| * Dans l'article "FÉERIE,, subst. fém." FÉERIE, subst. fém. A.− [En référence à la nature des fées] 1. Vx. Pouvoir magique des fées. Il fut transporté à Babylone par art de féerie (Ac.1932). 2. P. méton. a) Monde merveilleux où s'exerce le pouvoir des fées. Royaume, château, personnage de féerie. La vraie religion a le singulier mérite d'avoir créé parmi nous l'âge de la féerie et des enchantemens (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 472).C'était comme si on avait vécu dans une féerie ou dans un conte des Mille et une nuits (Maurois, Disraëli,1923, p. 55): 1. Au moment où notre nom résonne dans la bouche du présentateur, surtout si celui-ci l'entoure comme fit Elstir de commentaires élogieux − ce moment sacramentel, analogue à celui où, dans une féerie, le génie ordonne à une personne d'en être soudain une autre −, celle que nous avons désiré d'approcher s'évanouit...
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 872. − P. ext. Monde poétique, irrationnel. L'était d'irréalité où je vivais − de féerie − est passé dans le style (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 636). ♦ Emploi apposé avec valeur d'adj., rare, littér. Il [Gustave Doré] a voulu écrire de son crayon une Bible féerie (Zola, Mes haines,1866, p. 73). b) Spectacle, pièce de théâtre qui met en scène des fées ou, plus généralement, des personnages magiques, surnaturels. Décor de féerie. Le besoin d'aller voir une féerie au théâtre (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 786).Cette petite Jeanne me conta avec admiration la féerie de « Peau-d'Âne » qu'elle avait vu jouer (Loti, Rom. enf.,1890, p. 153): 2. Une dernière fois, Paris l'avait vue [Nana] dans une féerie : Mélusine, au théâtre de la Gaîté, que Bordenave, sans un sou, venait de prendre par un coup d'audace; (...) son rôle était une simple figuration mais un vrai « clou », trois poses plastiques d'une fée puissante et muette.
Zola, Nana,1880, p. 1471. − Emploi apposé avec valeur d'adj. On exécuta l'ouverture de « La Fiancée du diable », une pièce féerie qui eut deux cents représentations (Balzac, Cous. Pons,1848, p. 58). − En composé. Comme (...) se dresse un monstre au coup de baguette d'une fée dans un ballet-féerie (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 352). B.− [Par simple anal. de beauté avec A 2 supra] Spectacle magnifique, merveilleux. Féerie nocturne. Les féeries de la mode et le luxe effréné de ses boutiques (Balzac, Cous. Bette,1846p. 329).Le côté le plus fantastique de ces forêts, leur prodigieuse féerie d'illumination nocturne par des milliards de mouches brillantes (Michelet, Oiseau,1856, p. 301): 3. Sans doute des milliers de petits garçons ont été fascinés comme moi par la féerie des plages battues par l'abîme...
Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 11. REM. Féeriser, verbe trans.Transformer (quelque chose) de manière irrationnelle, poétique (donné comme ,,néol.`` par Giraud-Pamart Nouv. 1974; absent des dict. gén. du xixeet xxes.). Emploi pronom. Tout ce paysage d'or pâlit, se transfigure, s'évapore, se féerise et se pastellise (Goncourt, Journal,1864p. 103). Prononc. et Orth. : [fe(e)ʀi]. L'allongement produit par [ə] dans fée ne s'est pas maintenu. Il se maintient d'autant moins en syll. inaccentuée. Mais comme cet [ə] n'a pas disparu dans la graph. il peut influencer la prononc. Pt Rob. donne la possibilité de dire [feeʀi], [ə] devenant [e] p. harmonis. vocalique et sous l'infl. de mots comme féer, féerique. Dupré 1972, p. 989, met en garde contre la tendance à écrire féérie. Étymol. et Hist. Ca 1188 faerie (Partonopeu de Blois, éd. J. Gildea, 809). Dér. de fée*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 534. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 224, b) 1 659; xxes. : a) 791, b) 714. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 105. |