |