| * Dans l'article "FÈVE,, subst. fém." FÈVE, subst. fém. A.− BOT. Plante potagère (famille des Légumineuses) dont les graines comestibles sont contenues dans de grosses gousses laineuses. Les champs de fèves chavirent comme pour renverser leur poids de fleurs dans les canaux et les rigoles (Giono, Gd troupeau,1931, p. 254): 1. Une sœur de Théo parlait de l'effet hallucinatoire, produit chez elle par les senteurs d'un champ de fèves, des rêves troubles que cela lui faisait monter au cerveau, tout éveillée qu'elle était. Théo, sortant de sa somnolence, dit : « La fève est la plante qui touche le plus à l'animalité. Vous savez qu'elle se retourne dans la terre. Pythagore la considérait si bien comme quelque chose en dehors de la végétation ordinaire, qu'il la proscrivait comme de la viande ».
Goncourt, Journal,1872, p. 883. ♦ Fève de(s) marais. Fève commune à grosses graines, de culture maraîchère. (Ds dict. xixeet xxes.). Synon. région. (Canada) gourgane ou grosse fève.Culture de la fève de marais (Guide de jardinage Gonthier,1978, p. 32). − Proverbe, rare. Un proverbe du Moyen Âge affirme que lorsque les fèves fleurissent, les fous se montrent (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 224). B.− P. méton. a) ALIM. gén. au plur. Graine de cette plante. Écosser des fèves; plat, purée de fèves. Les petites fèves de marais, qu'on appelle « fèves anglaises »; quand elles sont encore vertes, c'est un manger des dieux (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 219). b) Expressions et proverbes, au fig., pop., au sing. ou au plur. ♦ Compter les fèves. Faire des choses sans importance, attendre; poireauter. Nous travaillons pour les élections minicipales [sic] oui ou m...? − Et alorss! Nous avons pas venns [lire venus] ici pour compter les fèves, va! (Musette, Cagayous partout,1905, p. 35). ♦ Donner un pois pour avoir une fève (vieilli). Faire un petit cadeau pour en recevoir un plus grand. [Justin à Vernoubrel] − Quoi! tu as prêté de l'argent, toi qui ne donne un pois que pour recevoir une fève? (Fabre, Courbezon,1862, p. 408).S'il me donne des pois je lui donnerai des fèves. ,,S'il me fait de la peine, s'il me donne du chagrin, je lui rendrai la pareille`` (Ac. 1835, 1878). Synon. vieilli.Rendre fève pour pois (Ac. 1835, 1878 et ds Littré, DG, Lar. Lang. fr.). C.− [P. anal. de forme] 1. BOT. [Fève + gén. détermin.] a) Vx et région. (Ouest et Canada). Fèves (de haricots). Haricots blancs. Petites fèves. Haricots verts (ds Littré, DG, Lar. Lang. fr.). Fèves vertes, jaunes, rouges. Avez-vous déjà mangé des fèves au lard avec une perdrix ou deux au milieu du pot? Ç'a goût d'amande. Y a rien de meilleur. Ça ramènerait un mort (Guèvremont, Survenant,1945, p. 47). b) Graines ou plantes diverses (dont les graines sont enfermées dans des gousses). ♦ Fève (arabique). Graine de caféier. Les douceurs (...) de la fève arabique qui fait penser (Brillat-Savar., Physiol. goût,1825, p. 393: 2. ... l'honneur de la découverte (...) appartient incontestablement à celui qui, le premier, s'est avisé de torréfier cette fève. Effectivement, la décoction du café cru est une boisson insignifiante; mais la carbonisation y développe un arome, et y forme une huile qui caractérisent le café tel que nous le prenons, et qui resteraient éternellement inconnus sans l'intervention de la chaleur
Brillat-Savar., Physiol. goût,1825, p. 108. ♦ Fève (de cacao). Graine de cacaoyer. Pendant longtemps, on n'importa en Espagne que du chocolat tout préparé : mais, petit à petit, les procédés de fabrication furent connus et des fabriques s'installèrent qui importèrent alors les graines ou fèves de cacao (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 36): 3. ... la fabrication du chocolat comprend toujours les opérations suivantes : choix et magasinage des cacaos, nettoyage et triage des cacaos, torréfaction des fèves, concassage, décortication et dégermage des fèves torréfiées, broyage du cacao décortiqué, mélange de la pâte de cacao avec le sucre...
Brunerie, Industr. alim.,1949p. 36. ♦ Fève de/du Calabar. Graine d'une liane d'Afrique occidentale. Une goutte de solution d'extrait de la fève du Calabar dans la glycérine introduite avec un petit pinceau entre les deux paupières détermine, quelques minutes après, la contraction de la pupille (Littré-Robin1865). ♦ Fève d'Égypte. Le Nelumbo ou fève d'Égypte provient du Nymphaea nelumbo, plante qui, dit-on, est en même temps le Lotos sacré des Égyptiens et le Tamara de la religion indoue (Dorvault, L'Officine ou Répertoire général de pharmacie pratique,Labé, 1850, p. 383). ♦ Fève de Tonka. Graine d'un arbre de la Guyane. La coumarine est le principe odorant de (...) la fève de Tonka (Lebeau, Courtois, Pharm. chim.,t. 2, 1929, p. 220).V. tonka. 2. Domaines divers a) ART VÉTÉR.
α) Vx. Gonflement anormal du palais qui s'observe parfois chez le cheval. (Quasi-)synon. lampas (Ac. 1835, 1878).
β) Germe de fève ou p. ell. fève. Tache noire située au milieu des douze dents antérieures des jeunes chevaux. C'était un cheval de dix-huit ans (...). Maintenant, un peu abruti, sans souffle et sans fève, la tête basse (Esparbès, Grogne,1905, p. 50). b) ENTOMOL. Chrysalide de certains insectes, en particulier du ver à soie. La chenille ne quitte sa dernière peau que dans le follicule pour paroître sous une forme toute différente, qu'on nomme ordinairement fève; mais mieux chrysalide, aurélie ou nymphe. Cette nymphe est une petite masse allongée, ovale plus grosse à l'une de ses extrémités (Dumeril, Élémens des sc. nat.,Paris, Deterville, t. 2, 1825, p. 90). c) CONCHYLIOLOGIE. Fève marine. Nom usuel d'un coquillage du genre buccin. (Ds Guérin 1892, Quillet 1965, Lar. Lang. fr.). D.− CIVILIS., au sing. − Fève ou légume sec, ou petit objet que l'on place dans la galette des rois. Une galette pour les rois? Avec une fève dans le milieu! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 414): 4. Au dessert, on apporta le gâteau des rois. Or, chaque année, M. Chantal était roi. (...) il trouvait infailliblement la fève dans sa part de pâtisserie, et il proclamait reine Mme Chantal. Aussi, fus-je stupéfait en sentant dans une bouchée de brioche quelque chose de très dur qui faillit me casser une dent. J'ôtai doucement cet objet de ma bouche et j'aperçus une petite poupée de porcelaine, pas plus grosse qu'un haricot.
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MllePerle, 1886, p. 629. ♦ Loc. fig. Trouver la fève au gâteau. Faire une bonne découverte, une bonne rencontre, trouver une solution à... : 5. La fève n'est pas autre chose que le symbole de notre soufre emprisonné dans la matière; véritable soleil minéral (...) dispensateur de toute jouissance sur la terre. C'est lui, cet or jeune et vert, qui dotera l'artiste (...) du triple privilège de la santé, de la fortune et de la sagesse. Voilà pourquoi l'expression : trouver la fève au gâteau, signifie aussi bien faire une découverte géniale et importante, qu'une excellente et riche affaire. De même, il est bon de noter que la fève de la galette des rois est souvent remplacée par un bébé minuscule, appelé baigneur, ou par un petit poisson, lui aussi de porcelaine...
Canseliet, Alchim.,1936, p. 93. − Gâteau à (de) la fève. Gâteau du jour des rois. Le récit de cette soirée des Rois, des feuilles de buis, du gâteau à la fève ont fort amusé nos dames, qui ne connaissaient pas cela (E. de Guérin, Lettres,1839, p. 245). − Roi de la fève. Celui à qui est échu la fève du gâteau et qui a été proclamé roi de la fête : 6. Qui est-ce qui ne sait pas que cette plaisanterie du roi de la fève nous vient des Romains, dont les enfans, pendant les saturnales, tiraient au sort à qui serait roi du festin? Cet emploi de la fève, pour interroger le sort, remonte aux Grecs, qui se servaient de fèves pour l'élection de leurs magistrats.
Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 32. REM. Févette, subst. fém.,,Variété de fève de petite taille`` (Rob. Suppl. 1970). La soupe des févettes (Musette, Cagayous partout,1905, p. 25).Herbettes, brindilles ou févettes que les gens allaient glaner dans les collines pour faire le jus (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 283). Prononc. et Orth. : [fε:v]. Enq. : /fev/. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 2 1787 signale pour Paris la prononc. [fe:v] bien que la règle soit de prononcer [ε] devant une consonne articulée. Étymol. et Hist. 1178 (Renart, éd. E. Martin, IV, 371, t. 1, p. 156); ca 1220 trouver la fève [du gâteau des Rois] (G. de Coinci, éd. V. F. Kœnig, II Mir 25, 410). Du lat. class. faba « fève ». Fréq. abs. littér. : 260. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 757, b) 285; xxes. : a) 183, b) 195. Bbg. Cohen 1946, p. 11. − Hasselrot 20es. 1972, p. 8 (s.v. févette). − Thomas (A.). Nouv. essais 1904, p. 346, 349, 363. |