| ![]() ![]() ![]() ![]() GAFFE3, subst. Argotique A. − Subst. masc. Sentinelle, guetteur. Les gaffes (...) sont placés à leur poste (A. Humbert, Mon bagne,1880, chap. II, f. 115). − En partic. Gardien de prison. C'est en moi qu'il me boucle et c'est jusqu'à perpète Ce gâfe de vingt ans! Un seul geste son œil, ses cheveux dans les dents : Mon cœur s'ouvre et le gâfe avec un cri de fête M'empoisonne dedans (Genêt, Poèmes,1948, p. 33). B. − Subst. masc. ou fém. [Dans des loc.] Être en gaffe, faire le gaffe, monter la gaffe. Être en sentinelle, faire le guet. Nous étions restés en gaffe, afin de donner l'éveil en cas d'alerte (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 101). − Loc. pop. Faire gaffe. Faire attention. Avec le môme j'ai fait gafe! j'ai été extrêmement prudent, j'ai pas raconté d'histoires, je voulais me tenir à carreau (Céline, Mort à crédit,1936, p. 200).Fais gaffe (...) planque-toi bien : ils ont des jumelles (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 182) : − La grande brune un peu mûre qui couchait avec Dani?
− Oui. Tu la reconnaîtras?
− Certainement.
− Elle m'attend, en ce moment, au coin de la rue du Four et du boulevard Saint-Germain. Je ne suis pas tout à fait sûr d'elle. Vas-y. Inspecte les lieux. Fais gaffe qu'il n'y ait rien de suspect.
Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 23. ♦ P. ell. Gaffe! Attention! Je me dis « gafe! Toto! vingt contre un, que c'est les adieux! » (Céline, Mort à crédit,1936p. 325). Prononc. et Orth. : [gaf] (Dub., v. aussi Dupré 1972). Formes gafe ds Céline, loc. cit. et gâfe ds Genêt, loc. cit. Étymol. et Hist. 1. 1455 gaffre « sergent » (Le Procès des Coquillards ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 96), attest. isolée, de nouv. 1798, nov. rester en gaffre « faire sentinelle » (Orgères, II-1-267, vo37 Aveux Ringette); 1799, avr. être en gaffe (Id., I-24-63, ro1, Aveux Tolly); 2. 1927 faire gaffe (Dussort, Preuves exist., dép. par G. Esnault, 1938, p. 71). Les formes actuelles du mot sont à considérer soit comme une continuation de l'anc. gaffre du xves. qui est dér. du m. h. all. kapfen, gaffen « regarder bouche bée, badauder » (Lexer); soit comme un empr. à l'all. Gaffer « badaud », de même origine. STAT. − Gaffe1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. : 200. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4, b) 55; xxes. : a) 487, b) 527. |