| * Dans l'article "FRONCER,, verbe trans." FRONCER, verbe trans. A.− [Avec l'idée d'une transformation passagère] 1. [Le compl. désigne une partie du visage ou de la tête] Faire plisser la peau par contraction musculaire. Il allait et venait, fronçant le nez, crispant les lèvres, dévoré d'impuissance (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 394).Elle avait jeté la tête en avant, fronçant ses lèvres pour un baiser (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1341): 1. Elle secoua la tête en fronçant la bouche, signe fréquemment employé par les gens pour répondre qu'ils n'iront pas, que cela les ennuie, à quelqu'un qui leur a demandé : « Viendrez-vous voir passer la cavalcade, assisterez-vous à la revue? »
Proust, Swann,1913, p. 362. ♦ En partic. Froncer les sourcils. J'ai un sourcil plus haut que l'autre et ne le fronce qu'en leur faveur (H. Bazin, Vipère,1948, p. 40).Il fronçait les sourcils et se grattait le crâne d'un air inquiet (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 18). − [Avec un compl. prép. désignant la forme produite] L'abbé avait froncé sa bouche en cul de poule, d'où s'échappaient des manières de petits pets (Gide, Isabelle,1911, p. 651). − [Le suj. désigne un mouvement] Une étrange grimace qui lui fronçait la peau du nez (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 44). − Au part. passé. Nez, sourcil froncé. Son menton froncé poussait ses lèvres vers son nez, signe de rêverie farouche (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 564).Son âpreté au gain se voyait à sa figure froncée (Hamp, Marée,1908, p. 21). a) [Avec un compl. prép. par ou de désignant la cause] Un visage froncé d'ennui (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 226).Chaval leur jeta un regard oblique, la bouche froncée de méfiance (Zola, Germinal,1885, p. 1180).Les maris avaient encore les narines froncées par un reste de colère (Renard, Journal,1894, p. 220). b) Emploi adj. Mais brusquement s'échappa Lafcadio (...) l'air si froncé qu'on s'arrêta presque aussitôt de l'acclamer et de le suivre (Gide, Caves,1914, p. 725).Elle n'était pas fâchée (...) de me réduire à attendre, le sourcil très froncé, qu'elle voulût bien passer à d'autres exercices (Breton, Nadja,1928, p. 125). ♦ P. ext. [En parlant d'une pers.] Qui a le visage froncé. Je trouve MlleSergent au bureau, digne et froncée (Colette, Cl. école,1900, p. 158). − Emploi pronom. à valeur passive. Les beaux sourcils de la jeune femme se froncèrent (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 96).Alors la figure de la jeune fille se contracta vers ses lèvres, qui s'ouvrirent, se froncèrent autour des narines (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 510): 2. Le visage du curé de Mégère venait de se plisser de bas en haut, parut se froncer tandis que les yeux mi-clos ne laissaient passer qu'un trait oblique. Il ressemblait à celui d'un chat.
Bernanos, Crime,1935, p. 856. ♦ [Avec un compl. prép. de désignant la manière] Un front qui se fronçait de grosses rides inexpressives (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 676). 2. P. ext. Faire des plis (sur une chose). Un coup de vent qui arriva par les fenêtres fronça le tapis de la table (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 171).À peine un pli semble froncer la surface de l'étang (Rolland, Beeth.,t. 2, 1937, p. 482). − Emploi abs. au sens passif. [Le suj. désigne une étoffe, un habit] Avoir des plis. Michon, est-ce que le corsage ne fronce pas dans le dos, à droite? (France, Hist. comique,1903, p. 9). − Emploi pronom. à valeur passive. Cependant le haillon sur leur pourpre se fronce (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 658). B.− COUT. [Avec l'idée d'une transformation permanente; le compl. désigne un tissu] Resserrer par fils coulissés, de manière à former de petites ondulations régulières sans marquer les plis. Julie Zeller fronce les 75 mètres de garniture de sa robe (Goncourt, Journal,1874, p. 1013). − [Le suj. désigne une chose concr.] Maintenir froncé. Hautes formes de mousseline que fronçaient des rubans clairs (Adam, Enf. Aust.,1902p. 150). − Au part. passé. Jupe froncée (p. oppos. à jupe plissée). ♦ [Avec un compl. prép.] [désignant l'endroit] Froncé à l'encolure. Pantalon breton fermé et froncé au genou par un élastique (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 762).Une robe de mousseline blanche froncée à la taille (France, Bonnard,1881, p. 392).[désignant la forme produite] Des mouchoirs froncés en devant de chemise et en crevés de manches (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 237).Le dos froncé à petits plis (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 29).Un corps informe, habillé de toile à sac, en haillons, froncée à larges godets autour des hanches (Martin du G., Gonfle,1928, p. 1171). ♦ Emploi adj. La blouse (...) parfois presque violette ou noire, bien froncée à l'encolure (Menon, Lecotte, Vill. Fr.,t. 1, 1954, p. 99). ♦ Emploi subst. masc. Étoffe froncée. Car les froncés obtiennent en ce moment la plus grande vogue (Obs. modes,30 avr. 1820, no6, p. 42). − Emploi pronom. à valeur passive. Des portes à petits carreaux où se froncent des tulles ou des satinettes (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 189). REM. Fronçure, subst. fém.,vx. [En parlant d'une étoffe, d'un tissu] Action de froncer; son résultat. Elle [la princesse] vit d'Arthez (...) occupé des jeux de sa robe, et d'une jolie petite fronçure qui badinait sur le busc. (Balzac, Secrets Cadignan,1939, p. 339).Absent de la plupart des dict. gén. du xxes. (sauf Quillet 1965). Prononc. et Orth. : [fʀ
ɔ
̃se], (il) fronce [fʀ
ɔ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend une cédille devant a et o : je fronçai(s), nous fronçons. Étymol. et Hist. 1. [Fin du xies. froncier « froncer, faire des plis » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 74)]; de nouv. 1269-1278 froncié « plissé (en parlant de bottes) » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11912); 2. [1160-74 fronchir le nes « froncer le nez, se renfrogner » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, Append., 590)]; fin xiies. froncier les grenons « plisser la moustache notamment pour marquer sa mauvaise humeur, son dépit... » (G. de Cambrai, Vengement Alixandre, éd. B. Edwards, 381). Dér. de fronce*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 840. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 701, b) 1 364; xxes. : a) 1 137, b) 1 555. Bbg. Quem. DDL t. 16. |