| FORGERON, subst. masc. A.− [Correspond à forge A] Dans le domaine artisanal.Celui qui travaille à la forge et façonne (le fer) à l'aide du feu et du marteau. Un disque de fer rouge que le forgeron tire avec ses tenailles de la fournaise (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 56).On aurait dit un forgeron battant un fer chaud (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 286).Depuis longtemps le marteau du forgeron a cessé de frapper sur l'enclume (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1270): 1. Il m'entretient d'un de ses amis, d'un simple forgeron, devenu le marteleur artiste du fer et qui fabrique à l'heure présente des feux en fer forgé représentant un rosier, en la légèreté, la souplesse, l'embuissonnement de l'arbuste. Savez-vous comment il devint artiste, l'homme qui forgeait des fers de cheval? Il aimait beaucoup sa mère et quand elle vint à mourir, il eut l'idée de forger, pour mettre sur sa tombe, un petit saule pleureur.
Goncourt, Journal,1887, p. 722. [Avec compl. prép. en] Une mansarde louée à Don José, qui s'était donné pour un ouvrier forgeron en voitures (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 228).♦ P. métaph. L'Allemagne, si riche en idées, n'est pas une idée. C'est un forgeron d'idée (Michelet, Journal,1847, p. 670).Nous sommes les durs forgerons Des victoires impériales (Hugo, Légende,t. 3, 1877, p. 304). − Proverbe. C'est en forgeant qu'on devient forgeron (v. forger A). − [P. allus. à la myth. gréco-lat.] Voilà Vulcain patron des forgerons! (Flaub., Tentation,1856, p. 635).Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 49). − ETHNOL. [P. réf. aux pouvoirs magiques détenus par la caste des forgerons] Dans un grand nombre de tribus africaines, les forgerons descendent d'une autre race que le reste de la population (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 295). − [En appos. avec valeur d'adj.] Il le recommandait à tous les maîtres forgerons comme un modèle (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 375).Il n'a sur ses augustes traits aucun de ces tics qui habitent les traits des dieux forgerons ou poètes (Giraudoux, Amphitr.,1929, II, 5, p. 119). B.− [Correspond à forge B] Dans le domaine industr.Ouvrier qui travaille à la fabrication des métaux : 2. Mais les crues, les maigres trop prononcés ou le gel paralysaient plusieurs mois par an le travail des forgerons. Enfin, ces derniers étaient peu nombreux : l'effectif ouvrier d'une forge était de 50 à 60 mineurs, charbonniers, voituriers, manœuvres − qui se louaient parfois avec leurs chevaux et leurs enfants pour quelques mois.
Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 184. Prononc. et Orth. : [fɔ
ʀ
ʒ
ə
ʀ
ɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xives. (ms. de l'Ermitage) forjeron (G. de Coinci, Miracles, éd. A. Långfors, 926, p. 237). Dér. de forger*; suff. -on*. Fréq. abs. littér. : 328. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 244, b) 1 063; xxes. : a) 332, b) 416. Bbg. Quem. DDL t. 6, 13. |