| * Dans l'article "FURIEUX, EUSE,, adj." FURIEUX, EUSE, adj. A.− Vx [Correspond à fureur A] 1. [En parlant d'une pers.; p. méton. de son comportement, d'une aliénation mentale] Qui présente les caractères de la fureur. Folie furieuse; fou furieux. Litt. Roland furieux (Orlando furioso), épopée de l'Arioste. Sa jalousie devint un délire, et sa raison se perdit dans des transports furieux (Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 123).Une crise de démence furieuse..., en pleine crise... aidez-moi, nom de Dieu! (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 115): 1. Le prince Georges Cantacuzène (...) était devenu presque fou. Il n'était pas furieux, mais par moment dans un demi-idiotisme, bégayant...
Michelet, Journal,1849-60, p. 576. − Emploi subst. Personne atteinte de fureur. Synon. enragé (vx), frénétique (vx).Nous approchions du quartier des furieux, dont les hurlemens redoublèrent lorsqu'ils nous aperçurent à travers les barreaux de leurs loges (Jouy, Hermite,t. 3, 1813p. 121).Cet imbécile s'est jeté sur moi comme un furieux, sans prononcer un mot, avec une figure de fou (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Morin, 1882, p. 849): 2. À cette longue et effroyable crise succéda la prostration. Et, si affaibli, si épuisé, si anéanti que fût le furieux, il lui échappait encore des cris de rage.
Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 405. − En partic., littér. [En parlant d'une pers.; p. méton., de son comportement] Qui manifeste une fureur inspirée. Jean-Christophe, qui se croit Dieu et qui « fait craquer les limites de l'être », tient la foi pour cette espèce de délire furieux qui le possède (Massis, Jugements,1924, p. 147). 2. [Correspond à fureur B 2; en parlant d'une pers.; p. méton., de son comportement] Qui est en proie à une très grande colère, qui exprime la fureur. Air, cris, gestes, regards, visages furieux, paroles furieuses. Nous trouvons (...) l'homme [Feydeau] colère, furieux, avec des rages d'imbécile, disant que jamais on n'a vu un public comme ça (Goncourt, Journal,1865, p. 155).La voleuse, non contente de son triomphe, arrive sur nous, furieuse, les yeux hors de la tête, la gueule pleine d'injures (Bloy, Journal,1905, p. 272): 3. ... il [Jean-Michel] était pris brusquement par des impatiences folles, non seulement aux répétitions de l'orchestre, mais en plein concert, où il lui était arrivé, devant le prince, de jeter son bâton avec rage et de trépigner comme un possédé, en apostrophant un des ses musiciens, d'une voix furieuse et bredouillante.
Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 28. a) Furieux de + subst. ou inf. ou de ce que, que + complétive.Extrêmement mécontent de. Marie est furieuse que tu ne sois pas venu nous voir (Mallarmé, Corresp.,1867, p. 253).Il est furieux de ce que le dîner s'est trouvé mauvais (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1884, p. 77).Le duc, qui était encore furieux d'avoir attendu (Proust, Sodome,1922, p. 722): 4. ... Zacharie, mal éclairé, furieux de cette lueur vacillante qui retardait sa besogne, commit l'imprudence d'ouvrir sa lampe.
Zola, Germinal,1885, p. 1555. b) En partic.
α) [En parlant d'une divinité] Qui est rempli de courroux. Des mots qui eussent pu servir de commentaire aux lignes terribles que la Gita [célèbre poème indien] hindoue consacre au Dieu furieux et sanglant qui commande au temps destructeur (Abellio, Pacifiques,1946, p. 417).
β) [En parlant d'une armée; p. méton., d'un engagement, d'une action guerrière, etc.] Qui est animé de fureur guerrière. Combat furieux; attaque furieuse. Il reçut sur la poitrine un furieux coup de sabre (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 175).Il [Pharaon] (...) se mit en route, entraînant à sa suite tout un peuple de soldats. Furieux et terrible, ... (Gautier, Roman mom.,1858, p. 338).Menacés d'encerclement, broyés sous la charge furieuse de la lourde chevalerie chrétienne, les turcs prirent la fuite (Grousset, Croisades,1939, p. 28).
γ) [En parlant d'un animal] Qui est en fureur. Lion furieux. Les bocages, qui servent de retraite à un rhinocéros, à un tigre perfide, à un buffle furieux, à un lion toujours en courroux (Bern. de St P., Harm., nat.,1814. p. 295).Le cygne qui se dressait, furieux, et battait des ailes, en sifflant (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 260). − HÉRALD. Taureau furieux. Taureau dressé sur les pattes arrières. D'azur au taureau furieux et levé en pieds d'or (Ac.). c) Littér. [En parlant d'un phénomène naturel] Qui est d'une extrême impétuosité. Flots furieux; mer, tempête furieuse. Synon. impétueux.Lorsqu'on remonte les rives d'un torrent furieux, on est épouvanté, au fond de la vallée, du fracas de ses ondes (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 135).Les nuages noirs poussés par un vent furieux sur un ciel d'orage (Gautier, Fracasse,1863, p. 218).L'échéance de l'été, ces semaines, ces mois de séparation, chargés d'orages, traversés de pluie furieuse, brûlés d'un soleil mortel (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 234). B.− P. ext., usuel. [Correspond à fureur B 1; en parlant d'une pers.; p. méton., de son comportement] Qui manifeste une passion excessive, une ardeur extrême. Des orateurs furieux, aveuglés par des passions haineuses ou se laissant diriger par l'esprit de parti et par de basses intrigues (Maine de Biran, Journal,1821, p. 343).Il n'avait eu, toute sa vie, qu'une inapaisable passion : la chasse. Il chassait tous les jours, du matin au soir, avec un emportement furieux (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Rouille, 1882, p. 790).De furieux applaudissements éclatèrent, montèrent (Zola, Rome,1896, p. 185). − En partic. [En parlant du comportement amoureux d'une pers.] Qui est empreint d'une extrême ardeur. Baiser furieux. Jamais une Messaline, une Catherine ne sera sage. Elle ne le peut pas. Elle est créée pour la caresse furieuse! (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Enf., 1883, p. 395).Elle m'a su donner des nuits furieuses et de tendres jours (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 233). C.− Au fig. 1. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'un sentiment, d'une action; correspond à fureur C] Qui est porté à un degré extrême, qui est d'une extrême intensité. Passion furieuse. Dans toute sa contenance se lisait (...) une résolution furieuse (Mérimée, A. Guillot,1847, p. 90).Ce fut pour le jeune homme un désespoir épouvantable, un désespoir si furieux qu'il ne le pouvait cacher (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, M. Jocaste, 1883, p. 873). 2. Fam., antéposé. Qui est excessif dans son genre, peu commun. Synon. fameux (fam.), sacré (fam.).Par de furieux lacets, une troisième route vous hisse au pied du monastère (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 35). REM. Furax, adj. invar.Synon. fam.Elle [ma femme] me dit, furax : C'est tout ce que tu m'apportes après six mois (Vialar, Morts viv.,1947, p. 111).Tout mou, tout poli, ne lâchant pas un mot d'argot. Furax, quoi! Je connais Serge. Il est comme ça quand il est en rogne (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 169). Prononc. et Orth. : [fyʀjø], fém. [-ʀjø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1372 « irascible, violent » fille furieuse (J. Corbichon, Propr. des Choses ds Delb. Réc. ds DG); 2. a) 1437 « fou porté à des actes de violence » (ds Beautemps-Beaupré, Cout. d'Anjou et du Maine, II, 122 ds Romania t. 33, p. 354); 1672 « qui exprime la fureur » air furieux (Boileau, Epitres, éd. A. Cahen, IV, 71); b) 1560 « impétueux, violent » (Id., Le Livre IV de l'Eneide ds
Œuvres, éd. Ch. J. Marty-Laveaux, t. 1, p. 372 : le feu tournoyast furieux); c) 1690 hérald. (Fur.); 3. 1580 « très grand, excessif » un furieux désir de guérison (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre I, chap. 26, p. 210). Du lat. class. furiosus « en délire, dément, forcené » (formé sur le lat. furia, v. furie). Fréq. abs. littér. : 3 741. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 906, b) 7 398; xxes. : a) 7 817, b) 3 909. Bbg. Quem. DDL t. 15 (s.v. furax). |