| GÂTEUX, -EUSE, subst. et adj. A. − MÉD. (Infirme ou aliéné) ,,qui est atteint d'incontinence d'urine ou des matières fécales`` (Méd. Biol., t. 2, 1971) et, par suite, gâte ses draps et ses vêtements. Exposition des peintres-graveurs : Redon, du fantastique fait par un gâteux de Bicêtre sur une chaise percée (Goncourt, Journal,1889, p. 915).Plus tard, il y a lieu surtout de veiller à la propreté du dément gâteux (Codet, Psych.,1926, p. 78).Dans l'arrière-boutique, le gâteux gémissait doucement pour qu'on le torche (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 15). B. − P. ext. (Personne généralement âgée) dont diverses fonctions physiques ou plus souvent intellectuelles sont presque éteintes, qui retombe en enfance, qui radote, qui mange malproprement. L'étonnement muet des vieillards gâteux (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., X, p. 211).Les jeunes romanciers ne manquent pas de faire des gâteux de tous les vieillards (Bloy, Journal,1899, p. 376) : Quarante-sept ans! Tu me prends déjà pour un vieillard? Pour un gâteux? Pour une baderne? Pour une guenille, un débris, un déchu, un amoindri, une ganache, un décrépit, un sénile, un caduc, un suranné, une ruine, un archaïque, un périmé, un défectif, un vioc et pour tout dire un con?
Queneau, Loin Rueil,1944, p. 80. − P. hyperb., fam. Stupide comme l'est un vieillard imbécile. Les gâteux de l'école historique coudoyant les jeunes fous du réalisme (Zola,
Œuvre,1886, p. 134).Ma mère, il lui foutait une telle trouille qu'elle en devenait toute gâteuse! Elle bavotait, chevrotait, elle avait des bulles... il l'achevait, il la sonnait totalement (Céline, Mort à crédit,1936, p. 232). ♦ P. méton. Un autre intrus, demandant la démission d'un autre procureur impérial, aussitôt obtenue de la bienveillance gâteuse du ministre (Goncourt, Journal,1871, p. 735).L'abdomen pointé en avant, l'index dressé et la lippe parfaitement gâteuse (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 285). − En partic. Victime d'une passion au point d'en perdre toute mesure et d'en être stupide. (Ds Rob., Lar. Lang. fr.). Aimer qqn à en être gâteux; son bonheur le rend gâteux. REM. 1. Gâteuse, subst. fém.Longue redingote très ample qui ressemble à la capote que portent les gâteux dans les hôpitaux. Un petit gommeux complètement crevé dit au cocher d'une voix éteinte, du fond du grand collet de sa gâteuse (Larchey, Dict. hist. arg.,1878, p. 190). 2. Gâteusement, adv.D'une manière qui est propre à une personne gâteuse. Il demande aujourd'hui, gâteusement, du matin au soir, qu'on ne plante pas de croix sur sa tombe (Bloy, Hist. désobl.,1894, p. 104). Prononc. et Orth. : [gɑtø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1836 subst. (Ac. Suppl.). Dér. à l'aide du suff. -eux, forme dial. de -eur2*, employée par dérision, de gâter* méd. « lâcher inconsciemment les urines et les selles » 1877 ds Littré Suppl. Add.; cf. a.fr. gaster « user; gaspiller; répandre, verser (un liquide) » ainsi que soi gaster « se souiller » xiies. ds DEAF col. 374 et 370. Fréq. abs. littér. : 136. Bbg. Klein (J.R.). Le Vocab. des mœurs de la « Vie parisienne » sous le Second Empire. Louvain, 1976, p. 151. - Quem. DDL t. 4. |