| FULGURATION, subst. fém. A.− Lueur électrique qui éclate dans la haute atmosphère sans être accompagnée de tonnerre. Synon. éclair de chaleur.À huit heures, la chaleur commence et les fulgurations (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 235). − P. ext. ♦ Vieilli. Synon. de éclair.Et tantôt à la lueur du fanal, tantôt au milieu des fulgurations de la foudre, les colons se lancèrent sur la voie tracée par le fil (Verne, Île myst.,1874, p. 557).Helcias disparut dans une fulguration (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 401). ♦ Lumière éclatante. La fulguration d'une épée, d'un diamant. Il posa pour les photographes parmi les fulgurations crépitantes du magnésium (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 151). − Spéc. MÉD. Emploi thérapeutique des étincelles électriques de haute fréquence et de haute tension. La fulguration est caractérisée par l'extrême brièveté du passage du courant (Langlois, Binetds Nouv. Traité Méd.,fasc. 7, 1924, p. 198).Fulguration de la prostate par cystoscopie directe (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p. 331). B.− Au fig. Brusque illumination qui traverse l'esprit. Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 115).Elle [la pensée] progresse bien dans l'instant et comme par fulgurations (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 207).Cf. aussi crépuscule ex. 2 : Ceux qui s'aiment, les amis, les amants, savent que l'amour n'est pas seulement une fulguration, mais aussi une longue et douloureuse lutte dans les ténèbres pour la reconnaissance et la réconciliation définitives.
Camus, Homme rév.,1951, p. 202. Prononc. et Orth. : [fylgyʀasjɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1532 [éd.] « éclat de lumière électrique qui se manifeste dans l'atmosphère sans accompagnement de tonnerre » ardente fulguration (Mer des Cron., fo11 vods Gdf. Compl.); 1843 fig. (Proudhon, Créat. ordre, p. 130 : quelques uns [des philosophes] représentent la création comme une fulguration infinie de la substance divine); 2. 1755 « éclat lumineux, ici celui que jette l'argent au moment où il perd sa fluidité dans la coupelle » (Encyclop. t. 5, s.v. éclair); 3. 1922 méd. (Lar. univ.). Empr. au lat. imp. fulguratio au sens 1, lui-même dér. du supin fulguratum de fulgurare « lancer des éclairs ». Fréq. abs. littér. : 48. |