| FRIPON, ONNE, subst. A.− Vieilli. Personne malhonnête, fourbe, qui vole autrui par ruse. Mes affaires d'argent sont arrangées, grâce aux soins et à la patience de mon beau-frère, qui a lutté dix mois contre les plus insignes fripons de la ville du monde où il y a peut-être le plus de fripons (Lamennais, Lettres Cottu,1834, p. 274).Ce Guillergues, songeait-il, est un adroit fripon, un scélérat qui a spéculé sur le fourrage de notre cavalerie (France, Dieux ont soif,1912, p. 152): 1. Ancien commis d'un patron ruiné dans les affaires, Loiseau avait acheté le fonds et fait fortune. Il vendait à très bon marché de très mauvais vin aux petits débitants des campagnes et passait parmi ses connaissances et ses amis pour un fripon madré, un vrai Normand plein de ruses et de jovialité.
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 120. − Emploi adj. Un valet fripon. Quand on a le malheur de vivre sous un gouvernement fripon (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1835, p. 66).Si la banque se mêlait de commanditer les gens embarrassés sur la place la plus friponne et la plus glissante du monde financier, elle déposerait son bilan au bout d'un an (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 275). − [Empl. comme injure] Il nous traitait, ce délirant, de tous les noms : fripons!... ordures!... enculés!... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 220). B.− Avec un sens atténué, fam. Enfant enclin à l'espièglerie, à la malice; personne éveillée, délurée, quelquefois portée à des attitudes ou des propos lestes, grivois. Elle était irritée par ces dorures imbéciles qui l'entouraient, par ces hauts plafonds vides où ne restaient, après les nuits de fête, que les rires des jeunes sots et les sentences des vieux fripons (Zola, Curée,1872, p. 438).Tonton Amédée ne reparut de huit jours, puis revint un soir, affecta de rire très haut, et de chercher ces demoiselles. − Elles m'ont joué le tour, les friponnes! Mais je les repincerai et je me payerai sur elles (Pourrat, Gaspard,1930, p. 117): 2. Les fourreaux de percaline flottaient autour de leur démarche preste [des petites modistes]. Les muscadins riaient à leurs gorges nues dans le carré du décolletage. Les friponnes écartaient les mains audacieuses par des tapes lestes...
Adam, Enf. Aust.,1902, p. 7. − Emploi qualificatif. Ce fripon de + subst.Je suis fort tenté par une pierre gravée sur laquelle est représenté ce fripon de Mercure, le dieu des maquereaux (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1837, p. 125). − Emploi adj. [En parlant d'un attribut hum., d'une attitude, d'un geste] Sourire, nez fripon. Dîné à Sarrebourg et, là, senti tout à fait la France à l'air spirituel et fripon des femmes, au petit vin de Moselle (Michelet, Journal,1843, p. 533).Mais elle cédait de l'épaule aux bourrades du vieillard, tout en restant en place avec un mouvement de corsage si élastique, un tordion de hanche si fripon, un froufrou de jupes si coquet qu'une ballerine de profession n'eût pu mieux faire (Gautier, Fracasse,1863, p. 111).C'était un petit avorton au teint allumé, à l'œil fripon, à la démarche claudicante (Gide, Si le grain,1924, p. 388). Prononc. et Orth. : [fʀipɔ
̃], fém. [-ɔn]. Enq. : /fʀipon/ friponne. Fér. Crit. t. 2 1787 écrit le fém. fripone. Ds Ac. dep. 1694, jusqu'à 1740 sous la forme frippon. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1547 « gourmand, bon vivant » (N. du Fail, Propos Rustiques, éd. J. Assézat, I, p. 136); 2. 1558 « celui qui vole de petites choses » (Bonaventure des Périers, Nouv. récréations, nouv. 84 in Conteurs fr. du 16es., éd. Gallimard, p. 529); 3. 1636 « nom qu'on donne familièrement à un enfant » (Monet). B. Adj. 1649 (Scarron, Virgile, III, 142bds Richardson). Dér. au moyen du suff. -on1*, du m. fr. friper, « avaler goulûment, voler » v. frippe1. Fréq. abs. littér. : 301. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 961, b) 357; xxes. : a) 197, b) 153. Bbg. Lew. 1960, p. 14, 16, 151. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 341, 435. |