| FUSIL, subst. masc. A.− Vieux 1. Petite pièce d'acier dont le choc avec un silex sert à produire des étincelles. Battre le fusil; pierre à fusil. Mèche à fusil (Ac.1835, 1878).Mousquet à fusil (Ac.1932).Vous savez (...) que l'école (...) est bâtie de bois et qu'il suffirait d'un fusil et d'un copeau pour la faire flamber comme un vrai feu de la Saint-Jean (France, Opinions J. Coignard,1893, p. 131): 1. M. de Galart battit le briquet pour rallumer le tabac et sa main ne tremblait pas en maniant le « fusil », la plaque d'acier qui frappait le silex d'un coup sec et déchirant.
La Varende, Cœur pensif,1957, p. 126. 2. Synon. de batterie (v. ce mot B 1).Fusil d'arquebuse. Fusil de pistolet. Arquebuse à fusil. Pistolet à fusil (Ac.). B.− Arme à feu individuelle constituée d'un canon long fixé sur une monture généralement en bois et comportant des dispositifs de visée et de mise à feu. Vous avez là un beau fusil; il doit porter loin. (...) Quel calibre! On peut tuer avec cela mieux que des sangliers (Mérimée, Colomba,1840, p. 64).Il dresse son fusil. Il a vite fait un petit tâton autour de la culasse, puis il s'est souvenu que ça n'est pas un fusil de guerre et il a mis le doigt à la gâchette (Giono, Gd troupeau,1931, p. 185).Cf. canon1ex. 1 : 2. Oh, je sais. Aujourd'hui, la fleur au fusil, La Marseillaise, la Wacht am Rhein... Oui. Mais demain (...) cet homme-là, qui est parti en chantant, il ne sera plus qu'un pauvre type (...) face à face avec la guerre!
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 681. SYNT. Fusil antichar, automatique, brontique, chassepot, rayé; fusil Gras, Lebel; fusil de chasse; fusil à aiguille, à deux coups, à percussion centrale, à pierre, à piston, à répétition; amorce, baguette, bassinet, bourre, canon, chien, crosse, fût d'un fusil; armer, charger, épauler son fusil; tirer des coups de fusil; porter son fusil à la main, sur l'épaule, en bandoulière; mettre la baïonnette au fusil. ♦ Fusil de munition. Synon. vieilli de fusil de guerre.L'homme de salon et de bonne compagnie qui n'a jamais remué un hoyau ou un fusil de munition (Delécluze, Journal,1825, p. 213).Tous les fusils de munition devaient être délivrés aux réquisitionnaires. La garde nationale de la section serait armée de fusils de chasse et de piques (France, Dieux ont soif,1912, p. 7). ♦ Fusil de rempart. Fusil de gros calibre qui équipait jusqu'au dix-neuvième siècle les soldats postés sur les remparts, dans les retranchements. Cf. balle2ex. 6. 1. Locutions ♦ Changer* son fusil d'épaule. ♦ En chien* de fusil. ♦ Coup de fusil (fam.). Addition très élevée. Le menu était tapé à la machine à écrire et les prix oscillaient, flairaient le vent du coup de fusil (Arnoux, Paris,1939, p. 270). ♦ En coup de fusil (vieilli). [En parlant d'une chambre, d'un appartement] Long et étroit. Un logement en coup de fusil qui semblait bâti pour une anguille (Zola, Assommoir,1877, p. 522).C'est une petite loge au troisième étage, un cabinet en coup de fusil dont l'unique fenêtre donne sur une ruelle (Colette, Music-hall,1913, p. 37). 2. P. ext. a) Vieilli. Fusil à vent. Arme portative dont le projectile est expulsé du canon par de l'air comprimé. Des royalistes, enfermés pour avoir voulu tuer le Premier Consul, à l'aide de fusils à vent (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 228).Les fusils à vent, (...) permis dans le Tyrol allemand, sont défendus, sous des peines graves, dans le Tyrol italien (Michelet, Journal,1838, p. 279). b) Fusil sous-marin, lance-harpon. Arme lançant un harpon, utilisée pour la chasse sous-marine. Tiens, Georges, voilà le type de maniaque. Perfectionner le fusil sous-marin! (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 190).La chasse sous-marine n'est pas caractérisée par l'usage d'un fusil lance-harpon, mais par la capture des poissons à la nage ou en plongée (Boyer, Pêches mar.,1967, p. 22). c) Jouet imitant un fusil. Fusil à air comprimé, à bouchon, à fléchettes. Ils jouent à Chilpéric, à Clodomir, (...) et se battent avec des fusils en planche, de vrais fusils carolingiens (Giraudoux, Simon,1926, p. 241).Pour mes étrennes, mon père mit dans mes sabots cirés un fusil de bois et une orange (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 86). 3. P. méton. Personne armée d'un fusil. Un rezzou de trois cents fusils (...) aurait surgi à l'est et massacré une caravane (Saint-Exup., Courr. Sud,1928, p. 77). − Tireur au fusil. Un bon fusil, un grand fusil (Ac.1932).Nous avions mis rôtir un porc sauvage tué par le marquis, le premier fusil de l'île après Tartarin (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 150). 4. P. anal. a) Vieilli, arg. [P. réf. au fait que les fusils se chargeaient par la gueule] Gosier, estomac. C'est qu'on ne s'est pas collé grand'chose dans le fusil depuis deux jours (Vallès, J. Vingtras,Insurgé, 1885, p. 204).Cf. coller ex. 10. b) [P. anal. de forme et de matière avec le canon d'un fusil] Tige d'acier servant à aiguiser; pierre à aiguiser. Un solide gaillard (...) portant au côté, ainsi qu'un glaive le « fusil » d'acier reluisant, embelli d'un manche d'ivoire (Arène, Paris ingénu,1881, p. 122).Un fusil de boucher (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 297). REM. Fusillot, subst. masc.,,Chasseur à tir digne de mépris`` (Duchartre 1973). Madame Olmer avait fui le grand déjeuner de chasse. En mettant la maison à la disposition des fusillots, elle estimait avoir assez fait pour le noble art (La Varende, Indulg. plén.,1951, p. 96). Prononc. et Orth. : [fyzi]. D'apr. Littré, au plur. l's se lie : des fusils en acier [defyzizɑ
̃nasje]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1105 judéo-fr. foisil « pièce d'acier avec laquelle on bat un silex pour en faire jaillir des étincelles » (Gl. de Raschi, 494, p. 69 ds T.-L.); 1174-78 focil (E. de Fougères, Manières, éd. J. Kremer, 1108); 2. xiiies. foisil « baguette d'acier servant à aiguiser les lames » (Oustillement au Vilain, éd. U. Nyström, p. 60, 163; v. p. 301); 3. « petite arme à feu » [cf. Encyclop. méthod. Art milit., t. 2, 2 : arme inventée en France en 1630, substituée en 1671 au mousquet] 1671 (Pomey ds FEW t. 3, p. 650 b). Du lat. vulg. *focilis [s.-ent. prob. petra] proprement « qui produit le feu » (dér. du class. focus « foyer, feu du foyer », cf. focaris petra « pierre à feu », Isodore), d'où l'a. fr. foisil; fuisil, d'où fusil, est dû à une évolution irrégulière. Fréq. abs. littér. : 3 217. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 034, b) 7 255; xxes. : a) 4 551, b) 4 467. COMP. Fusil-mitrailleur, subst. masc. Arme à feu collective ressemblant à un fusil et pouvant tirer par rafales. Les gardes d'assaut tiraient. Sans doute possédaient-ils un fusil-mitrailleur, car un bruit de tir mécanique montait au-dessus des coups de fusil, vers celui des mitrailleuses fascistes, immobile (Malraux, Espoir, 1937, p. 487). Nous fabriquons désormais des fusils, des fusils-mitrailleurs, des mortiers (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 451). − [fyzimitʀajœ:ʀ]. Au plur. des fusils-mitrailleurs. − 1reattest. 1919 (Dorgelès, Croix de bois, p. 303); composé de fusil* et de mitrailleur* − Fréq. abs. littér. : 36.BBG. − Quem. DDL t. 1, 8. |