| FOUGÈRE, subst. fém. A.− BOT. Plante répandue dans les bois et les lieux humides, caractérisée par sa tige le plus souvent souterraine et rampante dans les pays tempérés, parfois arborescente dans les pays chauds, aux feuilles généralement très découpées et finement dentelées. Hautes fougères; fougères fossiles. La fougère : une pagode chinoise (Renard, Journal,1906, p. 1057).Aucun souffle ne balance sur leurs tiges grêles les larges éventails des fougères (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1062).V. adiante ex. 2 : 1. ... les fougères arborescentes étendaient leurs larges parasols, découpés comme de fines dentelles (...). Ce qui nous charmait le plus tout le long de notre route, c'étaient ces fougères toujours, qui étalaient leurs immenses feuilles avec un luxe de découpure et une fraîcheur de nuances incomparables.
Loti, Mariage,1882, pp. 142-143. ♦ Fougère commune ou fougère aigle/grand aigle/impériale. La Fougère Grand-Aigle a ses sores alignés sur le bord de ses feuilles dont l'indusie, en forme de lame, semble n'être qu'un repli (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 217).Fougère femelle. La Fougère femelle (Athyrium Filix femina) aux touffes de grandes feuilles fragiles (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931p. 229).Fougère mâle. L'extrait de fougère mâle est un puissant tænifuge (Lebeau, Courtois, Pharm. chim.,t. 2, 1929, p. 127). B.− [La fougère dans ses diverses utilisations] 1. [Usages alimentaires ou domestiques] Lit de fougères. L'espèce de fougère qui contient une substance gélatineuse, dont se nourrissent les habitans de la Nouvelle Zélande (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 187).Matelas de fougère sèche (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 121). 2. PARFUMERIE. Parfum dans la composition duquel entre la fougère. Il acheta un échantillon de fougère royale, (...) il s'en aspergea dans les lavabos (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 213). Rem. La cendre de fougère entrait autrefois dans la fabrication du verre et fougère désignait, p. méton., un verre à boire; le passage suivant fait référence à cette utilisation : Un verre à côtes, coloré Par les teintes de la fougère (Nerval, Chât. Bohême, 1853, p. 22). C.− [P. anal. de forme] Ce qui, par ses formes graciles, élancées, élégantes, rappelle la fougère commune. Au ciel où le vent haut dessinait des fougères de nuages (Colette, Blé en herbe,1923, p. 28).Les feux d'artifice, les fougères de diamant épanouies dans le ciel, les palmiers fusant et s'inclinant, les gerbes de rubis (Green, Journal,1946, p. 59): 2. Il semble même qu'une conscience trop claire (...) soit un obstacle à l'invention, et il faut que l'homme redevienne aussi inconscient que les cristaux de glace qui se forment sur les vitres, pour produire des formes aussi naïvement originales que les fougères du givre.
Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 181. − Spéc., MENUIS. Assemblage/parquet/placage en fougère, à brin de fougère. Assemblage, etc. où les lames de bois sont disposées deux par deux diagonalement (ds Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., Chabat t. 1 1875 et 1881, DG, Quillet 1965). Prononc. et Orth. : [fuʒ
ε:ʀ]. Enq. : /fuʒeʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1140 fulgiere (Gaimar, Est. des Engleis, éd. A. Bell, 6382). Du lat. vulg. *filicaria, proprement « fougeraie » (la fougère poussant en général par grandes étendues; cf. lat. médiév. filicaria « fougeraie » 892 ds Nierm.), dér. du lat. imp. filix-icis « fougère ». La forme en [y] est prob. d'orig. dial., peut-être de l'Ouest (v. Pope § 502). Fréq. abs. littér. : 360. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 313, b) 627; xxes. : a) 494, b) 629. |